
Tout ça pour ça ?
La volatilité et le marché envoie cette semaine encore des signaux surprenants, mais pas forcément contradictoires. S’il est vrai qu’une hausse des marchés s’accompagne plutôt quasi systématiquement d’une baisse de la volatilité, les niveaux actuels confirment bien les inquiétudes du marché. Ainsi jusqu’à hier, donc avant les résultats des élections de mi-mandat, les futures de volatilité en Europe étaient inversés pour la 22ème journée consécutive (dépassant l’inversion constatée lors du mois de février). Avec 60 jours d’inversion en 2019, on se situe dans la moyenne depuis que les données existent (2009). Quant à la pente, elle se situe également dans la moyenne. A noter qu’en février la pente moyenne était beaucoup plus stressée que maintenant. Ce qui peut aussi s’expliquer par le fait que la situation était alors ‘nouvelle’ faisant suite à une période assez exceptionnelle de faible volatilité. Après les résultats des élections (conformes au consensus et traduisant un clivage inédit aux États-Unis) les volatilités implicites s’effondrent. L’inversion des futures est certes toujours présente mais elle ne correspond plus forcément à une inquiétude de marché mais reflète davantage la particularité du mois de décembre (‘artificiellement plus bas’). Quoiqu’il en soit, et alors qu’une fois encore rien n’a changé, le rebond technique de plus de 6% du S&P500 sur les 7 dernières séances est plutôt singulier. La séance du jour est euphorique, le marché pariant déjà sur la réforme fiscale numéro 2 de Trump. Cependant, il faudra tout de même compter sur une chambre des représentants démocrates et sur les velléités de cette dernière en matière d’entrave. C’est en effet la chambre des représentants qui vote les projets de loi de la Maison Blanche. Néanmoins, Nancy Pelozi, la cheffe des démocrates à la chambre des représentants (et certainement la prochaine présidente de la chambre), annonçait, radieuse, dans un discours rassembleur, que les ‘contre-pouvoirs constitutionnels’ seraient de nouveau en place. Si pour certains observateurs le changement de congrès pourrait apporter davantage de volatilité sur le marché, dans l’immédiat c’est tout l’inverse qui se produit. A la clôture américaine le Vix est en baisse de 17%. C’est un élément très influent pour le sentiment de marché. De même les futures Vix ont censé leur inversion ce soir. Le rallye de Noel est il définitivement lancé? Tous les observateurs sont désormais focalisés sur le G20 en Argentine et la rencontre entre le président américain et son homologue chinois. Il anticipe une issue très favorable sur les tarifs douaniers. Ce nouveau sentiment très positif se manifeste également dans les attentes ‘colombe’ concernant la réunion de décembre de la FED. Une FED accommodante combinée à une situation économique radieuse aux États-Unis, pourraient reléguer au second plan les inquiétudes qui ont prévalu il y a quelques jours concernant la dynamique de la croissance et des prévisions bénéficiaires des entreprises. Si en zone euro, les nouvelles économiques et les résultats des sociétés n’incitent guère à l’optimise (nouveau retournement de l’indice des surprises économiques) cela n’aura (heureusement) aucune incidence sur la capacité du marché européen de poursuivre son rallye comme son homologue américain, sauf accident (Italie).
Olivier Armangau
Les thèmes de la semaine
Marchés européens
Les marchés continuent sur une légère croissance après la reprise à la fin du mois d’octobre. De plus, les résultats des élections de mi-mandat américaines font également croitre les marchés européens, +1.21% pour l’Eurostoxx 50.
Italie
Les ministres des finances des pays membres de l'Union Européenne se sont rencontrés hier pour la première fois depuis la décision de la commission européenne de rejeter le budget italien. Plusieurs ministres ont préconisé à l'Italie de modifier leur budget dans la crainte de voir éclater une nouvelle crise de la dette, soutenant ainsi la décision de la commission. Le président de l'Eurogroupe, Mario Centeno, a déclaré que l'Italie se doit soumettre un budget qui se conforme aux exigences fiscales de la commission.
Suite à cette rencontre et ces déclarations, le ministre des finances italiennes est resté ferme et a réaffirmé que l'Italie ne changera pas son budget car il assure qu'il sera porteur de croissance mais qu'il expliquera ses plans à la commission.
Par ailleurs, des sources de l'UE indiquent que le président de la BCE, Mario Draghi, aurait dit au ministre des finances italiennes lors d'une rencontre privée que la dette élevée de l'Italie requiert un niveau de discipline fiscale qui va « au-delà des réglementations de l'UE ».
L'Italie reste donc sur sa décision alors que la date buttoir pour présenter une nouvelle soumission se rapproche. Les tensions risquent de continuer d'augmenter.
Brexit
Aucun accord n’a été trouvé pour le moment mais il semblerait que les deux partis commencent à trouver des terrains d’ententes sur certaines questions sans pour autant aboutir à des ententes finales.
D’une part, la question de l’Irlande du Nord reste toujours le principal point de désaccord. D’après un article par le « Sunday Times », Theresa May aurait obtenu des concessions de Bruxelles permettant de maintenir l’ensemble du Royaume-Unis sous une union douanière jusqu’à la mise en place d’un nouvel accord avec l’UE. Ceci a par la suite été qualifié de simple spéculation par la première ministre. Il s’avère qu’en réalité la mise en place d’une union douanière bute sur les détails du « backstop », ce filet de sécurité, ou clause de sauvegarde, qui éviterait le retour d’une frontière physique entre la province britannique de l'Irlande du Nord.
D’autre part, le Royaume semble relativement confiant qu’ils sont sur le point d’atteindre un accord avec l’UE accordant à Londres un large accès aux marchés européens tel que le mentionne le ministre des services financiers britanniques, John Glen.
L’imminence d’un accord n’est donc pas à l’ordre du jour et chaque semaine qui passe dans cette situation de désaccords réduit la possibilité d’un sommet européen exceptionnel pour résoudre cela. Il semble cependant que la situation se débloque tranquillement et la possibilité d’un accord pour ou avant le sommet européen de décembre est grandement possible. Ce sommet cependant peut-être la dernière opportunité d’échapper un no-deal Brexit.
Embargo américain
Les sanctions américaines infligées à l'Iran suite au retrait de l'accord nucléaire sont tombées ce week-end. Peu de mouvement sur les marchés face à cette situation totalement attendue. Notamment, les grands groupes européens se sont d'ores et déjà retiré du pays, mais un grand nombre de petites et moyennes entreprises, qui ne sont pas touchées par les sanctions, continuent de commercer avec le pays.
Pour contrer les sanctions américaines, les Européens souhaitent mettre en place un « SPV », une entité qui permettrait de gérer les échanges commerciaux avec Téhéran. Ce système consiste à faire payer une société qui importe depuis l'Iran à une société qui exporte vers l'Iran, évitant ainsi les transactions monétaires au sein du pays. Toutefois, l'Europe éprouve toutefois des difficultés à mettre en place ce « Véhicule Spécial » pour continuer à commercer avec l'Iran et n'est pas sur du succès de la mise en place de mécanisme.
Malgré la volonté de l'Europe de continuer à commercer avec Téhéran et de sauver l'accord sur le nucléaire de 2015, les difficultés de cette riposte européenne relèvent de la relative impuissance des pays membres face aux décisions de Washington.
Aymeric Graindorge
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Ce rapport est publié par La Financière Constance Inc. (LFC) le 7 novembre 2018 et s'adresse principalement aux investisseurs institutionnels. Il est fourni à titre de source générale d'information et ne doit pas être considéré comme un conseil en placement, une prévision ou une recherche, et ne constitue pas une recommandation, une offre ou une sollicitation d'achat ou de vente de titres dans un territoire quelconque ou d'adoption d'une stratégie de placement. L'information contenue dans ce rapport provient de sources jugées fiables ; cependant, l'exactitude et/ou l'exhaustivité de l'information n'est pas garantie par LFC, et LFC n'assume aucune responsabilité ou obligation de quelque nature que ce soit. Toutes les opinions exprimées sont sujettes à changement sans préavis. Les stratégies et véhicules d'investissement de LFC peuvent actuellement détenir des positions longues et/ou courtes sur les titres et dérivés mentionnés dans ce rapport. Le rendement passé n'est pas indicatif du rendement futur. Le présent rapport peut contenir des "informations prospectives" qui ne sont pas de nature purement historique. Les énoncés prospectifs ne garantissent pas le rendement futur et comportent des risques et des incertitudes inhérents aux facteurs économiques généraux. Rien ne garantit que les énoncés prospectifs se réaliseront. Nous vous mettons en garde de ne pas vous fier indûment à ces énoncés, car un certain nombre de facteurs importants pourraient faire en sorte que les événements ou les résultats réels diffèrent sensiblement de ceux qui sont exprimés ou sous-entendus dans tout énoncé prospectif formulé. Ce rapport ne peut être reproduit, distribué ou publié sans le consentement écrit de LFC.