
Messianique
Mardi le Président américain ne semblait plus souhaiter un accord sur le fameux plan de soutien à l’activité économique.
Mais suite à la réaction du marché, le président s’est ravisé et envisage maintenant un plan partiel, englobant une aide pour les pme, les compagnies aériennes et les ménages.
En dépit de cet opportunisme présidentiel et de ces conséquences positives, et habituelles sur le prix des actifs, le marché semble aussi se projeter sur les avantages, tout à coup très estimés, d’une victoire de Biden.
Les sondages sont, chaque semaine, davantage favorable au candidat démocrate.
Plan de relance ou pas avant les élections, les opérateurs sont convaincus que la victoire de Biden se traduira par un plan très généreux de relance après son élection.
Cette idée ne semblait pourtant pas du tout ancrée dans les esprits des stratèges il y a encore quelques semaines…
Un plan tellement généreux que les craintes liées à l’impact fiscal d’une huasse des impôts sont totalement éclipsé.
Ce qui est assez intéressant car il y a peu le consensus des analystes s’inquiétait de l’impact négatif d’environ 10% sur les bénéfices par actions consécutif au programme fiscal de Biden.
Le marché se convainc aussi que Biden permettra de réduire les incertitudes. C’est très certainement un argument recevable, mais jusqu’à présent l’impulsivité et l’imprévisibilité de Trump n’auront pas du tout été des éléments adverses pour le marché.
Ainsi, sur le dossier chinois par exemple, ou la position démocrate n’est pourtant guère éloignée de la position républicaine, on prête à Biden des intentions à ce point ‘diplomatiquement correcte’ que l’ensemble des relations internationales évolueraient en pleine harmonie.
Les raccourcis qui sont pris par le marché sur quasiment tous les sujets sont toujours aussi surprenants.
Le candidat Biden se pare désormais d’un habit quasi messianique. Il incarne la solution à toutes les (pseudos) inquiétudes du marché.
La recherche de justifications plus ou moins pertinentes à la hausse du marché révèle surtout l’état du sentiment du marché.
Et manifestement, du moins aux États Unis, le sentiment positif est toujours présent.
Et ce ne sont pas les minutes de la FED, qui botte en touche sur sa capacité de soutien en matière de politique monétaire, qui vont altérer ce sentiment.
Idem pour les déclarations du FMI, qui enfonce une porte ouverte, (une fois de plus diront les mauvaises langues) en déclarant que la distanciation sociale nuit au recouvrement économique.
Cependant cela devrait soulever, à minima, quelques interrogations. Car même quand le vaccin sera disponible, sa production et son administration à la population mondiale prendrait selon les experts entre 2 et 3 ans. Période durant laquelle, surtout s’il n’y a pas de traitement efficace, la distanciation resterait, en l’état actuel des choses, une norme.
De même les nouveaux reflexes professionnels (comme le télé travail) et sociaux entraineront des modifications significatives et certainement durables dans les habitudes de services et de consommations.
Autant d’impacts qui devraient compliquer les projections économiques. Ce n’est pourtant pas ce qui transparait sur les marchés.
Avec des banques centrales à court d’argument ou presque, en dépit d’une rhétorique volontaire (la BCE indique dans ces minutes ce matin qu’elle se donne « les mains libres ») et de nouveau un élargissement des inégalités, le peu qui restait d’orthodoxie budgétaire (dans certains pays) s’étiole chaque jour un peu plus.
L’état providence qui faisait encore saigner beaucoup d’oreilles, pourrait bien devenir une réalité inévitable et très certainement politiquement acceptable.
- Olivier Armangau
Les thèmes de la semaine
Marchés européens
Malgré les inquiétudes liées à l’augmentation des cas de Covid-19, les multiplications des mesures de restrictions en Europe, le Brexit qui ne va pas en s’arrangeant ou encore le report d’un plan de relance aux États-Unis, les marchés européens progressent doucement mais sûrement.
L’Eurostoxx 50 gagne 95 pdb sur la période et le Vstoxx baisse de 4.17%.

Positif !
Jeudi dernier dans la soirée, le président Donald Trump a annoncé sur Twitter que lui et la première dame, Melania Trump, ont été testés positifs pour la Covid-19. Rapidement après cette déclaration, ils ont tous les deux étés transférés à l'hôpital pour un meilleur suivi de leur état de santé.
Alors qu’il était hospitalisé et que les rumeurs sur son état fusaient, le président a fait une brève sortie surprise de l'établissement dimanche pour saluer ses partisans après avoir déclaré dans un message sur Twitter qu'il avait « beaucoup appris » sur le Coronavirus. Cette déclaration laisse tout de même sous-entendre que le président, supposé gérer la situation de la pandémie dans son pays, avait quelques lacunes dans le domaine.
Enfin, après trois jours de traitement pour la Covid-19 dans un hôpital militaire, le président américain est rentré à la Maison Blanche lundi soir mais, les responsables prévoient tout de même de restreindre considérablement l'accès physique à ce dernier pendant qu'il poursuit sa convalescence.
Dans une vidéo diffusée peu après son retour, M. Trump a déclaré que « les vaccins arrivent bientôt ». Et, avant même d'être totalement sorti d'affaire (puisqu'il a souvent été constaté qu'une chute abrupte de l'état d'un patient survient de 7 à 10 jours après les premiers symptômes), il s'est permis de déclarer à propos du Coronavirus, « n'ayez pas peur » et « ne le laissez pas dominer, ne le laissez pas prendre le contrôle de vos vies », poussant les gens à vivre comme si de rien n'était et allant encore une fois à l'encontre des conseils des médecins du monde entier.
Le plan d’aide américain remis à plus tard
Jeudi dernier, alors que les compagnies aériennes annonçaient 32,000 suppressions d'emplois, elles déclaraient qu'elles inverseraient la tendance si le gouvernement acceptait de leur accorder un soutien supplémentaire dans les jours à venir, ce qui avait pour but d'augmenter la pression sur les décideurs politiques pour parvenir à un accord de relance de dernière minute.
Ainsi, l'espoir demeurait en ce début de semaine afin que la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, et le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, puissent trouver un accord pour un nouveau plan de relance. Bien que des écarts importants subsistaient entre la proposition du démocrate de 2.2 milliards de dollars et une offre de 1.6 milliards de dollars soutenue par la Maison Blanche, les deux parties avaient fait état de progrès.
Cependant, c’était sans compter l’arrêt brutal de Donald Trump qui a mis fin aux discussions avec les dirigeants démocrates sur un nouveau plan de relance ce mardi. « J'ai demandé à mes représentants d'arrêter de négocier jusqu'après l'élection, lorsque, immédiatement après ma victoire, nous adopterons une importante loi de relance qui se concentrera sur les Américains qui travaillent dur et les petites entreprises », a déclaré Trump dans un tweet ce mardi. Steven Mnuchin a, par la suite, officiellement déclaré à Mme Pelosi que les pourparlers avaient été interrompus.
Par ailleurs, le tweet de Trump est arrivé quelques heures seulement après que le président de la Fed, Jerome Powell, ait lancé un appel sans précédent en faveur d'une augmentation des dépenses afin de renforcer la reprise économique. Il déclarait que la reprise de l'économie américaine était loin d'être achevée et que la dynamique risquait de s'inverser si le coronavirus n'était pas maîtrisé. De plus, il n'a pas évoqué la possibilité de nouvelles mesures de soutien de la part de la banque centrale susceptibles de s'ajouter à celles mises en œuvre depuis mars.
Les actions américaines ont fortement chuté à l’annonce de Trump et l'indice S&P 500, qui était en hausse de 50 bps avant l’annonce, a clôturé en baisse d'environ 1.4%. Les marchés ont toutefois repris un peu de terrain dans la nuit, alors que le président s'est lancé dans une virée de deux heures sur Twitter qui, bien que parfois contradictoire, a signalé le soutien à certaines mesures économiques. Et les marchés reprenaient déjà 1.3% à la mi-journée ce mercredi.
La saga Brexit
La saga de Brexit continue. Jeudi dernier, l'Union européenne a annoncé qu'elle entamait une procédure judiciaire contre le Royaume-Uni tel que convenue lorsque le Premier ministre Boris Johnson a décidé d’aller de l’avant avec son projet de violation des termes de l'accord de divorce Brexit.
Ensuite, alors que le dernier cycle de négociation terminé la semaine dernière a encore une fois débouché sur une impasse, Johnson et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, se sont entretenus samedi et les deux parties ont convenu d'intensifier les négociations.
Ainsi, Boris Johnson passe à l’acte et use une nouvelle fois de sa stratégie d’ultimatum en avertissant qu'il se retirerait des négociations commerciales avec l'Union européenne si aucun accord clair n'était en vue la semaine prochaine. Il a déclaré qu'il souhaitait que les grandes lignes d'un accord soient claires d'ici le 15 octobre.
Mais deux points de frictions essentielles à un accord demeurent : le Royaume-Uni acceptera-t-il d'appliquer des restrictions sur les subventions publiques de manière similaire à l'UE et les droits de pêche des pays européens dans les eaux britanniques ? Les fonctionnaires de l'UE ont toutefois déclaré qu'ils ne seront pas contraints de faire des concessions et qu'ils sont prêts à mettre le premier ministre au pied du mur s'il ne fait pas de compromis, mettant ainsi Johnson au défi de s'en aller.
D’autre part, alors que les négociations sur la relation post-transition entre la Grande-Bretagne et l'UE n'évoluent pas, l'économie britannique commencerait déjà à être impactée. Un rapport de la société de conseil EY a montré que les sociétés financières basées à Londres n'attendent pas l'issue des négociations, car le rythme des délocalisations d'emplois et d'actifs s'est accéléré ces derniers mois. Selon le rapport, les entreprises de services financiers ont jusqu'à présent transféré plus de 1,200 milliards de livres sterling d'actifs et environ 7,500 employés hors du Royaume-Uni, en amont du Brexit, et davantage serait à venir.
Antitrust
Un panel de la commission judiciaire de la Chambre des représentants américaine a proposé des réformes antitrust de grande envergure pour freiner le pouvoir des géants technologiques américains. Un message clair a été délivré dans ce rapport, Amazon, Facebook, Apple et Google d'Alphabet se livrent à toute une série de comportements anticoncurrentiels, et les lois antitrust américaines doivent être révisées pour permettre une plus grande concurrence dans l'économie américaine de l'internet.
« Pour faire simple, les entreprises qui étaient autrefois des start-ups qui défiaient le statu quo sont devenues le genre de monopoles que nous avons vu pour la dernière fois à l'époque des barons du pétrole et des magnats du chemin de fer », peut-on lire dans l'introduction du rapport.
Ce rapport de plus de 400 pages, est le résultat d'une enquête de 16 mois visant à déterminer si ces géants de l'industrie abusent de leur pouvoir et si les lois antitrust du pays doivent être remaniées pour les contenir. Ainsi, le rapport publié mardi cite de nombreux exemples où chaque géant de la technologie s'est livré à des actes qui, selon le législateur, ont nui à l'innovation et entravé la concurrence. Les conclusions les décrivent comme des gardiens de l'économie numérique qui ont abusé de leur pouvoir pour étouffer les menaces concurrentielles, ce qui a conduit à moins d'innovation, moins de choix pour les consommateurs et une démocratie entravée, selon le rapport.
Pour l'instant, les recommandations du rapport ne constituent qu'une orientation de haut niveau pour le Congrès en vue d'une éventuelle législation future, elles ne conduiront donc pas à une action immédiate contre ces entreprises.
Sa recommandation la plus conséquente est que le Congrès envisage une législation qui empêcherait les entreprises technologiques de posséder différentes branches d'activité, ce qui pourrait conduire à un mandat pour les démanteler.
- Aymeric Graindorge
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Ce rapport est publié par La Financière Constance Inc. (LFC) le 8 octobre 2020 et s'adresse principalement aux investisseurs institutionnels. Il est fourni à titre de source générale d'information et ne doit pas être considéré comme un conseil en placement, une prévision ou une recherche, et ne constitue pas une recommandation, une offre ou une sollicitation d'achat ou de vente de titres dans un territoire quelconque ou d'adoption d'une stratégie de placement. L'information contenue dans ce rapport provient de sources jugées fiables ; cependant, l'exactitude et/ou l'exhaustivité de l'information n'est pas garantie par LFC, et LFC n'assume aucune responsabilité ou obligation de quelque nature que ce soit. Toutes les opinions exprimées sont sujettes à changement sans préavis. Les stratégies et véhicules d'investissement de LFC peuvent actuellement détenir des positions longues et/ou courtes sur les titres et dérivés mentionnés dans ce rapport. Le rendement passé n'est pas indicatif du rendement futur. Le présent rapport peut contenir des "informations prospectives" qui ne sont pas de nature purement historique. Les énoncés prospectifs ne garantissent pas le rendement futur et comportent des risques et des incertitudes inhérents aux facteurs économiques généraux. Rien ne garantit que les énoncés prospectifs se réaliseront. Nous vous mettons en garde de ne pas vous fier indûment à ces énoncés, car un certain nombre de facteurs importants pourraient faire en sorte que les événements ou les résultats réels diffèrent sensiblement de ceux qui sont exprimés ou sous-entendus dans tout énoncé prospectif formulé. Ce rapport ne peut être reproduit, distribué ou publié sans le consentement écrit de LFC.