
Rien de nouveau sous le soleil
Alors que les médias se délectent de la très forte augmentation des cas de Covid (et du seuil du million de décès), les marchés ne s’en préoccupent guère.
Et cette fois ce n’est pas parce qu’ils sont portés par le plan de relance américain (qui étrangement peine à se concrétiser en raison d’une partisanerie inédite, et dévastatrice), ni parce que tel ou tel laboratoire a encore fait une annonce prometteuse sur le futur vaccin.
Non !
Plus froidement, les intervenant sont désormais convaincus que la raison économique l’emportera sur les impératifs de santé public. Cette conviction politiquement incorrecte est désormais totalement assumée. D’autant plus facilement que la seconde vague à laquelle on assiste est, pour le moment beaucoup moins dramatique.
L’angoisse des mois d’avril à mai à même laissé la place à la théorie du complot ! Un nombre considérable d’individu sont désormais convaincu que le virus n’existe pas !
Non seulement les sociétés se sont habituées, mais surtout les contaminations actuelles se concentrent sur une population beaucoup plus jeune et largement moins vulnérable.
Sans tomber dans la provocation gratuite, c’est donc ‘logiquement’ que le sentiment des investisseurs reste élevé voire s’améliore, à l’image de l’Allemagne avec le ZEW qui s’affiche très largement au-dessus du consensus pour septembre (77.4 contre 69.5) et en forte croissance par rapport au moins précédent. La volatilité de cette indicatrice est assez surprenante
Cette atténuation du risque Covid sur le marché se traduit également par des prises de profit (mesurées) sur certains titres technologiques emblématiques de la pandémie.
Les stratèges de marché justifiant les baisses par un environnement économique désormais moins propices aux actions ‘stay at home’ à mesure que l’activité économique se redresse et qu’un semblant de normalité émerge.
La rotation vers les valeurs plus cycliques se ‘confirme’ donc pour la seconde semaine.
Redressement de l’activité que par contre les opérateurs pétroliers n’anticipent absolument pas.
Le rapport mensuel de l’AIE à revu encore à la baisse (de 200 000 barils par jours par rapport au mois dernier) ses projections de demande à 91.7 millions de barils par jour.
Rappelons qu’en avril l’AIE estimait la consommation mondiale de brut à 90.6 millions de barils par jour pour 2020.
Le plus intéressant dans le rapport c’est que les éléments néfastes avancés par l’agence pour expliquer un ralentissement de la demande sont en train de disparaitre du ‘mur des inquiétudes’ des marchés actions (seconde vague de contamination, confinement, télétravail).
Seule la situation désespérée du transport aérien est consensuelle.
Quant aux 10 ans et 30 ans américains les frémissements haussiers relèvent plutôt de l’anecdote que d’une nouvelle impulsion.
Et ce ne sont pas les propos de Jerome Powell lors de la conférence de presse après la réunion de rentrée de la FED de cette après-midi, qui vont changer la perception.
Donc comme d’habitude, le patron de la FED a été suffisamment optimiste pour rassurer sur la portée des actions précédentes et ses retombées positives sur l’économie, mais prudent, sur l’avenir économique. Il a même semblé désemparé, lors de certaines de ses réponses, quant à la lecture de l’avenir économique.
Il a appelé encore une fois à un soutien fiscal plus important, car même si l’économie a fortement rebondi depuis les bas dramatiques de mars/avril (davantage que ne l’avait prévu la FED), la « voie à suivre reste très incertaine ». Il s’est voulu rassurant évidement sur le niveau des taux qu’il juge « approprié tant que le taux d’inflation ne touchera pas les 2% ».
Pour enfoncer le clou sur l’inflation tout en rassurant sur la vigueur économique il a relevé des signes d’améliorations au niveau des investissements des entreprises, permettant d’anticiper une poursuite de l’amélioration de l’emploi, MAIS il a précisé que le niveau d’emploi devrait rester sous son niveau d’équilibre ce qui apportera donc une contribution baissière sur les prix, et donc permettra de maintenir l’inflation sous les 2%...
Il nous a aussi gratifié de l’habituelle capacité de réaction de la FED qui est « prête à adopter une position appropriée si des risques apparaissent ». Rien de nouveau sous le soleil.
Boudeurs, les marchés américains terminent aux plus bas de la séance. En léger retrait pour le S&P 500 (mais en baisse de 1.25% entre le début de la conférence de presse et la fin de séance), en baisse de 1.25% pour le Nasdaq et hausse modeste de 0.14% pour le Dow Jones.
Pas (encore ?) de quoi ébranler le marché.
- Olivier Armangau
Les thèmes de la semaine
Marchés européens
Les marchés européens sont ressortis en légère hausse, mais surtout avec une forte baisse de la volatilité, en raison notamment d’une BCE confiante et de nouveaux espoirs sur un vaccin contre la Covid-19 d’ici la fin de l’année.
L’Eurostoxx 50 prend 0.42% sur la période tandis que le Vstoxx baisse de 15.05%.

Une BCE confiante
D’une part, l'euro est en hausse de 10% par rapport au dollar américain depuis mars, une évolution qui pourrait peser sur l'inflation en faisant baisser le prix des importations et freiner la reprise économique de la zone euro après la pandémie de coronavirus, en augmentant le coût de ses exportations vers d'autres parties du monde. D’autre part, les données publiées la semaine dernière ont montré que la zone euro avait glissé vers la déflation pour la première fois en quatre ans.
Toutefois, lors de la conférence de presse de la BCE jeudi dernier, Christine Lagarde a déclaré que le taux de change n'était « pas un objectif politique » et a surpris les analystes en annonçant que la BCE avait revu à la hausse ses prévisions d'inflation pour l'année prochaine ainsi que ses prévisions de croissance pour cette année.
Au niveau de la croissance, la BCE s’attend désormais à une contraction de 8.0% du PIB de la zone euro cette année, contre -8.7% prévu en juin, avant un rebond de 5.0% l'année prochaine et une croissance de 3.2% en 2022.
Au niveau de l’inflation, l’objectif de 2% est toujours très loin mais les prévisions s’améliorent, la BCE s’attend désormais à une inflation dans la zone euro de 0.3% cette année avant de remonter à 1.0% en 2021, contre 0.8% estimé en juin.

Enfin, le conseil des gouverneurs de la banque centrale de la zone euro a maintenu les taux avec son principal taux d'intérêt à zéro et le taux de dépôt à -0.5% et a déclaré que ses achats d'obligations de plusieurs milliards d'euros se poursuivraient « aussi longtemps que nécessaire pour renforcer l'impact accommodant de ses taux directeurs ».
Ainsi, face aux améliorations des perspectives économiques et à un niveau de l’euro « à suivre » mais pas encore inquiétant selon Christine Lagarde, la BCE a partagé un retour de la confiance, ce que les investisseurs ont apprécié.
Course aux vaccins
De nouveaux espoirs ont surgi sur la découverte d’un vaccin par AstraZeneca. Après avoir suspendu les essais cliniques de phase III de son vaccin contre la Covid-19 à la suite de complications chez certains participants qui sont tombés malades, l’entreprise pharmaceutique a annoncé que les essais reprennent cette semaine au Royaume-Uni. Le PDG d’AstraZeneca a également déclaré qu’il pense pouvoir encore faire approuver un vaccin d'ici la fin de l'année
D'autres précurseurs comme Moderna et Pfizer en sont également au stade final des essais, Pfizer prévoyant d'entrer dans la phase d'examen réglementaire le mois prochain et de distribuer son vaccin d'ici la fin de l'année. Idem pour Moderna.
Toutefois, en Chine un vaccin pourrait voir le jour encore plus tôt. Wu Guizhen, expert en chef de la biosécurité au Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies, a déclaré ce mardi que les vaccins contre les coronavirus seront prêts à être utilisés par le public dès novembre ou décembre en Chine.

Ainsi, alors qu’il reste moins de quatre mois d’ici la fin de l’année, les espoirs de trouver un vaccin avant 2021 sont toujours plus grands. Cependant, l’approbation d’un vaccin est une chose et la production en est un autre. Le Serum Institute qui est le plus grand producteur de vaccins au monde et a été sollicité par plusieurs entreprises, dont AstraZeneca, pour participer à la production mondiale d'un vaccin Covid-19. L’entreprise a ainsi récemment déclaré que de nombreuses sociétés de vaccins n'ont pas augmenté leur production assez rapidement pour répondre à la demande mondiale, et il est probable que le monde ne sera pas entièrement approvisionné avant 2024.
Statistiques économiques
Tout d’abord, c’est la hausse qui est à l’honneur avec à la publication de l’accélération de la croissance de la production industrielle en Chine en août, celle-ci est ressortie à 5.6% (YoY) contre 5.1% attendu et 4.8% en juillet.
En Allemagne, comme vu précédemment, la publication de l’indice ZEW du sentiment des investisseurs est également supérieure aux attentes, qui est ressortie à 77.4 en septembre contre 71.5 en août alors que le consensus l’estimait en baisse à 69.5.
Enfin, du côté américain, les statistiques économiques sont ressorties plutôt mitigées. D’un côté l'activité manufacturière dans la région de New York avait fait un bond à 17 points en septembre contre 5.9 points attendus par le consensus, signant sa troisième hausse d'affilée. D’un autre côté ce sont les ventes aux détails ainsi que les ventes de produits de base qui sont ressortis en baisse, à 0.6% et 0.9% respectivement, et en dessous des attentes, qui se situaient à 0.9% et 1.3%.
- Aymeric Graindorge
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Ce rapport est publié par La Financière Constance Inc. (LFC) le 16 septembre 2020 et s'adresse principalement aux investisseurs institutionnels. Il est fourni à titre de source générale d'information et ne doit pas être considéré comme un conseil en placement, une prévision ou une recherche, et ne constitue pas une recommandation, une offre ou une sollicitation d'achat ou de vente de titres dans un territoire quelconque ou d'adoption d'une stratégie de placement. L'information contenue dans ce rapport provient de sources jugées fiables ; cependant, l'exactitude et/ou l'exhaustivité de l'information n'est pas garantie par LFC, et LFC n'assume aucune responsabilité ou obligation de quelque nature que ce soit. Toutes les opinions exprimées sont sujettes à changement sans préavis. Les stratégies et véhicules d'investissement de LFC peuvent actuellement détenir des positions longues et/ou courtes sur les titres et dérivés mentionnés dans ce rapport. Le rendement passé n'est pas indicatif du rendement futur. Le présent rapport peut contenir des "informations prospectives" qui ne sont pas de nature purement historique. Les énoncés prospectifs ne garantissent pas le rendement futur et comportent des risques et des incertitudes inhérents aux facteurs économiques généraux. Rien ne garantit que les énoncés prospectifs se réaliseront. Nous vous mettons en garde de ne pas vous fier indûment à ces énoncés, car un certain nombre de facteurs importants pourraient faire en sorte que les événements ou les résultats réels diffèrent sensiblement de ceux qui sont exprimés ou sous-entendus dans tout énoncé prospectif formulé. Ce rapport ne peut être reproduit, distribué ou publié sans le consentement écrit de LFC.