
Un risque de long terme : La géopolitique
A l’image de la tectonique des plaques, les mouvements géo politiques sont lents mais leurs conséquences peuvent être très importantes, voire davantage. Les marchés se focalisent sur les tarifs douaniers (finalement les chinois mettent une taxe de 25% sur le soja. Plutôt surprenant tant les prix alimentaires en chine sont sensibles politiquement), rajoutent une couche sur la fin de cycle, poussent des cris d’orfraie sur la protection des données (tout en s’inquiétant des conséquences réglementaires pour remédier au problème), mais ne semblent guère accorder d’importance à des mouvements aux conséquences encore plus durables. Les tarifs douaniers : La Chine a annoncé aujourd’hui de nouvelle taxe a l’importation sur 106 nouveau produit américain, dont le soja, certains types de voitures, et les avions de moins de 45 tonnes. Sur le soja c’est plutôt une surprise. Non seulement les fournisseurs de substitution sont peu nombreux (à part le Brésil) mais surtout c’est un "risque" politique important pour la Chine tant la hausse des prix alimentaires dans le pays est sensible. C’est peut-être aussi de la part de la Chine une façon d’envoyer un message fort à destination des États-Unis pour leur montrer qu’ils sont prêts à tout. Concernant les avions de moins de 45 tonnes, c’est aussi plutôt malin. La Chine dispose d’un avion monocouloir, le C919 (dans la phase des essais en vol depuis mai 2017 et qui a déjà un carnet de commande de 730 appareils), qui à terme va se trouver en concurrence frontale avec la famille des Airbus A320 et autre Boeing 737 (les vaches à lait des 2 compagnies). Les A320 et Boeing 737 pèsent entre 28 et 44 tonnes selon la configuration… En imposant des tarifs de 25%, l’attractivité du C919, le monocouloir de Comac (http://english.comac.cc/), s’en trouvera renforcée. Surtout si l’Europe (EASA) et les États-Unis (FAA) refusent la certification sur leur territoire à cet appareil, il aura sur le sol chinois un avantage non seulement "patriotique" mais également commercial. Boeing, lors du salon du Bourget, a estimé à 41 000 la demande de nouveaux avions d’ici 2036, et la Chine a été identifiée comme le premier marché mondial… Pas sûr que les lobbies américains et autres industriels apprécient le jeu politique de Trump (qui va faire de plus en plus de "Trump" à l’approche des élections de mi-mandat). À ce jour, les produits concernés par les tarifs chinois et américains représentent USD 100 milliards sur les USD 580 milliards d’échange commerciaux entre les 2 pays. Les mouvements géopolitiques : Alors que le mini-sommet Europe Turquie (par ordre alphabétique) de Varna du 26 mars n’a strictement rien donné (à part de la frustration d’un côté et du ressentiment de l’autre), la Turquie, qui utilise sa position sur les migrants syrien pour monnayer au sens propre et figuré son adhésion à l’Europe (pour les opposant de Recep Tayyip Erdogan, la question européenne n’est qu’un sujet de politique interne pour amadouer l’opposition et la jeunesse et pas du tout une motivation réelle) est l’hôte, à partir d’aujourd’hui d’un sommet sur la Syrie. Sont présents la Russie et l’Iran. L’Europe et les États-Unis sont absents et aucune représentation syrienne ne sera représentée. En marge de ce sommet, le président turc et le président russe donnaient le premier coup de pelle pour la construction de la centrale nucléaire d’Akkuyu dans le sud du pays. Cette centrale sera construite par le russe Rosatom (http://www.rosatom.ru/en/presscentre/news/presidents-of-russia-and-turkey-vladimir-putin-and-recep-tayyip-erdo-ankicked-off-large-scale-const/) Le somment est intéressant à plus d’un titre. Non seulement il réunit 3 pays avec des visions différentes sur la Syrie (Iran et Russie plutôt alliés du régime de Bachar alors que la Turquie est plutôt alignée sur les positions occidentales, contre le régime syrien), mais surtout il intervient dans une période ou l’Arabie Saoudite multiplie les gestes "amicaux" avec son (autre) ennemi de toujours, Israël dans sa lutte d’influence avec l’Iran sur la région. Tranquillement mais sûrement, il se dresse une sorte d’axe contre l’Iran regroupant Arabie Saoudite, États-Unis et Israël (dans l’ordre alphabétique). Et l’arrivée du conseiller à la sécurité nationale Monsieur Bolton (qui n’a jamais caché sa faveur pour des guerres d’agression à l’encontre de l’Iran et de la Corée du Nord) n’est pas pour rassurer. Trouver une solution au problème syrien est très certainement l’une des motivations des 3 protagonistes (Iran, Russie, Turquie), mais se placer pour la reconstruction du pays et nouer des alliances sont très certainement des options envisagées. Particulièrement pour l’Iran qui se trouve esseulée. Si l’Europe est molle dans son soutien à l’Iran, assurément la Russie y trouve un intérêt stratégique. Par principe tout d’abord, en s’inscrivant contre les États-Unis, mais aussi pour élargir sa zone d’influence dans une région à l’équilibre précaire. Il semble peu probable que la situation dégénère à court terme, mais les rapprochements auxquels nous assistons doivent nous insiter à une prudence raisonnable. La complaisance américaine à l’endroit des intentions belliqueuses plus ou moins affichés (historiques ou épisodiques) par l’Arabie Saoudite et Israël à l’encontre de l’Iran, légitimisent/banalisent des comportements à risque. Le marché s’accommoderait mal d’un nouveau thème anxiogène. Il a déjà dû gérer depuis le 5 février les risques inflationnistes, puis les tarifs douaniers et le désengagement sur la technologie, à chaque fois avec des baisses prononcées des indices et des hausses de volatilité. Le marché est rendu nerveux, alternant déprimes et rallyes de soulagement. L’absence de vendeur de volatilité contribue aussi un niveau soutenu et toutes les stratégies basées sur les budgets de risques sont "obligées" de s’ajuster, concourant aussi au maintien de niveau élevé.
Olivier Armangau
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Ce rapport est publié par La Financière Constance Inc. (LFC) le 4 avril 2018 et s'adresse principalement aux investisseurs institutionnels. Il est fourni à titre de source générale d'information et ne doit pas être considéré comme un conseil en placement, une prévision ou une recherche, et ne constitue pas une recommandation, une offre ou une sollicitation d'achat ou de vente de titres dans un territoire quelconque ou d'adoption d'une stratégie de placement. L'information contenue dans ce rapport provient de sources jugées fiables ; cependant, l'exactitude et/ou l'exhaustivité de l'information n'est pas garantie par LFC, et LFC n'assume aucune responsabilité ou obligation de quelque nature que ce soit. Toutes les opinions exprimées sont sujettes à changement sans préavis. Les stratégies et véhicules d'investissement de LFC peuvent actuellement détenir des positions longues et/ou courtes sur les titres et dérivés mentionnés dans ce rapport. Le rendement passé n'est pas indicatif du rendement futur. Le présent rapport peut contenir des "informations prospectives" qui ne sont pas de nature purement historique. Les énoncés prospectifs ne garantissent pas le rendement futur et comportent des risques et des incertitudes inhérents aux facteurs économiques généraux. Rien ne garantit que les énoncés prospectifs se réaliseront. Nous vous mettons en garde de ne pas vous fier indûment à ces énoncés, car un certain nombre de facteurs importants pourraient faire en sorte que les événements ou les résultats réels diffèrent sensiblement de ceux qui sont exprimés ou sous-entendus dans tout énoncé prospectif formulé. Ce rapport ne peut être reproduit, distribué ou publié sans le consentement écrit de LFC.