
Nouvelle séquence ‘guerre commerciale’
Il va devenir de plus en plus compliqué pour la FED de répondre aux attentes du marché. Non pas que la boite à outils soit vide, ou que les attentes ne sont pas appropriées. Non ! Pour une raison bien plus simple : D’un côté le marché anticipe toujours une récession aux États-Unis et un cycle de baisse des taux, de l’autre la FED ne voit pas de récession à l’horizon et n’intervient qu’à titre d’assurance pour prolonger le cycle.
Cette dichotomie de perception devrait s’accompagner de quelques interrogations légitimes. Il n’en est rien.
De plus, il apparait que le vote sur la décision de baisse des taux n’a pas été très consensuel. C’est assez rare et c’est, à minima, une indication supplémentaire non seulement de la difficulté de lecture de la situation économique, mais surtout de son interprétation. Les minutes de la FED, qui seront publiées le 9 octobre, montreront certainement, avec une plus grande clarté, les divergences d’opinions nettes au sein du comité de politique monétaire.
Ces dissonances, et l’incertitude inhérente qui devrait en résulter, ne semblent guère avoir d’impact sur le marché.
De même les injections massives de la FED depuis la semaine dernière sur le marché interbancaire (après que les taux repo aient atteint 10% !) ne suscitent pas d’interrogation particulière de la part des intervenants. La FED s’est voulue rassurante (une lapalissade de plus) expliquant que ce n’était aucunement la conséquence d’une crise de liquidité interbancaire. ‘Remplaçant’ néanmoins certains acteurs bancaires, la FED a également indiqué qu’elle avait la capacité de mobiliser 75 milliards par jour jusqu’au 10 octobre pour assurer la liquidité sur le marché du repo.
Comme à l’accoutumé, serait on tenté de dire, Monsieur Trump à encore choisi son moment pour flatter son électorat. Alors que le S&P500 se traitait à quelques points du plus haut historique, il a de nouveau durcit le ton vendredi, assurant ne pas avoir besoin d’un accord commercial avec la Chine avant l’élection de 2020, mettant en avant la bonne tenue de l’économie américaine.
Les marchés ont accusé le coup mais avec des réactions de plus en plus faible, au fur et à mesure que les séquences se multiplient.
A la tribune de l’ONU hier, irritant voire humiliant le gouvernement chinois, il a orienté ses intentions belliqueuses sur le terrain politique en s’immisçant une fois encore dans le dossier de Hong Kong. Il a ainsi déclaré que « Le monde s’attend fermement à ce que le gouvernement chinois respecte son traité contraignant conclu avec les Britanniques et entériné par les Nations unies, dans lequel la Chine s’engage à protéger la liberté de Hong Kong, son système juridique et son mode de vie démocratique ». Il a profité de l’occasion, bien entendu, pour dénoncer, pour la énième fois les « abus » chinois concernant leur politique commerciale. C’est lassant et/ou navrant.
Les électeurs démocrates sont aussi positivement sensibles que les électeurs républicains sur le thème de la guerre commerciale. Il n’est donc pas anodin, surtout maintenant que la campagne est lancée, que le président américain redevienne vindicatif sur son thème fétiche.
60% des américains se disent opposés à la procédure de destitution du président Trump engagée hier par Nancy Pelosi, la présidente (démocrate) de la chambre des représentants. Alors que cette démarche est plutôt complexe, et qu’elle n’a jamais abouti lors des 19 procédures précédentes (dont 3 sur des présidents : Johnson, Clinton, Nixon), elle inquiète relativement peu les marchés. En tout cas c’est un élément d’incertitude supplémentaire, dont l’intensité sera fonction de la capacité des démocrates à démontrer que le président à « violé la constitution ».
Il faut néanmoins relativiser (ou s’alarmer ?). La litanie des sujets d’inquiétudes ne cesse de s’allonger et les marchés les ignorent superbement. Il y a évidemment des accès de faiblesses, mais ils sont, pour le moment, toujours mis à profit dans cette quête désespérée du rendement consécutive aux actions des banques centrales.
Et si la FED se lance à son tour dans un 4eme plan d’assouplissement quantitatif (c’est un nouveau sujet d’actualité), le marché y trouvera un relai suffisant pour attendre le ‘fameux’ plan de relance budgétaire allemand (dont le gouvernement actuel ne veut absolument pas entendre parler…).
Olivier Armangau
Les thèmes de la semaine
Marchés européens
Les marchés européens ont fini la semaine passée en hausse avant de perdre du terrain cette semaine dû aux statistiques et perspectives économiques maussades sur la zone euro et des risques politiques aux États-Unis.

Brexit
Le parlement britannique se réuni à nouveau ce mercredi, soit près de trois semaines plus tôt que prévu après une décision historique de la Cour Suprême. La décision du premier ministre Boris Johnson de suspendre le parlement dans une période cruciale pour le Brexit a été jugé illégale par la Cour suprême. En réponse à cette décision, Johnson a déclaré à la BBC que le verdict n'était pas juste selon lui mais qu'il serait respecté.
Après cet échec écrasant le premier ministre subit de sérieuses pressions qui l'incitent à quitter son poste. Le leader de l'opposition Jeremy Corbyn a notamment demandé à Bojo de se retirer. S'exprimant devant le congrès du parti travailliste réuni à Brighton il a « invité Boris Johnson à reconsidérer sa fonction ». Il est toutefois peu probable que le parti d'opposition demande un vote de confiance prochainement, Jeremy Corbyn souhaite attendre la fin du sommet européen crucial du 17 octobre avant de prendre sa décision.
Enfin, bien qu'il semble de plus en plus improbable que Boris Johnson soit en mesure de tenir sa promesse de quitter l’UE, il continue de marteler qu’avec ou sans accord, son pays se conformera au vote en faveur du Brexit, tout en souhaitant également un accord au sommet européen des 17/18 octobre…
Une fois de plus la situation est dans une impasse. L’hypothèse d’un nouveau délai semble être l’issu la plus réaliste dans cette comédie.
Europe fébrile
En Europe les PMI ressortent en dessous des attentes malgré une légère remontée. Après la publication de ces résultats ce lundi, le président de la BCE Mario Draghi qui s'exprimait devant la commission des affaires économiques du Parlement européen, a tenu des propos quelque peu « dovish » par rapport aux déclarations faites lors de la dernière réunion de la BCE le 12 septembre. Selon Draghi, la dynamique de croissance de la zone euro s'est nettement ralenti, et plus que la BCE ne l'avait prévu.
Ses perspectives d'avenir ne sont pas bonnes, « les données récentes et les indicateurs prospectifs - tels que les nouvelles commandes à l'exportation dans le secteur manufacturier - ne montrent pas de signes convaincants d'un rebond de la croissance dans un avenir proche ». Enfin, il prévient également que la faiblesse du secteur manufacturier pourrait se propager à d'autres secteurs de l'économie.

De plus, dans son rapport mensuel la banque centrale allemande a averti que la plus grande économie d'Europe pourrait être sur le point de sombrer dans la récession. Le pronostic fait suite à des semaines de données allemandes plus mauvaises que prévu et à de maigres rapports sur les bénéfices des entreprises. L'institution allemande affirme cependant que cette situation n'est pas en soi préoccupante.
L'IFO sur le climat des affaires est toutefois ressorti en progression mensuelle ce mardi (94.6 pour septembre contre 94.3 pour aout) supérieurs aux attentes (94.5) mais il reste tout de même à un niveau faible.
Perte de confiance aux États-Unis ?
La confiance des consommateurs américains a baissé plus que prévu sur septembre. Elle s’inscrit à 125.1 contre 134.1 le mois précédent. Les attentes étaient de 134. Raison invoquée : La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine.

Les Family Offices se préparent à la baisse du marché
La banque suisse UBS, et Campden Wealth un fournisseur de données, ont interrogé 360 Family Offices et constaté que 55% d'entre eux s'attendaient à ce que l'économie mondiale sombre dans une récession avant fin 2020. Le rapport révèle un degré croissant de prudence à l'égard des tensions géopolitiques et des influences à court terme qu'elles pourraient avoir sur les marchés financiers.
Toujours selon la même étude, les hedge funds, ont vu leurs allocations se réduire au cours des cinq dernières années et aucune nouvelle augmentation nette n'était prévue en 2020 par les répondants à l'enquête. Environ 42 % des family offices dans le monde lèvent des réserves de liquidités et confirme leur intérêt pour la détention d’or. Enfin les allocations à l'immobilier et au private equity sont en vogue, car les dirigeants estiment que les placements non-liquides sont beaucoup moins impactés par les variations de marchés à court terme et peuvent offrir des rendements supérieurs à long terme…
Photo : source
Aymeric Graindorge
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