
Les effets secondaires
La mise en pause des essais cliniques du vaccin expérimental d’AstraZeneca (en phase 3) à la suite d’apparition d’une « maladie potentiellement inexpliquée » est une étape logique, voire habituelle, dans le développement d’un vaccin.
On se rappellera que depuis 4 mois, chaque fois que le mot vaccin et Covid 19 étaient dans la même phrase, le marché montait sans l’ombre d’une hésitation, confiant qu’il était dans la normalisation économique rapide grâce à la sortie d’un vaccin rapide aussi.
Cette annonce du groupe pharmaceutique anglais a surement un peu pesé sur le marché, surtout que ce vaccin est présenté comme l’un des plus avancés.
L’élément qui semble le plus important dans cette annonce ce n’est pas son impact réel ou supposé sur le sentiment de marché immédiat, mais l’impact que cela aura sur la volonté des patients de se faire vacciner. Et c’est autrement plus important pour la vitesse de normalisation économique.
Au début de la pandémie les enquêtes dans différents pays indiquaient en moyenne que plus de 85% des individus souhaitaient se faire vacciner dès que possible.
Depuis quelques semaines les mêmes enquêtes font état de reculs marqués de ces intentions. Selon les pays elles varient de 40 à 70% seulement.
On peut ‘logiquement’ s’attendre à ce que cette pause de AstraZeneca soulève de nouveau la problématique des effets secondaire et d’une période de trop réduite pour que la population adhère rapidement et en masse à l’idée d’une vaccination préventive.
Moins il y aura de personnes vaccinées et plus longtemps devront être conservées les mesures sanitaires actuelles qui amputent encore très largement nos économies.
Concomitamment à cette annonce, la Russie annonce que son vaccin (spoutnik V) sera testé sur 40 000 moscovite à partir d’aujourd’hui…
Cette semaine c’est la rentrée des banques centrales avec la BCE ce jeudi.
Et forcément, le marché, sous totale dépendance, attend encore et toujours des actions accommodantes. C’est un peu comme s’il ne pouvait désormais plus y avoir de réunion d’une banque centrale sans que celle-ci ne délivre un discours accommodant, ce indépendamment de l’environnement économique et de marché.
Et finalement c’est un jeu qui est payant. Les gouverneurs sont totalement conscients qu’une normalisation est impossible tant ils sont allés loin dans leur politique. Ils sont condamnés à continuer de délivrer ce que le marché désire.
Dans le même temps l’euro reprend de la hauteur contre le USD, les cambistes affichant leur confiance sur la mise à jour des prévisions économiques de la BCE qui seraient en ligne avec celles de juin (baisse du PIB de 8.7% en zone euro).
Cette hausse de l’Euro (qui réduit d’autant l’inflation importée, et qui pénalise également certains exportateurs qui n’ont pas le pouvoir de négociation des fournisseurs allemands) sera certainement un thème qui sera abordé lors de la séance des questions en conférence de presse.
Le sujet sera délicat.
Si le marché affiche ainsi une certaine confiance (relative entendons-nous bien) sur l’économie européenne, les conséquences d’une hausse de l’euro qui en découle, s’inscrivent à contre-emploi des intentions de la BCE qui vise à supporter une économie encore largement fragilisée.
Madame Lagarde devra à la fois rassurer sur les perspectives de croissance, mais également relever un niveau d’incertitude compatible avec la mise en place possible de nouvelles mesures.
Le thème du moment étant l’inflation (particulièrement aux Etats-Unis, où à nouveau certains observateurs évoquent un dérapage haussier de cette dernière) la problématique européenne est aux antipodes de celle des Etats-Unis.
Si certains outre atlantique peuvent s’inquiéter de son éventuel retour en force (La FED prévenant par avance qu’un dépassement des 2% ne saurait être un élément restrictif à sa politique monétaire ultra accommodante, on ne sait jamais), en Europe c’est plutôt une inflation anémique qui interpelle.
Ainsi en aout, elle s’affichait négative de 0.2% sur 1 an.
Il faut remonter à 2016 pour trouver une inflation négative, imputable en partie aux soldes repoussés (pour cause de Covid) mais aussi par des actions commerciales (que certains pourraient qualifier de désespérées) de secteurs dévastés par le confinement.
Certains cassandres y voient un élément récessif avant-coureur.
Mais un tel niveau d’inflation a aussi l’avantage d’être compatible avec la poursuite d’une politique monétaire ultra accommodante combinée à des plans de relances massifs. Encore et toujours.
Finalement, même si le thème est différent des dernières semaines, son ‘exploitation’ par le marché est toujours identique : Peu importe l’analyse d’un évènement, c’est toujours l’élément positif qui en ressort, démontrant, malgré la consolidation des derniers jours, que le sentiment de marché est encore positif.
- Olivier Armangau
Les thèmes de la semaine
Marchés européens
Les marchés européens ont été modérément impactés par la correction des marchés américains et ne se préoccupent pas particulièrement de la reprise des cas de coronavirus. Ainsi, sur la période, les indices finissent proches de l’équilibre avec l’Eurostoxx 50 qui perd 39 pdb et le Vstoxx se repli de 2.73%.

Début du huitième cycle de négociation sur le Brexit
Le Brexit est revenu sur le devant de la scène avec le dernier cycle de négociations de cette semaine. Les craintes que le Royaume-Uni et l’Union Européenne ne parviennent pas à conclure un accord commercial avant l’échéance fixée au 15 octobre prochain refont surface. Les négociations ont donc repris ce lundi, non sans une certaine tension, mettant sous pression la livre qui a chuté de près de 2% face à l’euro cette semaine.
Les représentants du gouvernement britannique ont fait savoir dès lundi que la Grande-Bretagne était prête à se retirer sans accord.
De plus, le Premier ministre aurait menacé également de faire quelque chose de beaucoup plus grave, un projet de loi contredisant le traité international sur la sortie de la Grande-Bretagne de l'UE qui a été conclu en janvier. Si Boris Johnson applique cette nouvelle loi, qui affaiblirait les dispositions de l'accord de retrait de Brexit sur l'Irlande du Nord, il fera probablement échouer les chances de conclure un accord commercial et sapera la position et la crédibilité internationales de la Grande-Bretagne.
Le conseiller juridique en chef du gouvernement britannique a donné sa démission suite à la décision du pouvoir exécutif de réviser une partie de l’accord sur le Brexit. Le gouvernement britannique a d’ailleurs reconnu que cette révision constituerait une violation du droit international si elle est mise en œuvre.
Alors que d'autres députés ont laissé entendre qu'il ne s'agissait que d'une tactique de négociation, les investisseurs voient de plus en plus l’évolution des négociations de mauvais augure.
Correction des marchés
Petite correction et nervosité sur les marchés américains cette semaine. En effet, après avoir atteint de nouveau plus haut mercredi dernier, le S&P 500 et le Nasdaq 100 ont tous deux connus une correction au cours des trois derniers jours. Ainsi, entre jeudi dernier et la clôture d’hier soir, les indices ont perdu 6.95% et 10.89% respectivement.
Cette forte baisse qui n’est expliquée par aucune raison concrète, si ce n’est des spéculations sur les agissements de la banque japonaise Softbank ou de simples prises de profits, a résulté en une explosion de la volatilité. Au cours de la première journée de baisse, jeudi dernier, l'indicateur Vix avait notamment dépassé les 38 points.
Alors que les indices reprennent déjà des couleurs ce mercredi, la question est de savoir si cette récente correction n’était que passagère ou bien si nous sommes au début d’une normalisation des prix sur le secteur de la technologie.
L’emploi américain a le vent en poupe
Le rapport sur l’emploi publié vendredi est sorti meilleur qu’attendu sur tous les points. Les employeurs américains ont créé 1.37 millions d'emplois en août, faisant baisser le taux de chômage à 8.4 %, contre 10.2% au mois précédent et un consensus à 9.8%. Ceci marque ainsi le 4ème mois de baisse consécutive depuis les 14.7% du mois d’avril. Et ce taux de chômage atteint en août est par ailleurs très encourageant, car il se place bien en dessous des 10%, observés au lendemain de la crise financière de 2008.
Le rapport a également montré que la population active avait augmenté de 968 000 personnes, faisant passer le taux d'activité à 61.7% contre 61.4% le mois dernier, ce qui signifie qu'un plus grand nombre d'américains travaillent ou cherchent du travail.
Ainsi, dans l'ensemble, l'économie américaine a récupéré environ 10.6 millions des 22.2 millions d'emplois perdus en mars et avril, mais le rebond a été freiné par de nouvelles poussées d'infection dans de nombreux États au cours des derniers mois, et par l'affaiblissement des effets des mesures de relance budgétaire.
Alors que certains analystes s'attendaient à un ralentissement important de la situation de l’emploi en août notamment en raison d'une augmentation des cas de virus dans plusieurs États, c’est finalement un taux de chômage qui passe largement sous les 10% et un taux de participation qui augmente. Ces bonnes nouvelles vont inévitablement profiter à Donald Trump qui devrait voir augmenter ces chances de réélection.
Point sur la Covid-19
La crainte d'une seconde vague d'infections à coronavirus est relativement présente en Europe, où la France et l’Espagne ont connu de nouveaux pics de cas, avec des taux en hausse en Allemagne et au Royaume-Uni.
La principale différence cette fois-ci est que la majorité des infections concerne des personnes âgées de 15 à 44 ans, ce qui signifie que le taux de mortalité a jusqu'à présent été beaucoup plus faible.
Les personnes âgées et vulnérables restant plus disciplinées quant au respect des directives sur la distanciation sociale.
Aux États-Unis, les cas restent en dessous de leurs récents pics alors que l’Inde continu de voir ses nombres de cas journaliers exploser à près de 90,000.

- Aymeric Graindorge
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Ce rapport est publié par La Financière Constance Inc. (LFC) le 9 septembre 2020 et s'adresse principalement aux investisseurs institutionnels. Il est fourni à titre de source générale d'information et ne doit pas être considéré comme un conseil en placement, une prévision ou une recherche, et ne constitue pas une recommandation, une offre ou une sollicitation d'achat ou de vente de titres dans un territoire quelconque ou d'adoption d'une stratégie de placement. L'information contenue dans ce rapport provient de sources jugées fiables ; cependant, l'exactitude et/ou l'exhaustivité de l'information n'est pas garantie par LFC, et LFC n'assume aucune responsabilité ou obligation de quelque nature que ce soit. Toutes les opinions exprimées sont sujettes à changement sans préavis. Les stratégies et véhicules d'investissement de LFC peuvent actuellement détenir des positions longues et/ou courtes sur les titres et dérivés mentionnés dans ce rapport. Le rendement passé n'est pas indicatif du rendement futur. Le présent rapport peut contenir des "informations prospectives" qui ne sont pas de nature purement historique. Les énoncés prospectifs ne garantissent pas le rendement futur et comportent des risques et des incertitudes inhérents aux facteurs économiques généraux. Rien ne garantit que les énoncés prospectifs se réaliseront. Nous vous mettons en garde de ne pas vous fier indûment à ces énoncés, car un certain nombre de facteurs importants pourraient faire en sorte que les événements ou les résultats réels diffèrent sensiblement de ceux qui sont exprimés ou sous-entendus dans tout énoncé prospectif formulé. Ce rapport ne peut être reproduit, distribué ou publié sans le consentement écrit de LFC.