
Similitudes
Les similitudes entre les élections présidentielle françaises et le brexit sont nombreuses. Vu de l’extérieur, et à cause d’une méconnaissance criante du régime parlementaire français, les opérateurs étrangers s’inquiétaient alors de l’issu du vote avec la montée des extrêmes. Les volatilités étaient elles aussi extrêmes. Sans prendre le moindre recul (n’est-ce pas la nature du marché?) et négligeant ainsi totalement le role parlementaire le marché transformait alors des probabilités basées sur une connaissance lacunaire, en certitude. Les conséquences furent lourdes pour le marché jusqu’au rallye de soulagement au lendemain du 1er tour (ce jour-là le Vstoxx enregistrait sa plus forte baisse journalière historique : -35.62%) Avec le Brexit c’est un peu pareil. ‘Nous’ n’y comprenons rien ou presque et pourtant ‘nous’ nous précipitons dans un sens puis dans l’autre (parfois lors d’une même séance). Tout à coup ‘nous’ comprenons les subtilités et passions des relations avec l’Irlande, avec l’Ecosse. ‘Nous’ arrivons à faire des projections économiques au-delà de 2020 (date de l’entrée en vigueur en cas d’accord sur le Brexit et date jusqu’à laquelle il n’y aura aucun changement. Date qui pourrait être prolongée à fin 2022 !). Bref les mêmes ‘certitudes’ produisent les mêmes effets, négatifs, sur le marché. Dans le contexte actuel, plutôt déprimé, et auto alimentée désormais par les publications des grands courtiers négatives à l’endroit des FAANGs et pessimistes sur la croissance américaine, il est illusoire d’espérer le moindre discernement. Les mouvements de marché sont donc réduits aux effets de manches des membres de l’opposition travailliste, à la fronde au sein des conservateurs de Theresa May, et autres commentaires des ‘élites’ politiques européennes. Et ça va durer au moins jusqu’au vote du parlement britannique. Celui-ci devra alors se prononcer, vers le 10 décembre, sur l’accord de retrait (qui devrait être signé dimanche à l’occasion d’un conseil européen exceptionnel). Alors que les risques inflationnistes matérialisés par les fortes hausses des taux 10 ans et 30 ans américains étaient perçus comme un des déclencheur de la correction boursière, il apparait désormais, que les anticipations d’inflation sont en forte baisse. A un point tel que bon nombre de stratèges / économistes anticipent désormais un discours beaucoup plus complaisant de la part de la FED pour sa dernière réunion de l’année (19 et 20 décembre). Donnant du crédit à cette perception, le vice-président de la Fed évoquait la semaine passée la proximité du taux neutre ! Depuis les plus haut de marché du 3 octobre, mauvais indicateurs avancés américains et effondrement des prix du pétrole (- 30% en 6 semaines) sont des nouveaux éléments de soutien pour une FED plus accommodante. La directrice du FMI, Christine Lagarde, lors d’un interview donné au journal français les Échos en début de mois, s’est dit ‘profondément préoccupée par l’évolution politique du monde qui peut entrainer de lourdes conséquences économiques’. Si elle indique de façon peut être surprenante, que ‘sur bien des points, Donald Trump a raison’ force est de constater que c’est l’avènement de celui-ci à la présidence américaine qui a modifié à ce point le paysage politique mondial. Pour le moment, les conséquences économiques du populisme/extrémisme ne sont visible économiquement qu’en Italie et dans une moindre mesure (parce que la croissance y est encore robuste) en Turquie. Mais dans un contexte ou le ralentissement économique semble devenir la norme, ou le libre échange à du plomb dans l’aile, et ou les velléités géopolitiques chinoises vont à l’encontre de celles des américains (dans la région Asie tout au moins), le message de madame Lagarde doit prendre tout son sens. Autre tendance de long terme qui se dessine et qui découlent de la relation américanosaoudienne : la stabilité de la région moyenne orientale (ou plutôt l’instabilité vers laquelle elle tend). La façon avec laquelle le président américain élude la responsabilité de l’Arabie Saoudite dans la funeste affaire khashoggi, peut rappeler à certains égards les relations ambigües, aux motivations économiques, des régimes occidentaux avec Saddam Hussein à l’époque de la guerre Iran / Irak (et bien après d’ailleurs) ou plus récemment a l’égard de l’ancien dictateur Kadhafi. Mais elle envoie surtout un message clair : Un blancseing de la Maison Blanche pour MBS. Le rapprochement pourtant improbable entre Arabie-Saoudite et Israël (même objectif de réduction d’influence de l’Iran) observé depuis quelques mois n’en sera que plus efficace, et les motivations de MBS, quelles qu’elles soient, renforcées.
Olivier Armangau
Les thèmes de la semaine
Marchés européens
Les thèmes présents depuis plusieurs semaines continuent de faire toujours plus pression sur les marchés européens. La saga Brexit continue, l’Italie et l’UE sont en plein bras de fer et la chute des valeurs technologiques américaines font pression à la baisse. L’Eurostoxx 50 à perdu 2.79 % sur la semaine.
Brexit
Alors que Theresa May essaye de convaincre son parti conservateur et ses alliés de voter pour le texte lorsqu’il sera voté en décembre prochain, c’est maintenant du côté des 27 qu’il va falloir négocier ou convaincre. En effet, l’Espagne menace de s’opposer à l’accord si elle n’obtient pas la possibilité de négocier directement avec le Royaume-Uni au sujet de Gibraltar.
Malgré ces embûches, Theresa May continue de persévérer. La première ministre se rend aujourd’hui à Bruxelles pour régler les derniers détails de l’accord de retrait. Et si tout se passe bien d’ici la fin de semaine, le projet d’accord devrait être signé lors du sommet extraordinaire européen de ce dimanche 25 novembre.
Italie
En ce début de semaine, l'Italie se disait prête à discuter avec la commission, mais ne considère pas faire de concession sur le déficit. Les discussions pourront viser à réduire de manière significative des dépenses « inutiles » mais il n'est pas question de réduire les dépenses qui ont pour objectif de créer de la croissance, selon Luigi Di Maio.
Aujourd'hui la commission européenne a donné son avis sur le budget et a déclaré que « le budget de l'Italie représente un risque sérieux de non-conformité ». La commission ouvre donc une procédure disciplinaire. Face à cela le gouvernement italien reste sur sa position et réitère sa conviction sur la validité du budget et de ces objectifs.
Maintenant, la procédure disciplinaire prévoit de demander à l'Italie un plan d'action détaillé pour améliorer sa situation financière. Par la suite, la commission jugera de ce plan et dans le cas où l’Italie ne respecte pas les exigences européennes elle devra mettre en place des sanctions disciplinaires - ce qui constituerait une première en Europe. Dans ce type de scénario, il faudra également surveiller la réaction du gouvernement populiste italien qui comporte des membres eurosceptiques, même s'ils répètent que l'« Italexit » n'est pas à l'ordre du jour.
Les taux continuent ont continué d'augmenter cette semaine dans ce climat risqué lié à l'incertitude de l'évolution du duel entre l'Italie et l'UE. Et les déclarations de la commission n'ont pas calmé le jeu. Le 10-ans italien se situe à 3.62 % et l'écart de taux avec le Bund allemand atteint près des 325 points de base. Cet écart de taux reste encore assez loin de la limite fixée par le gouvernement italien de 400 bps, mais il représente tout de même un plus haut depuis avril 2013.
Guerre commerciale
Le conflit sino-américain semble se calmer face à l’approche de la rencontre des deux dirigeants lors du G20. En effet, Donald Trump déclarait vendredi dernier qu’il n’aura peut-être pas à imposer de nouveaux droits de douanes sur les importations chinoises après que Beijing ait envoyé à Washington une liste de mesures que la Chine est prête à prendre pour réduire les tensions commerciales. Les détails de cette liste n’ont pas été dévoilés, mais le président américain semblait satisfait en général même s’il a également ajouté qu'il était inacceptable que certains éléments importants soient omis de la liste.
Le secteur technologique en marché baissier
Les FAANG (Facebook, Apple, Amazon, Netflix, Alphabet) ont connu une très mauvaise semaine avant de rebondir quelque peu aujourd’hui. Cette baisse généralisée des grandes compagnies technologiques américaine a commencé début octobre et résulte principalement d’un enchainement de nouvelles négatives sur certaines valeurs qui ont entrainés les autres valeurs technologiques avec elles.
Depuis le 1er Octobre, le Nasdaq a perdu plus de 13%. Sachant que 6 du top 10 des entreprises du S&P 500 sont des valeurs technologiques, cette tendance généralisée, en plus du contexte macro-économique, fait pression à la baisse sur les marchés américains et mondiaux.
Aymeric Graindorge
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Ce rapport est publié par La Financière Constance Inc. (LFC) le 21 novembre 2018 et s'adresse principalement aux investisseurs institutionnels. Il est fourni à titre de source générale d'information et ne doit pas être considéré comme un conseil en placement, une prévision ou une recherche, et ne constitue pas une recommandation, une offre ou une sollicitation d'achat ou de vente de titres dans un territoire quelconque ou d'adoption d'une stratégie de placement. L'information contenue dans ce rapport provient de sources jugées fiables ; cependant, l'exactitude et/ou l'exhaustivité de l'information n'est pas garantie par LFC, et LFC n'assume aucune responsabilité ou obligation de quelque nature que ce soit. Toutes les opinions exprimées sont sujettes à changement sans préavis. Les stratégies et véhicules d'investissement de LFC peuvent actuellement détenir des positions longues et/ou courtes sur les titres et dérivés mentionnés dans ce rapport. Le rendement passé n'est pas indicatif du rendement futur. Le présent rapport peut contenir des "informations prospectives" qui ne sont pas de nature purement historique. Les énoncés prospectifs ne garantissent pas le rendement futur et comportent des risques et des incertitudes inhérents aux facteurs économiques généraux. Rien ne garantit que les énoncés prospectifs se réaliseront. Nous vous mettons en garde de ne pas vous fier indûment à ces énoncés, car un certain nombre de facteurs importants pourraient faire en sorte que les événements ou les résultats réels diffèrent sensiblement de ceux qui sont exprimés ou sous-entendus dans tout énoncé prospectif formulé. Ce rapport ne peut être reproduit, distribué ou publié sans le consentement écrit de LFC.