
Le Grinch
Après s’être enthousiasmé suite au fameux diner de Trump et Xi Jinping, préfigurant une trêve dans la guerre commerciale, le marché semblait hier se préoccuper de la capacité des 2 pays de pouvoir s’entendre sur le sujet. Un énième tweet du président américain dans son style caractéristique n’a fait qu’ajouter à la confusion. Après 6% de hausse en 6 jours, coup d’arrêt brutal donc, hier avec le SP500 en repli marqué de plus de 3%. Aujourd’hui les explications misent en avant pour justifier la baisse sont plutôt confuses, disparates. Dans les 2 cas, il semblerait que le positionnement option est ‘contraint’ les opérateurs à accélérer la hausse lundi (pour faire face au position short call consécutif à l’achat de call des investisseurs, les contreparties ont dû acheter des futures sur le SP500 pour se couvrir) et accélérer la baisse hier lors du mouvement inverse. La forte pression à la baisse d’hier est également imputée au franchissement, à la baisse de la moyenne mobile des 200 jours, seuil important pour les CTA. Mais ce qui ressort le plus, est alors que l’ISM des services publié hier était excellent (ressorti à 59.3 contre 57.7 le mois précédent et 57.6 attendu par le consensus), c’est le thème, non pas du ralentissement américain ou de la fin de cycle de celui-ci, non, c’est la récession ! Avec une courbe des taux (écart 2 ans/10 ans à 10 points de base) qui s’aplatit au fur et à mesure que les taux longs baissent (du fait d’anticipation de ralentissement économique) et que les taux court montent (du fait de la politique monétaire de la FED) le marché aime se rappeler qu’une telle configuration est quasi systématiquement annonciatrice dans les 18 à 24 mois…d’un ralentissement, plutôt prononcé. Les choses ne sont évidemment pas aussi binaires que ça, (et le reflux des marché action pèse encore davantage sur la courbe car les opérateurs se précipitent sur les obligations en valeur refuge) mais encore une fois, dans un contexte de marché qui baigne dans les incertitudes et où le sentiment positif ne parvient pas à s’imposer (malgré ce matin encore des commentaires très encourageant de Pékin sur le différend commercial avec les Etats- Unis), c’est la baisse qui l’emporte. Si l’an dernier chaque baisse était mise à profit pour se positionner sur le marché (le fameux buy the dip), depuis quelques mois c’est tout le contraire. Chaque hausse est désormais mise à profit pour sortir (sell rallies). Alors qu’une des échéances importantes pour amorcer (enfin) le rallye de fin d’année ne s’est pas concrétisée (l’armistice sur les tarifs douaniers) les suivantes (vote sur le Brexit mardi, BCE jeudi, et FED la semaine suivante) vont certainement exacerber les mouvements de marché. A quelques jours du vote sur le traité de départ de l’UE, le gouvernement May s’est vu reprocher, suite à un vote au parlement, d’avoir commis un ‘outrage au parlement’. Cerise sur le gâteau, voilà que l’idée d’un second referendum reprend de la vigueur. Les propos de l’avocat général de la cour de justice de l’UE n’y sont pas étrangers. Ce dernier propose que la cours de justice de l’UE, dans le cadre de son fameux article 50 ‘autorise la révocation unilatérale de la notification de l’intension de se retirer de l’Union’ ! Ce nouveau lapin sorti du chapeau ne va assurément pas calmer les esprits et faciliter la tâche de Theresa May. Ce qui évidement ravi ses opposants et compromet un peu plus le vote du traité de sortie au parlement, prévu mardi prochain. Second referendum, élection générale, réintégration dans l’UE, ‘hard brexit’…La seule certitude, c’est que toutes ces incertitudes et cette farce politique, ont un impact économique considérable. Le Grinch va-t-il aussi tenter de saper le noël des investisseurs?
Olivier Armangau
Les thèmes de la semaine
Marchés européens
Après un mois d’octobre difficile, les marchés européens n’ont pas connu de rebond technique en novembre. Tandis que le marché américain reprend 1.79% et 1.68%, pour le S&P 500 et le Dow Jones respectivement, l’Eurostoxx 50 a continué sa descente et perd 0.76%.
Sur la semaine, les investisseurs se sont emballés suite à de belles paroles entre Donald Trump et Xi Jinping avant de chuter à cause d’inquiétudes sur l’efficacité de ces belles paroles et de l’inversion de la courbe des taux américains.
« Trêve » de la guerre commerciale
Ce week-end avait lieu le très attendu sommet du G-20 en marge duquel était prévu une rencontre entre le président américain et le président chinois. Nombreux sont les investisseurs qui attendaient cette rencontre, à quelques semaines de la possible hausse des droits de douanes sur les importations chinoises. Celle-ci a abouti à des propos d'espoir d'accord sur les relations commerciales entre les deux pays et d'un cessez-le-feu … pendant 90 jours et sous conditions.
Cependant, les détails de cette « trêve » restent vagues et rien n'a été signé. Les économistes et analystes ont donc fait part de leur réticence et les investisseurs se sont donc calmés par la suite.
Inversion des taux
En ce début de semaine la courbe des taux américains s'est partiellement inversée, les taux au 5-ans sont passés en dessous des taux aux 2-ans. Les taux aux 10 ans se rapprochent très fortement d'une inversion également, atteignant un plus bas depuis 11 ans.
Cette situation inquiète grandement les marchés, car elle est perçue comme le signe avant-coureur d'une récession, spécialement pour une inversion des taux 2/10 ans.
L’Europe continue de s’assombrir
La France fait face un mouvement de protestation le plus important depuis des années avec la crise des « Gilets Jaunes » qui continue de prendre de l'ampleur. Le Royaume-Unis n'est plus qu'à 6 jours du vote du Brexit au parlement et aujourd'hui marque le début des 5 jours de débat précédent le vote, tout reste encore à jouer pour Theresa May. Après la montée du populisme en Italie et de l'extrême droite plus récemment en Allemagne, le groupe d'extrême droite espagnole Vox a remporté sa première représentation dans une élection régionale. Enfin, du côté de l'Italie, l'espoir d'un arrangement avec la commission européenne continue d'augmenter même si l'Italie reste toujours réticente à changer de manière significative son budget.
Aymeric Graindorge
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Ce rapport est publié par La Financière Constance Inc. (LFC) le 5 décembre 2018 et s'adresse principalement aux investisseurs institutionnels. Il est fourni à titre de source générale d'information et ne doit pas être considéré comme un conseil en placement, une prévision ou une recherche, et ne constitue pas une recommandation, une offre ou une sollicitation d'achat ou de vente de titres dans un territoire quelconque ou d'adoption d'une stratégie de placement. L'information contenue dans ce rapport provient de sources jugées fiables ; cependant, l'exactitude et/ou l'exhaustivité de l'information n'est pas garantie par LFC, et LFC n'assume aucune responsabilité ou obligation de quelque nature que ce soit. Toutes les opinions exprimées sont sujettes à changement sans préavis. Les stratégies et véhicules d'investissement de LFC peuvent actuellement détenir des positions longues et/ou courtes sur les titres et dérivés mentionnés dans ce rapport. Le rendement passé n'est pas indicatif du rendement futur. Le présent rapport peut contenir des "informations prospectives" qui ne sont pas de nature purement historique. Les énoncés prospectifs ne garantissent pas le rendement futur et comportent des risques et des incertitudes inhérents aux facteurs économiques généraux. Rien ne garantit que les énoncés prospectifs se réaliseront. Nous vous mettons en garde de ne pas vous fier indûment à ces énoncés, car un certain nombre de facteurs importants pourraient faire en sorte que les événements ou les résultats réels diffèrent sensiblement de ceux qui sont exprimés ou sous-entendus dans tout énoncé prospectif formulé. Ce rapport ne peut être reproduit, distribué ou publié sans le consentement écrit de LFC.