
« On n’a pas de pétrole mais on a des idées »
Aux attaques personnelles de Trump, Biden (dont beaucoup redouté des gaffes et/ou des ‘absences’) a tenté de donner un peu de hauteur, sans y répondre mais en essayant de recentrer de débat sur les préoccupations des américains.
Tentatives vaines.
À la lecture des commentaires ce matin, la seule chose qui ressort est une querelle de chats de gouttières, au mieux.
Ce qui semble également faire consensus c’est que si les 2 prochains débats sont aussi misérables, la mission de ces débats, qui consiste à faire pencher la balance des indécis et des indépendants en faveur de l’un ou l’autre, aura échoué.
Loin d’apaiser les rivalités entre les 2 camps, les déclarations totalement irresponsables du président Trump n’ont fait qu’accroitre le malaise sociétal américain. Appelé par le modérateur à condamner les mouvements d’extrême droite, Trump a alors lancé un message à l’un de ces groupes, les Proud Boys, « mettez-vous en retrait et tenez-vous prêts ».
Cette légitimation de leurs actions laisse présager une exacerbation des tensions.
Les effluves de caniveaux, augurent mal de la poursuite de la campagne. Ce n’est d’ailleurs pas un grand changement par rapport à 2016.
La classe politique américaine ne semble d’ailleurs pas s’émouvoir de l’ambiance délétère. Et il peut paraitre surprenant que pour un pays qui se revendique comme la plus grande démocratie du monde, un des thèmes (validé par les deux candidats) du débat d’hier soir portait sur l’intégrité de l’élection !
La pandémie de Covid ne favorise pas non plus le débat d’idée entre les courants, dans la mesure ou les préoccupations principales des acteurs économiques sont liées, logiquement aux conséquences de la situation sanitaire sur leur environnement.
De même les médias continuent de couvrir, encore, principalement le thème de la pandémie, contribuant à l’appauvrissement des idées.
Et quand on y ajoute que l’essentiel de la population s’informe via le fils d’actualité de Facebook, il y a de quoi être dubitatif.
Le marché, dans sa traditionnelle perspicacité et finesse d’analyse politique (tantôt expert en technologie, tantôt expert en crise sanitaire, etc…) a tout d’abord manifesté son insatisfaction pour cette première cacophonie (les futures étaient en forte baisse) puis au fur et à mesure que l’on se rapprochait de l’ouverture, ce sentiment a laissé place, une nouvelle fois à l’espoir d’un accord au Congrès sur le plan de soutien à l’activité économique (la télénovelas du moment).
En passant, les caprices d’enfants gâtés de la semaine écoulée se sont dissipés : l’absence de nouvelles annonces de Jerome Powel, la nomination de la très conservatrice Amy Coney Barrett à la Cour suprême.
En ces temps de pandémie, c’est l’adaptation (quand elle est possible évidement) qui permet de s’en sortir un peu mieux.
À La BCE, qui recommence à laver son linge sale en public (entre les colombes et les faucons de nouveau divisés sur l’ampleur du soutien à apporter) on étudie le lancement d’un site de vente de dettes de mauvaises qualités.
Sur le modèle de ce qui existe déjà en Italie, où la tradition des créances douteuses est bien réelle diront les mauvaises langues, l’idée serait de proposer des prêts non performants (politiquement correct quand tu nous tiens) à la vente à une ‘clientèle’ plus large que les acheteurs habituels de ces dettes sinistrées.
L’objectifs est de permettre d’assainir le bilan des banques (qui pourront alors de nouveau octroyer des prêts et contribuer à la relance post pandémie) mais aussi de le faire à des prix beaucoup plus avantageux pour les banques.
En effet, avec des acheteurs potentiels moins puissants que les traditionnels Blackstone, Lone Star Goldman Sachs et Cerberus (qui selon une étude du cabinet Deloitte, citée dans un article de Reuters, sont à l’origine de 50% des achats de ces dettes), les décotes de ventes seront beaucoup moins importantes. Permettant ainsi aux banques de compenser une partie de l’effet négatifs de la politique de taux négatifs.
En France, en 1974, durant le 1er choc pétrolier, une publicité pour l’Agence pour les économies d’énergie mettait en avant les clichés positifs du pays et certaines caractéristiques économiques pour conclure sur la capacité de la nation de trouver une issue favorable à la dépendance énergétique couteuse. Une phrase, désormais devenue culte, résumait la situation : « En France on n’a pas de pétrole mais on a des idées ».
Les similitudes avec la BCE sont grandes ! Alors que les armes classiques de la BCE n’auront plus de portée et/ou ne pourront plus être activée, (et Madame Lagarde n’a de cesse de répéter que les politiques fiscales et budgétaires européennes doivent prendre le relai de la politique monétaire) l’institution démontre qu’elle a (encore) des idées non conventionnelles innovantes qui permettent non seulement de donner un ballon d’oxygène aux banques et donc à l’économie, via le relais du crédit, mais surtout de le faire sans s’enfoncer davantage dans l’aléa moral.
De quoi satisfaire les ‘faucons’ et les ‘colombes’ de la BCE.
- Olivier Armangau
Les thèmes de la semaine
Marchés européens
Les marchés ont continué leur tendance baissière en fin de semaine dernière. Cette semaine, les marchés ont ouvert en forte hausse ce lundi, mais sans grande conviction.
Dans l’ensemble, les marchés européens finissent la période légèrement positifs avec l’Eurostoxx 50 qui gagne 42 pdb et le Vstoxx qui se relâche de 4.08%.

« Dernière » ligne droite pour le Brexit
Une augmentation dramatique des cas de coronavirus accentue la pression sur les politiciens britanniques et européens pour qu'ils fassent des concessions et évitent une rupture chaotique d’un « hard Brexit » le 1er janvier 2021, ce qui ne ferait qu'aggraver la récession économique, obligerait des milliers de camions à faire la queue à la frontière et perturberait l'approvisionnement vital en nourriture et en médicaments.
Le dernier cycle de négociations prévu entre le négociateur en chef de l'UE, Michel Barnier, et son homologue britannique, David Frost, a débuté mardi à Bruxelles. Il ne reste que deux semaines avant une réunion cruciale des dirigeants européens, et un mois avant l'échéance finale fixée par Bruxelles pour la conclusion d'un accord. En amont de cette semaine, l'Union européenne a déclaré que le Royaume-Uni doit accepter certaines des principales exigences du bloc et le Royaume-Uni a indiqué qu'il espérait que des progrès puissent être réalisés dans les domaines litigieux.
La proposition explosive au début du mois par le Premier ministre britannique de réécrire l'accord de retrait qu'il a signé il y a huit mois avait menacé de faire échouer toute tentative à conclure un accord commercial entre l'UE et le Royaume-Uni. Le bloc avait donné à Johnson jusqu'à la fin du mois pour faire marche arrière ou faire face à une action en justice. Toutefois, la menace de Johnson a été mise à exécution et la Chambre des communes britannique a approuvé ce mardi une loi qui donne aux ministres le pouvoir de rompre l'accord de divorce avec l'Union européenne, malgré la menace d'une action en justice de Bruxelles et les troubles au sein du parti conservateur au pouvoir.
Malgré la menace de Bruxelles et l’inévitable impact sur le climat des négociations, les négociateurs de l'Union européenne ont convenu de ne pas laisser leur opposition au plan de Boris Johnson visant à enfreindre le droit international les distraire de leur tentative d'obtenir un accord sur la relation du bloc avec le Royaume-Uni après Brexit.
Alors que la fin du mois d'octobre avait été fixée par Michel Barnier comme « date limite stricte » qui donnerait aux États membres de l'UE et au Parlement de l'Union suffisamment de temps pour signer un accord, ce délai risque de se prolonger avec la pression exercée. Le véritable point de non-retour, pourrait donc être la mi-novembre selon certains experts.
Les élections américaines
À cinq semaines de l'élection du 3 novembre, les incertitudes sont grandes quant aux résultats, à la tenue de l’élection ou même à la transition du pouvoir.
Mardi soir, se tenait le premier d’une série débat entre Joe Biden et Donald Trump. Celui-ci a été pour le moins chaotique, marqué par une multitude d’insultes personnelles, d’interruptions répétées du président Donald Trump et un modérateur qui n'a jamais eu le plein contrôle. Trump a tenté à plusieurs reprises et sans succès de perturber Biden et de le forcer à faire une gaffe, mais il a largement négligé d'expliquer pourquoi il est le candidat le plus apte à s'attaquer aux questions électorales fondamentales.
Selon les stratèges politiques, cette performance hyper-agressive de Trump attirerait presque certainement les éloges de ses principaux partisans, mais il est peu probable qu'elle permette de regagner les électeurs critiques.
Jusqu'à présent, Biden a conservé une avance constante sur Trump dans les sondages d'opinion nationaux, bien que les enquêtes dans les États pivots qui décideront de l'élection montrent une concurrence beaucoup plus serrée. Il est donc peu probable que ce premier débat ait fait bouger les choses.
Ainsi, dans ce contexte compétitif serré et agressif, la volatilité des marchés devrait rester élevée jusqu’aux élections puisque l’incertitude persistera.
Topo sur l’accord de phase 1
Les derniers chiffres du commerce américain avec la Chine sont sortis ce mardi et on a pu apprendre qu’après 8 mois, les importations totales de la Chine en biens américains couverts par l'accord se sont élevées à 56.1 milliards de dollars depuis le début de l'année, contre un objectif de 115.1 milliards de dollars au prorata.
À quatre mois seulement de l'échéance, la Chine est donc à moins d'un tiers du chemin qui lui reste à parcourir pour respecter ses engagements et, au pro rate, elle se situe à environ 50% en dessous de ses engagements.
Toutefois, les hausses continues des achats de la Chine dans des produits tel que le Soja, les voitures ou le coton suggèrent que, même si la rivalité entre les superpuissances semble s'approfondir chaque semaine, les deux parties sont désireuses de maintenir l'accord commercial, étant donné qu'il s'agit actuellement du seul élément constructif de leur relation.
L’accord n’est cependant pas à l’abri d’un retournement de situation avec les élections américaines qui s’en viennent. Le président Trump pourrait utiliser la situation pour taper du poing sur la table et menacer la continuité de l’accord pour mettre en avant sa « fermeté avec la Chine », qui plaît tant à son électorat.
- Aymeric Graindorge
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Ce rapport est publié par La Financière Constance Inc. (LFC) le 30 septembre 2020 et s'adresse principalement aux investisseurs institutionnels. Il est fourni à titre de source générale d'information et ne doit pas être considéré comme un conseil en placement, une prévision ou une recherche, et ne constitue pas une recommandation, une offre ou une sollicitation d'achat ou de vente de titres dans un territoire quelconque ou d'adoption d'une stratégie de placement. L'information contenue dans ce rapport provient de sources jugées fiables ; cependant, l'exactitude et/ou l'exhaustivité de l'information n'est pas garantie par LFC, et LFC n'assume aucune responsabilité ou obligation de quelque nature que ce soit. Toutes les opinions exprimées sont sujettes à changement sans préavis. Les stratégies et véhicules d'investissement de LFC peuvent actuellement détenir des positions longues et/ou courtes sur les titres et dérivés mentionnés dans ce rapport. Le rendement passé n'est pas indicatif du rendement futur. Le présent rapport peut contenir des "informations prospectives" qui ne sont pas de nature purement historique. Les énoncés prospectifs ne garantissent pas le rendement futur et comportent des risques et des incertitudes inhérents aux facteurs économiques généraux. Rien ne garantit que les énoncés prospectifs se réaliseront. Nous vous mettons en garde de ne pas vous fier indûment à ces énoncés, car un certain nombre de facteurs importants pourraient faire en sorte que les événements ou les résultats réels diffèrent sensiblement de ceux qui sont exprimés ou sous-entendus dans tout énoncé prospectif formulé. Ce rapport ne peut être reproduit, distribué ou publié sans le consentement écrit de LFC.