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Le retour de la distraction sino américaine



Le retour de la distraction sino américaine


Entre les premiers cas de Covid-19 et la contamination à grande échelle il s’est passé quelques semaines. Les déconfinements sont trop récents évidement pour avoir un recul suffisant sur une éventuelle seconde vague.

Bien entendu les populations sont désormais averties, et la responsabilisation de chacun ainsi que le port du masque et les règles de base d’hygiène feraient que si seconde vague il y avait elle serait moins virulente. Il y a aussi les bonnes nouvelles sur des annonces de vaccins, des tests probants sur des développements d’anticorps sur des primates.

En Suède, l’épidémiologiste en chef de l’Agence de Santé Publique annonce que 20% des habitants de la capitale aurait développé des anticorps suite à la contraction probable de la Covid-19. Ce qui commence d’ailleurs, comme prévu, à susciter de nombreuses questions quant à la pertinence d’avoir confiné drastiquement la moitié de la planète pour, in fine des résultats similaires mais avec des économies meurtries contrairement à la Suède. Les politiques ne souhaitant évidemment pas rentrer dans le débat éthique, il fera inévitablement surface.

Il y a toujours bien sur le soutien sans limite de la FED (Powel l’a encore affirmé dans l’interview à l’émission américaines 60 minutes). Il y a aussi l’annonce conjointe de l’Allemagne et la France sur un emprunt communautaire de 500 milliards. Même si les ‘habituels’ se sont empressés de rejeter l’idée de mutualisation (Pays-Bas, Suède, Danemark, Autriche) la perception immédiate suffit.

Cette hausse de marché est toujours alimentée par le fait que les positionnements sont prudents (les niveaux de volatilité implicites sont encore élevés) et donc chaque hausse continue d’alimenter une peur de rater la suivante. A quelque point des plus hauts historiques sur le Nasdaq, le sentiment positif est désormais alimenté par le nombre de révisions économiques inévitablement à la hausse.

Lorsqu’en avril les économies étaient totalement à l’arrêt, le marché montait sur les plans et autres annonces de gouvernements et banques centrales. Puis les chiffres économiques ont montré un tableau bien pire que celui qui était envisagé au début de la pandémie. Cela a permis de nouvelles annonces et très rapidement les statistiques ont été simplement traitées comme une anormalité. Les millions d’allocations chômage chaque semaine sont une belle illustration. Elles sont désormais considérées comme anecdotiques, voire sans pertinence.

Avec le retour de la normalité supposée et/ou espérée, les enjeux éclipsés par la Covid-19 refont (un peu) surface. Ainsi la lutte d’influence entre États-Unis et Chine se poursuit sur fonds de campagne électorale américaine tronquée.

Sans foule à haranguer lors de meeting, le président sortant va devoir trouver des ressorts médiatiques encore plus puissants que d’habitude. Le tableau économique étant sérieusement altéré, la rhétorique anti chinoise va de nouveau naturellement s’imposer.

D’autant plus facilement que la démarcation idéologique entre démocrates et républicains est infime. C’est donc dans la continuité du « virus chinois » ou du « kung-flu » que le président Trump, en verve sémantique, indiquait que « l’incompétence de la Chine » a provoqué une « tuerie de masse mondiale ». Accusant l’OMS d’une « dépendance alarmante vis-à-vis de la Chine » le président Trump continue de distraire l’opinion publique et de flatter sa base électorale.

De son côté la Chine a évoqué des rétorsions si le législateur américain reconnaissait la responsabilité de Pékin dans la propagation du Covid-19, mais elle a aussi finalement accepté l’idée d’une enquête indépendante sur l’origine de la pandémie (lors de l’assemblée de l’OMS du 18 mai).

Dans le même temps, Pékin continue d’étendre son influence, en annonçant une contribution financière à l’OMS de USD 2 milliards sur 2 ans (correspondant, fortuitement bien sûr, à 2 fois la contribution américaine, que Donald Trump a suspendue en avril.

L’autre sujet fétiche c’est Hong Kong.

Et cette nuit, le parlement chinois, qui semble perdre patience vis-à-vis de l’autorité de son territoire, a annoncé l’étude, d’une « loi sécuritaire ». Le premier ministre chinois, Li Keqiang, a ainsi annoncé lors de l’ouverture de la session de l’assemblée nationale populaire que son comité législatif allait étudier une loi afin «d’établir un système juridique solide et un mécanisme d’application pour garantir la sécurité nationale » à Hong Kong.

Dans une attitude très conciliante voire de vassalité (mais l’autonomie est-elle vraiment défendable?) la cheffe de l’exécutif de Hong Kong a voulu rassurer la population lors d’une allocution, indiquant que cette loi viserait à protéger les habitants et les investisseurs plutôt que réduire leur droit…

Cette annonce de Pékin est du pain béni pour le président américain. Il s’est ainsi empressé de déclarer que si cette loi été confirmée son pays répondrait de manière très forte, et son chef de la diplomatie, Mike Pompéo, qui a qualifié l’action de Pékin de « désastreuses » agite déjà les menaces de sanction.

Pour le moment seul le marché hongkongais semble s’inquiéter de ce nouvel épisode de tension.

Enregistrant sa plus forte baisse depuis juillet 2015 (-5.56%) le Hang Seng anticipe des conséquences économiques largement plus préjudiciables que la pandémie de Covid-19 (particulièrement bien gérée il est vrai). Le marché s’inquiète de l’abandon de facto du fameux statut « un pays, 2 systèmes » et de la fin éventuelle du traitement commercial privilégié dont jouit l’ex territoire britannique avec les États Unis.

Décidément, rien ne semble ébranler les certitudes du marché.



- Olivier Armangau


 

Les thèmes de la semaine



Marchés européens


Les marchés européens ont explosé à la hausse ce lundi sur base d’optimisme de reprise économique. En Chine, la demande de pétrole serait revenue au niveau pré-crise du Covid-19. Aux États-Unis, la Californie fonctionnerait maintenant à 75% de sa capacité économique et l’État de New-York serait sur le point de rouvrir. Et en Europe, la France et l'Allemagne s’entendent pour soutenir la création d'un fonds de relance européen.

Ainsi, l’Eurostoxx50 gagne 4.69% sur la période et la volatilité implicite baisse de 12.12%.




« Ne pariez pas contre les États-Unis »

Le président de la Réserve Fédérale américaine a déclaré lors d’une interview dimanche « A long terme, et même à moyen terme, vous ne voudriez pas parier contre l'économie américaine ».

L’économie qui est actuellement en très mauvaise posture avec les affaires qui sont au point mort en raison du confinement et les entreprises qui ont fermé pour arrêter la propagation de Covid-19. Les licenciements massifs ont forcé 36.5 millions d'Américains à déposer pour la première fois une demande de prestations de chômage depuis la mi-mars. Le taux de chômage a grimpé à 14.7 % en avril – et aurait pu être plus élevé si le taux de participation n’avait pas nettement baissé - et devrait encore augmenter en mai. Sans parler de l’augmentation du niveau d’endettement que le pays est supposé rembourser un jour. Ainsi, il est évident qu’il faudra un certain temps pour que l’économie se remette sur pieds, mais pas d’inquiétude puisque tout va bien aller selon Jay Powell.

Le deuxième trimestre, sera affreux en termes de données économiques. Les prévisions de baisse du PIB sont d’environ -30 % sur une base annuelle. Après cela, le président de la Fed estime que l'économie devrait se redresser au cours du troisième semestre même si les consommateurs resteront probablement prudents dans leur comportement pendant un certain temps. La Fed ou le Congrès seront peut-être amenés à en faire davantage afin d'éviter des dommages à long terme sur l'économie a déclaré M. Powell. Le rythme et la force de la reprise dépendront de la capacité des entreprises à survivre à cette crise. Plus il y aura de « faillites évitables », plus la reprise sera forte déclare ce dernier.

Récession et moral au beau fixe en Allemagne

L'économie allemande a reculé de 2.2% au cours du premier trimestre 2020, la pandémie de coronavirus l'ayant plongée dans la récession. Bien que cette baisse d’activité du premier trimestre soit moins importante que celle de ses homologues européens, et notamment de la zone Euro qui est ressortie à -3.8%, le pire reste à venir puisqu’elle devrait tout de même baisser de -6.3% sur l’année selon le consensus.

Cependant, l’humeur est à l’optimisme tel que l’indicateur ZEW du sentiment économique en Allemagne le sous-entend en augmentant de manière inattendue à 51 contre 32 attendu. Les espoirs d’un vaccin alimenté par les nouvelles sur des résultats positifs de phases préliminaires et les réouvertures des économies aux quatre coins du monde ont poussé l’indice à ses plus hauts depuis avril 2015. Le président de l'institut ZEW a déclaré que cet optimisme devrait être suivi d'une reprise dès cet été, mais qu'il faudrait tout de même attendre 2022 pour retrouver les niveaux de production économique de 2019.


Plan de mesure de 500 milliards d’euros pour la zone Euro

La chancelière allemande Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron ont convenu de soutenir la création d’un fonds de relance de 500 milliards d'euros pour permettre de financer des dépenses budgétaires prioritaires dans les pays et régions européens les plus affectés par la pandémie. L'idée est de charger la Commission européenne de lever 500 milliards d'euros sur les marchés publics. Cet argent serait ensuite utilisé sous forme de subventions pour les secteurs et les régions où l'impact du coronavirus a été le plus fort.

Cette proposition marque une étape importante dans les efforts visant à consolider le projet européen et une victoire potentielle pour M. Macron, qui a demandé à l'Allemagne et aux États du Nord plus riches de faire plus pour aider ceux du Sud qui ont le plus soufferts. De plus, ce plan est susceptible d'avoir des implications politiques plus larges, y compris sur le populisme et les mouvements anti-UE qui ont gagné en popularité en raison de la pandémie.

Toutefois, le plan franco-allemand n'est encore qu'une base. L'accord final devra être soutenu par les 27 membres et l'Autriche a immédiatement fait savoir qu'elle restait opposée à l'aide directe. La Commission européenne doit présenter des plans plus détaillés, basés sur l'idée française et allemande, la semaine prochaine.

S'il est adopté, l'accord pourrait alléger la pression sur la Banque centrale européenne, qui a jusqu'à présent pris la tête de la réponse au niveau européen, en s'engageant à acheter plus d'un trillion d'euros de dette pour stabiliser les marchés pendant que les dirigeants politiques luttaient pour coordonner leurs propres efforts.

La demande de pétrole reprend en Chine

La demande de pétrole en Chine est presque revenue à son niveau d'avant que la pandémie de coronavirus n'incite le gouvernement à imposer des fermetures et à fermer des industries. La consommation aurait rebondi à environ 13 millions de barils par jour, a déclaré Bloomberg lundi, citant les responsables chinois de l'énergie qui n'ont pas été autorisés à s'exprimer publiquement sur la question. Ce n'est pas loin des 13.7 millions en décembre.

D’une part, l'essence et le diesel sont en tête de la reprise, alors que l'industrie manufacturière s'accélère et que les travailleurs habitant en périphérie choisissent de conduire plutôt que d'utiliser les transports publics. La demande de diesel bénéficie également du fait que le gouvernement chinois encourage les agriculteurs à planter davantage pour nourrir la nation. D'autre part, la demande de kérosène reste faible car les restrictions de voyage et les craintes concernant la transmission continuent de peser sur l'industrie aérienne.

Néanmoins, l'industrie pétrolière devrait se réjouir de la reprise, d'autant plus que le PDG de BP, Bernard Looney, a averti la semaine dernière que la demande de pétrole pourrait ne jamais revenir complètement aux niveaux d'avant la pandémie.

La reprise de la demande en Chine, qui est le premier pays importateur de pétrole au niveau mondial, contribue à soutenir les prix mondiaux du brut. Ces prix avaient chuté à des niveaux records le mois dernier, alors que la pandémie de coronavirus a frappé la consommation de carburant et que l'Arabie Saoudite et la Russie entraient dans une guerre des prix entraînant une surabondance de l’offre. Depuis lors, le pétrole s'est fortement redressé, le brut texan, WTI s’échange désormais à 33.5 dollars le baril.


- Aymeric Graindorge



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Ce rapport est publié par La Financière Constance Inc. (LFC) le 22 mai 2020 et s'adresse principalement aux investisseurs institutionnels. Il est fourni à titre de source générale d'information et ne doit pas être considéré comme un conseil en placement, une prévision ou une recherche, et ne constitue pas une recommandation, une offre ou une sollicitation d'achat ou de vente de titres dans un territoire quelconque ou d'adoption d'une stratégie de placement. L'information contenue dans ce rapport provient de sources jugées fiables ; cependant, l'exactitude et/ou l'exhaustivité de l'information n'est pas garantie par LFC, et LFC n'assume aucune responsabilité ou obligation de quelque nature que ce soit. Toutes les opinions exprimées sont sujettes à changement sans préavis. Les stratégies et véhicules d'investissement de LFC peuvent actuellement détenir des positions longues et/ou courtes sur les titres et dérivés mentionnés dans ce rapport. Le rendement passé n'est pas indicatif du rendement futur. Le présent rapport peut contenir des "informations prospectives" qui ne sont pas de nature purement historique. Les énoncés prospectifs ne garantissent pas le rendement futur et comportent des risques et des incertitudes inhérents aux facteurs économiques généraux. Rien ne garantit que les énoncés prospectifs se réaliseront. Nous vous mettons en garde de ne pas vous fier indûment à ces énoncés, car un certain nombre de facteurs importants pourraient faire en sorte que les événements ou les résultats réels diffèrent sensiblement de ceux qui sont exprimés ou sous-entendus dans tout énoncé prospectif formulé. Ce rapport ne peut être reproduit, distribué ou publié sans le consentement écrit de LFC.

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