
Le test de réalité ?
Alors que le déconfinement anesthésiait la capacité de discernement des marchés, on peut s’interroger sur la réaction de ce dernier aux propos de Dieu Powell hier.
Alors que 36 millions d’américains ont rempli des demandes d’allocation chômage en quelques semaines sans que cela n’émeuve le marché (il est toujours dans l’anticipation bien sûr) que les ‘inquiétudes’ entourant la fameuse deuxième vague (et même 3ème vague pour certains…anticipation quand tu nous tiens) n’étaient que distractions, que l’absence de ‘guidances’ des entreprises étaient aussi normale qu’un PE de 1000 en 2001, voilà que soudainement le marché fait mine de s’inquiéter parce que le patron de la FED a indiqué que les conséquences négatives de la pandémie seraient « durables », qu’il a fait part de « grande incertitude » et de « risque important » à venir.
Est-ce que sérieusement les intervenants de marché pensaient le contraire? Visiblement oui d’après les commentaires de marché du matin…mais le soir à la clôture le marché américain reprenait 3% sur les plus bas finissant une nouvelle fois en hausse de 1.15%...
De son allocution d’hier on retiendra certainement qu’à l’image d’une BCE dont la boîte à outils s’épuise comme peau de chagrin, il a insisté sur le fait que des mesures fiscales et non monétaires étaient nécessaires pour soutenir l’économie. Félicitant le gouvernement pour sa réponse rapide et son ampleur (2900 milliards) il a donc insisté sur une réponse fiscale supplémentaire qui, bien que coûteuse, pourrait éviter une altération de la situation. Afin de sauver les apparences, il s’est défendu d’un recours aux taux négatifs, indiquant, sans surprise, que tous les membres étaient unanimement contre une telle décision. Jusqu’à ce que cela devienne une réalité ?
Afin d’expliquer le retour à la raison (qui sera certainement oublié dans une séance ou deux), le thème des tensions sino-américaines fait son grand retour, depuis une dizaine de jours.
Toujours dans le même style et donc toujours dans la nuance…le président Trump a ainsi menacé de rompre les relations avec la Chine, précisant même qu’il ne souhaitait plus parler à son homologue.
Après avoir menacé, une fois encore d’instaurer de nouvelles taxes douanières, d’imposer des « milliards de dollars de réparations pour les dommages causés par le nouveau coronavirus » il a même envisagé aujourd’hui de rompre toute relation ce qui permettrait selon lui d’économiser 500 milliards.
Alors que le président sortant doit faire face aux déclarations anxiogènes cette semaine du docteur Fauci (sur un déconfinement trop rapide et sur des développements dramatiques de la maladie sur des enfants avec 3 décès à New-York), la véhémence à destination de la Chine est la contribution la plus accessible pour améliorer sa popularité auprès de son électorat. Avec une situation économique qui selon toute vraisemblance tardera à se normaliser, les arguments en faveur de sa réélection seront donc limités. Cela favorisera un discours d’autant plus nationaliste qu’il est déjà largement décomplexé dans le monde entier (on n’hésite pas à prendre des raccourcis sur la réindustrialisation de la production au nom de la consommation locale).
Ajouter une incertitude commerciale à l’incertitude sanitaire serait difficilement compatible avec les anticipations du marché.
De façon assez singulière, sur le mois de mai le taux de désapprobation du président Trump est en hausse mais son taux d’approbation aussi !! Traditionnellement si l’un monte l’autre baisse et inversement. Cette polarisation de la pensée donnera certainement une campagne électorale encore plus médiocre que celle de 2016.
La répulsion réciproque entre démocrate et républicain, exacerbée par la Covid-19 et sa gestion, est à un point tel qu’il ne faut pas négliger que le jusqu’au boutisme partisan ait des conséquences économiques (sur un futur plan de relance par exemple).
- Olivier Armangau
Les thèmes de la semaine
Marchés européens
Les marchés européens ont terminé la période proche de l’équilibre soulagé d’une part par les levées progressives des mesures et des résultats d’entreprises « meilleurs que prévus » mais perturbés cependant par les craintes d’une seconde vague de Covid-19 et des relations plus ou moins tendus entre la Chine et les États-Unis.

« Soulagement » sur le chômage américain
Comme un soulagement face à un taux de chômage aux États-Unis ressorti à 14.7% ce vendredi alors que le consensus l’estimait à 16%. Bien que cette hausse soit la plus forte hausse du taux de chômage (d’un mois sur l’autre) en 45 ans et le plus haut niveau depuis la grande récession, les intervenants de marché ont décidé de voir le vers à moitié plein puisque les indices américains ont fini en hausse de plus de 1.5% vendredi.
Toutefois, il est important de noter que celui-ci aurait pu être bien plus élevé si le taux de participation ne s’était pas effondré de 2.5 points à 60.2%, atteignant ainsi son plus bas niveau depuis janvier 1973. Le département du Travail précise notamment dans son rapport que le taux aurait pu être supérieur de plus de 5% (soit 20%) si toutes les personnes « sans travail » avaient été comptabilisées.
Enfin, il est intéressant de signaler que sur les 22.5 millions de personnes qui ont perdu leur emploi en avril, 18 millions pensent retrouver un emploi (ou celui qu’ils ont perdu) dans les 6 prochains mois.
Tensions sino-américaines
Alors que les tensions entre la Chine et les États-Unis se sont ravivés au cours des dernières semaines en raison de la gestion de la pandémie et impliquant des menaces économiques, cela pose la question de la survie de l'accord commercial de « phase 1 » dont le rythme des achats par la Chine étant déjà lent en raison des perturbations causées par le virus.
Bien que les représentants de Pékin et de Washington se sont engagés vendredi dernier à créer des conditions favorables à la mise en œuvre de la première phase de l'accord, s’efforçant à sauver la situation, Donald Trump a par la suite déclaré qu’il avait beaucoup de mal avec la Chine et un sénateur républicain américain, proche allié de Trump, a proposé mardi une loi qui autoriserait le président américain à imposer des sanctions de grande envergure à la Chine si celle-ci ne rend pas compte de tous les événements ayant conduit à l'apparition du nouveau coronavirus. La Chine a également riposté, son ministre des affaires étrangères accusant certains responsables américains d'essayer « de faire porter à d'autres leur propre responsabilité pour leur mauvaise gestion de l'épidémie ».
La Chine a toutefois annoncé ce mardi une nouvelle liste de 79 produits américains pouvant bénéficier de dérogations aux droits de douanes et s’est également dit toujours disposée à respecter ses engagements d'achat de produits agricoles américains « tant que les États-Unis créent une atmosphère amicale » pour que davantage d'importations aient lieu.
Craintes de nouvelle vague de Covid-19
Les craintes d'une seconde vague d'infections du coronavirus augmentent alors que de nombreux pays constatent une augmentation des infections après le relâchement des restrictions de la fermeture. Parmi eux, Wuhan, la ville chinoise où la pandémie de coronavirus a éclaté pour la première fois, la Corée du Sud et le Liban.
La Chine teste actuellement des millions de personnes pour détecter de nouvelles infections à Wuhan alors que la ville est de nouveau en état d'alerte. Au cours des dix prochains jours, les autorités de l'épicentre du coronavirus en Chine ont déclaré qu’elles testeront chacun de ses 11 millions d'habitants après que six nouveaux cas de coronavirus aient été signalés au cours du week-end. Il s'agit des premiers tests positifs à Wuhan en 35 jours, depuis que la ville a levé son confinement de 76 jours le 8 avril dernier.
En Corée du Sud, les autorités de la capitale Séoul ont ordonné la fermeture de plus de 2,000 clubs et bars après qu'un nouveau groupe de plus de 100 cas de Covid-19 ait été retracé dans un quartier populaire.
Au Liban, le gouvernement a appelé la population à rester chez elle pendant quatre jours à partir de mercredi soir et jusqu'à l'aube lundi, annulant ainsi le plan de déconfinement progressif amorcé fin avril, qui avait mis fin à une série de mesures visant à endiguer la propagation de l'épidémie imposé depuis la mi-mars.
Au Japon, le Premier ministre Shinzo Abe affirme que le pays est sur la voie « régulière » du contrôle de la pandémie. Son gouvernement pourrait lever l'état d'urgence national pour une grande partie du pays dès jeudi - plus de deux semaines avant la date d'expiration actuelle du 31 mai. Tokyo, cependant, devrait rester sous l’état d'urgence. La capitale a été la plus touchée par la pandémie, ou près d'une infection sur trois au Japon y a été enregistrée.
Enfin, aux États-Unis, les responsables fédéraux de la santé ont témoigné lors d'une audition du Sénat sur la question de savoir si le pays est vraiment prêt à rouvrir. Anthony Fauci, le conseiller au gouvernement des maladies infectieuses, a averti que « les conséquences pourraient être vraiment graves » si les États agissent trop rapidement. Robert Redfield, directeur des Centers for Disease Control and Prevention, a déclaré à la commission que la distanciation sociale reste « impérative » pour les Américains. Le principal responsable de la santé publique du comté de Los Angeles a par ailleurs déclaré que les mesures de travail à domicile seront probablement prolongées de trois mois.
- Aymeric Graindorge
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Ce rapport est publié par La Financière Constance Inc. (LFC) le 14 mai 2020 et s'adresse principalement aux investisseurs institutionnels. Il est fourni à titre de source générale d'information et ne doit pas être considéré comme un conseil en placement, une prévision ou une recherche, et ne constitue pas une recommandation, une offre ou une sollicitation d'achat ou de vente de titres dans un territoire quelconque ou d'adoption d'une stratégie de placement. L'information contenue dans ce rapport provient de sources jugées fiables ; cependant, l'exactitude et/ou l'exhaustivité de l'information n'est pas garantie par LFC, et LFC n'assume aucune responsabilité ou obligation de quelque nature que ce soit. Toutes les opinions exprimées sont sujettes à changement sans préavis. Les stratégies et véhicules d'investissement de LFC peuvent actuellement détenir des positions longues et/ou courtes sur les titres et dérivés mentionnés dans ce rapport. Le rendement passé n'est pas indicatif du rendement futur. Le présent rapport peut contenir des "informations prospectives" qui ne sont pas de nature purement historique. Les énoncés prospectifs ne garantissent pas le rendement futur et comportent des risques et des incertitudes inhérents aux facteurs économiques généraux. Rien ne garantit que les énoncés prospectifs se réaliseront. Nous vous mettons en garde de ne pas vous fier indûment à ces énoncés, car un certain nombre de facteurs importants pourraient faire en sorte que les événements ou les résultats réels diffèrent sensiblement de ceux qui sont exprimés ou sous-entendus dans tout énoncé prospectif formulé. Ce rapport ne peut être reproduit, distribué ou publié sans le consentement écrit de LFC.