
Minority report financier : Comment prévenir le moindre risque avant qu’il ne matérialise
Avant même que le marché n’aille pleurer dans les jupes de la BCE, Mario Draghi a tenu une fois encore à le rassurer. Ainsi, il a conditionné l’arrêt de l’assouplissement quantitatif à ‘la confirmation des perspectives d’inflation à moyen terme’. Ce qui évidement est suffisamment large pour prolonger encore et toujours le put gratuit banque centrale. Ainsi, même si techniquement la fin de l’assouplissement quantitatif devient une réalité (les achats mensuels de la BCE passeront à 15 milliards en octobre et normalement seront à zéro pour la fin d’année) la position accommodante de la BCE demeurera. Non seulement par le réinvestissement des souches arrivant à échéance, mais aussi grâce à l’éloquence de son gouverneur. Ainsi, Mario Draghi a déjà évoqué les incertitudes liées à la montée du protectionnisme, mais aussi la vulnérabilité des marchés émergents et l’augmentation de la volatilité, comme des éléments qui auront une incidence sur le futur de la politique monétaire ! Cette déresponsabilisation permanente dans laquelle les intervenants se prélassent, est lassante, pour ne pas dire davantage, et, mis à part Jens Weidmann, patron de la Banque centrale allemande (qui souhaite succéder à Mario Draghi en 2019 pour la fin de mandat de ce dernier, mais qui semblerait écarté tant les pays du Sud s’accommodent d’une politique monétaire de la BCE aussi conciliante) il n’y a guère de monde pour s’en émouvoir. C’est évidemment compréhensible. Aux États Unis, la FED n’affiche aucune préoccupation quant à la volatilité de l’inflation. La encore elle prévient qu’elle pourra tolérer un ‘dérapage’ à la hausse de celle-ci, histoire que le marché ne stresse pas trop le 10 ans et la fameuse marque psychologique des 3%. Marque allégrement dépassée depuis lundi et qui a n’en pas douter va susciter de nombreux commentaires et des réactions de marchés. Mine de rien, le 10 ans américains à quand même doublé en 2 ans, passant de 1.55% à presque 3.09%. 10ans américains L’inflation ‘core’ (exclusions des matières premières agricoles et énergétiques) aux États Unis est ressortie inférieure aux attentes (2.2% sur 1 an contre 2.4% le mois précédent et 2.4% de consensus), en parti aussi parce que les hausses salariales sont encore contenues, et donc la demande en consommation est moins ‘importante’ que ne le suggèrerait un taux de chômage aussi faible (bien que le taux de participations soit relativement faible). En soi, c’est une bonne nouvelle pour le marché d’avoir une mesure d’inflation ne montrant pas de surchauffe. Combinée avec un sentiment des affaires exceptionnellement positif (ISM manufacturier ressorti à 61.3 pour aout, NFIB au plus haut historique) le marché action américain apprécie et continue d’afficher un découplage saisissant par rapport à L’Europe et aux pays émergents. PMI manufacturier États-Unis Néanmoins certains observateurs font prévaloir que cette inflation mesurée sera difficile à préserver et qu’un tel niveau d’optimisme, sera difficilement tenable, au moins d’un point de vue statistique. Si les hausses salariales restent pour le moment contenues, la situation de plus en tendu sur le marché du travail ne pourra s’ajuster que par des hausses salariales ou au détriment de la qualité du travail (changement fréquent d’emploi pour obtenir des hausses de salaires que ne souhaitent pas ou ne peuvent pas consentir certaines entreprises). Dans le même temps, on peut se demander si les entreprises, dans un contexte de tension commerciales vont conserver un tel niveau d’optimisme et être enclines, à investir pour accroitre les gains de productivité (et ainsi tenter de réduire l’impact de la hausse de leur produit à l’exportation) qui vont être obligatoire également pour compenser les hausses de salaires inévitables ! Parce que l’horizon temps de l’entreprise est totalement diffèrent de celui du salarié (quelques années contre quelques mois) il ne faut pas négliger la capacité de l’inflation à repartir à la hausse (les entreprises auront ‘cédé’ sur les hausses de salaire) alors que l’économie ne sera plus en accélération. Nous pourrions donc avoir un scenario totalement inverse ou l’inflation monte fortement et ou le sentiment des entreprises se détériorent, se traduisant par un ralentissement de l’investissement et donc de la croissance.
Olivier Armangau
Les thèmes de la semaine
Turquie Face à la forte chute de la lire turque depuis le début de l’année, et principalement au cours des derniers mois, le gouvernement a interdit l’utilisation des devises étrangères sur le marché immobilier du pays. Les contrats de vente, locations ou crédit-bail doivent être en monnaie locale. Ce décret ayant pour but de revaloriser la devise mais en raison de la situation du pays les investisseurs étrangers sont relativement absents du marché. De plus, la banque centrale a augmenté ses taux d’intérêts jeudi dernier à 24%, contre 17.5% précédemment, pour tenter de freiner l’inflation. Une inflation qui atteint près de 18% au mois d’aout, soit un plus haut depuis fin 2003. Cette décision va à l’encontre du président Erdogan qui s’oppose à un taux d’intérêt élevé mais permet de rassurer quelque peu les investisseurs.
Brexit Un accord sur le Brexit est loin d’être trouvé et face au risque croissant d’un « no-deal » au somment européen d’octobre, un sommet exceptionnel pourrait avoir lieu minovembre. Alors que cette date butoir approche à grands pas, tout semble laisser à penser qu’un « no-deal » Brexit serait très néfaste pour le Royaume-Uni. Milieu de semaine dernière, Mark Carney, gouverneur de la banque d’Angleterre a averti qu’un Brexit sans accord pourrait être aussi catastrophique que la crise financière de 2008 pour le pays. Le FMI a enfoncé le clou, indiquant qu’un Brexit sans accord risquerait d'engendrer « des coûts substantiels à l’économie du Royaume-Uni et, dans une moindre mesure, pour les économies de l’UE ». Theresa May, pour sa part, déclare de nouveau en début de semaine qu’aucun accord sera toujours préférable qu’un mauvais accord pour son pays et que le gouvernement sera en mesure de gérer ces perturbations « court-terme ». Toutefois, elle insiste également sur le fait qu’un accord serait préférable. Dans ce contexte de négociations qui n’évoluent pas, « le système financier assume et se prépare déjà à un Brexit sans accord » comme le mentionne Sergio Ermotti, le PDG de la banque suisse UBS. Il serait donc plus étonnant et perturbateur pour les marchés si un accord voyait le jour d’ici peu.
Guerre Commerciale : États-Unis vs Chine L’administration Trump a annoncé lundi dernier que les États-Unis imposeront 10% de droits de douanes sur $200 milliards de produits, qui augmenteront à 25% d’ici la fin de l’année. Malgré la menace de Trump d’infliger davantage de barrières douanières si la Chine répondait à cette dernière mesure, Beijing a annoncé hier qu’elle imposera à son tour de 5% à 10% de droits de douanes sur 60 milliards de produits américains. Il semblerait qu’un accord ne soit pas près de voir le jour dans un moyen/court terme comme le mentionne Jack Ma, PGD d’Alibaba, « cette guerre commerciale pourrait durer 20 ans ». Les marchés se sont détendus à l’annonce de ces nouvelles mesures car elles ont été moins « extrêmes » que celles prévues par les marchés.
Guerre Commerciale : États-Unis vs Canada Les États-Unis, ainsi que le Mexique, menacent d’exclure le Canada de l’ALENA si aucun accord n’est trouvé d’ici le 1er octobre. Face à cela, le Canada ne montre pas d’inquiétude particulière et ne compte pas « bâcler » cet accord malgré la pression politique externe. Donc peu d’évolution concrète pour le moment dans le cadre de ces négociations, la ministre des affaires étrangère canadienne retourne cette semaine à Washington pour continuer les discussions.
Guerre Commerciale : États-Unis vs Japon Les négociations commerciales prévues le 21 septembre sont reportés après la mise en place des nouvelles barrières tarifaire américaines imposées à la Chine, soit après le 24 septembre.
Aymeric Graindorge
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Ce rapport est publié par La Financière Constance Inc. (LFC) le 19 septembre 2019 et s'adresse principalement aux investisseurs institutionnels. Il est fourni à titre de source générale d'information et ne doit pas être considéré comme un conseil en placement, une prévision ou une recherche, et ne constitue pas une recommandation, une offre ou une sollicitation d'achat ou de vente de titres dans un territoire quelconque ou d'adoption d'une stratégie de placement. L'information contenue dans ce rapport provient de sources jugées fiables ; cependant, l'exactitude et/ou l'exhaustivité de l'information n'est pas garantie par LFC, et LFC n'assume aucune responsabilité ou obligation de quelque nature que ce soit. Toutes les opinions exprimées sont sujettes à changement sans préavis. Les stratégies et véhicules d'investissement de LFC peuvent actuellement détenir des positions longues et/ou courtes sur les titres et dérivés mentionnés dans ce rapport. Le rendement passé n'est pas indicatif du rendement futur. Le présent rapport peut contenir des "informations prospectives" qui ne sont pas de nature purement historique. Les énoncés prospectifs ne garantissent pas le rendement futur et comportent des risques et des incertitudes inhérents aux facteurs économiques généraux. Rien ne garantit que les énoncés prospectifs se réaliseront. Nous vous mettons en garde de ne pas vous fier indûment à ces énoncés, car un certain nombre de facteurs importants pourraient faire en sorte que les événements ou les résultats réels diffèrent sensiblement de ceux qui sont exprimés ou sous-entendus dans tout énoncé prospectif formulé. Ce rapport ne peut être reproduit, distribué ou publié sans le consentement écrit de LFC.