
La versatilité du sentiment toujours présente.
Jusqu’à présent la région du Xinjiang était avantageusement plus connue pour son vin que pour les persécutions subies par la minorité ouïgoure. Bien sûr des ONG et l’ONU (en déficit financier de 230 millions et ayant annoncé que des mesures devront être prises pour garantir les salaires jusqu’à la fin de l’année !!) avaient déjà dénoncé en aout 2018 comment cette minorité éthique, majoritairement musulmane, était victime de « lavage de cerveau, de torture » et dont au moins 1 million d’entre eux étaient détenus dans des « camps de rééducation ». A cette époque-là le conflit commercial n’occupait guère les esprits et personne ne se souciait de la situation. Gageons même que personne ne pouvait non plus situer sur une carte cette région chinoise. (Pour ceux qui veulent parfaire leur connaissance géographique… https://fr.wikipedia.org/wiki/Xinjiang)
Mais à deux jours de la 13eme rencontre entre délégation chinoise et américaine, la soudaine moralité américaine (et des marchés naturellement) s’immisce dans la politique intérieure chinoise. Ainsi donc 28 organisations gouvernementales et commerciales chinoises se sont vues reprocher par l’administration américaine leur complicité dans cette entreprise d’ostracisation des ouïgoures. La bonne conscience américaine ne s’est pas arrêtait là, puisque des restrictions de visas visant des responsables du gouvernement et du parti communiste chinois ont été annoncé.
Ces annonces ont totalement éclipsé celle de Jerome Powell, qui a donc annoncé, sans le nommer, un nouvel assouplissement quantitatif, pour, fluidifier le marché monétaire suite à l’épisode des taux repos. C’est une fois encore la volonté de prolonger le cycle qui est également mis en avant. La FED va donc recommencer à accroitre son bilan et son président à laisser la porte ouverte, en fonction des données économiques (pour ne pas perdre la face), à une nouvelle baisse des taux pour octobre. Elle est désormais largement consensuelle, avec une probabilité de 84%. C’est maintenant la 4eme fois que la FED répond à une baisse de marché par un discours très conciliant. L’épisode de stress du dernier trimestre 2018 a visiblement encore plus traumatisé la FED que les opérateurs de marché !!
L’attitude de l’administration Trump est pour le moins singulière. Alors que les signes d’un ralentissement sont présents (nous ne reviendrons pas sur les ISM de la semaine passée) et que la procédure de destitution (qui a, selon les spécialistes, peu de chance d’aboutir) éclabousse néanmoins le président, celui-ci a besoin d’une victoire politique pour redorer son blason et conserver ses chances de réélection. Le président Trump avait d’ailleurs fait part de son enthousiasme durant le weekend de pouvoir mettre fin à la guerre tarifaire. Démontrant sa motivation, il avait même indiqué (certains y ont vu une concession d’ailleurs) que seul un accord global le satisferait.
Un accord global avec la Chine qui serait une bonne nouvelle pour la croissance mondiale, n’est pas forcément dans l’intérêt du candidat républicain qui doit flatter sa base électorale pour être réélu. Mais pas d’accord du tout, c’est assurément un poids conséquent sur la croissance américaine. Paradoxalement, la meilleure situation pour les deux dirigeants chinois et américains, est donc un traité partiel. Les chinois qui ont intérêt à temporiser en espérant que leur prochain interlocuteur sera démocrate (ce qui ne signifie pourtant pas que sa position sera plus souple à leur endroit mais au moins elle sera sans revirement déstabilisant et sans « humiliation ») ont d’ailleurs averti que la délégation qui se rendra aux États-Unis n’avait pas l’intention d’aborder le sujet des subventions d’État.
La décision de L’OMC autorisant les États-Unis à imposer des droits de douane punitifs sur les importations européennes (réglant un différent de 15 ans au sujet des subventions en faveur d’Airbus) peut également être un élément modérateur dans le conflit commercial sino américain, dans la mesure où il peut détourner l’attention sur le front européen, réputé beaucoup moins dur que les chinois.
Le marché continue de montrer une grande nervosité sur le thème de la guerre commerciale. Aujourd’hui ils récupèrent une partie substantielle de leur perte d’hier, sur une nouvelle relayée par Bloomberg selon laquelle la Chine serait prête à un accord. Hier encore la chine annonçait que finalement son vice-ministre Liu He, ne resterait que 24h au lieu des 48h prévu, et qu’il n’avait pas de mission ou message particuliers de la part du président Xi…
Hier la commission européenne a enfoncé un peu plus le clou, indiquant que des mesures de relances budgétaires étaient nécessaires pour éviter une longue période de croissance faible. Cette pression indirecte à destination de l’Allemagne est pour le moment vaine. Mais elle risque d’animer les débats en vue de l’élection du prochain président du SPD. Ce qui ne manquera pas d’alimenter le marché. Car au moment où les actions de la BCE semblent montrer leur limite, l’impact sur le sentiment et l’économie d’une relance budgétaire serait considérable. A n’en pas douter, le thème de la prise de relais budgétaire sera un thème majeur dans les prochains mois. Il sera d’autant plus intéressant que les tensions récentes au sein de la BCE combiné à l’arrivée de Madame Lagarde ne faciliteront pas la portée des actions de la BCE.
Alors que se profile la saison des résultats, ceux de Samsung ont attiré l’attention. Le groupe a fait part de signe de redressement du marché pour la fin d’année. La Corée du Sud étant un ‘indicateur avancé’ de la croissance mondial, faut-il y voir un point d’inflexion?
Olivier Armangau
Les thèmes de la semaine
Marchés européens
Entre les retournements de situations sur le front commercial sino-américain, l’incertitude sur le Brexit, les statistiques mondiales mitigées et les déclarations accommodantes de Jerome Powell, les marchés européens ont fluctué dans toutes les directions. L’Eurostoxx 50 fini tout de même en hausse de 1.35% alors que la volonté de la Chine de dé-escalader les tensions ont soutenu les marchés ce mercredi.

Sur le front commercial américain
· Nouvelles barrières douanières sur les produits européens
Les États-Unis prévoient d'imposer des droits de douane sur des exportations européennes d'une valeur de 7.5 milliards de dollars dès le 18 octobre.
Cette décision survient après le dernier rebondissement dans la dispute de longue date sur le soutien apporté par les gouvernements européens à Airbus. Alors que l'organisation mondiale du commerce (OMC) venait de statuer que les États-Unis pouvaient cibler les marchandises des pays de l'UE parce que le bloc n'avait pas respecté une décision antérieure concernant les subventions gouvernementales pour Airbus.
La liste des marchandises sur lesquelles les États-Unis prévoient d'imposer des droits de douane devrait être publiée plus tard ce mercredi ou jeudi, a déclaré le haut responsable du représentant américain au commerce. Les avions devraient être assujettis à un tarif de 10 %, et une variété d'autres marchandises devraient être assujetties à un tarif de 25 %.
Ces nouvelles mesures pousseront inévitablement l’Union Européenne à riposter, ce qui pourrait déclencher une guerre commerciale transatlantique alors que Donald Trump tente toujours difficilement de parvenir à un accord avec la Chine. « Notre volonté de trouver un règlement équitable reste inchangée », a déclaré Cecilia Malmström, commissaire européenne chargée du commerce, dans une déclaration. « Mais si les États-Unis décident d'imposer des contre-mesures, ils mettront l'UE dans une situation où nous n'aurons d'autre choix que de faire de même. »
· Mini accord commercial avec le Japon afin garder la face
Les États-Unis et le Japon ont signé ce lundi l’accord commercial qui avait été annoncé en août dernier. Dans le cadre de cette entente, les agriculteurs américains pourront récupérer des marchés qui ont été perdus après le retrait des États-Unis du partenariat transpacifique (TPP) en 2017.
L’accord favorise particulièrement les agriculteurs américains en soulevant des droits de douane sur 7 milliards de dollars de produits agricoles américains, permettant de retrouver le même accès aux marchés japonais tel qu’il était sous le TPP. L'accord négocié permet également l’ouverture d’un marché de 40 milliards de dollars sur le commerce numérique entre les deux pays, ce qui représente la plus grande amélioration par rapport au TPP.
Cependant, cet accord ne tient pas compte du secteur automobile, point important pour le japon, ni d’autres exportations importantes des États-Unis vers le Japon, tel que les avions, le gaz propane liquéfié et le matériel de fabrication de semi-conducteurs.
Bien que Trump ait qualifié cet accord de « grande victoire pour les agriculteurs, les éleveurs et les producteurs des États-Unis », en vérité, il ne permet de récupérer qu'une partie des avantages du partenariat transpacifique. Un accord plus large et complet pourrait cependant être signé en 2020. Donald Trump a déclaré que les deux pays y travaillaient.
· La tension monte avec la Chine
Les négociateurs commerciaux des États-Unis et de la Chine ont entamé lundi deux jours de pourparlers visant à préparer le terrain pour les premières négociations de haut niveau depuis des mois. La Maison-Blanche a officiellement confirmé que les pourparlers auxquels participeront le vice-premier ministre chinois Liu He, le représentant américain au commerce Robert Lighthizer et le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin, commenceront jeudi 10 octobre.
Ces discussions se dérouleront ainsi quelques jours avant que les États-Unis augmentent leurs droits de douane de 25% à 30% sur 250 milliards de dollars de marchandises chinoises, soit le 15 octobre si aucun progrès n’est effectué.
Ces derniers jours auront cependant été marqués par des événements qui laissent présager que des avancés soient difficilement atteignable.
En effet, les États-Unis ont mis sur liste noire 28 entités chinoises ce lundi selon le motif de violations des droits de l'homme lié au traitement des minorités musulmanes dans le Xinjiang. Le ministère chinois des Affaires étrangères a critiqué cette décision, affirmant que les États-Unis utilisaient des violations « présumées » des droits de l'homme comme « prétexte pour interférer dans les affaires intérieures de la Chine ».
De plus, la crise politique à Hong Kong qui continue de s’aggraver avec une hausse des violences pourrait également nuire aux négociations commerciales pour la Chine. Donald Trump a notamment appelé à un règlement pacifique des protestations. Ce qui a encore une fois déplu à Pékin qui considère que le soutien des États-Unis aux manifestations en faveur de la démocratie à Hong Kong porte atteinte à sa souveraineté. Pour ne rien arranger, la Chine a décidé de boycotter la NBA après un tweet du directeur général de l’équipe de Houston en soutient aux protestations pro démocratie de Hong Kong, soulevant une vague d’indignation contre cette atteinte à la liberté d’expression.
Tout n’étant pas perdu pour autant, certaines sources déclarent que les responsables chinois ont proposé ce matin d'augmenter les achats de produits agricoles américains dans le cadre d'un accord intérimaire entre Pékin et Washington qui permettrait d'éviter une nouvelle série de hausses tarifaires, telle que prévu le 15 octobre.
Point mort dans la saga Brexit
Alors que mercredi 2 octobre Boris Johnson faisait parvenir à l’Union Européenne son « offre finale » à prendre ou à laisser, un accord semble encore loin de voir le jour. L’UE a réagi avec consternation à cette offre, avec entre autres le Premier ministre irlandais, Leo Varadkar, affirmant qu'il ne répondait pas aux « objectifs convenus » du backstop, et le Parlement européen déclarant qu'il était simplement « non acceptable ».
Cette semaine les négociations se sont tout de même poursuivies sur le projet d’accord de Boris Johnson alors que le négociateur en chef de l’UE, Michel Barnier, dit croire en la volonté du Premier ministre britannique de trouver une issue.
Toutefois, après un échange téléphonique entre Boris Johnson et Angela Merkel, une source à Downing Street la chancelière aurait prévenu son homologue britannique qu'un accord était « extrêmement improbable » sans nouvelles propositions de sa part prévoyant un maintien de l'Irlande du Nord dans l'union douanière européenne, ce que le Royaume-Uni refuse.
À désormais 22 jours de la « date de sortie officielle », c’est toujours l’incertitude qui prévaut. Si un accord semble difficilement atteignable, le report paraît être la seule solution, mais Boris Johnson ne semble pas encore vouloir s’y résigner.
Aymeric Graindorge
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Ce rapport est publié par La Financière Constance Inc. (LFC) le 9 ocotbre 2019 et s'adresse principalement aux investisseurs institutionnels. Il est fourni à titre de source générale d'information et ne doit pas être considéré comme un conseil en placement, une prévision ou une recherche, et ne constitue pas une recommandation, une offre ou une sollicitation d'achat ou de vente de titres dans un territoire quelconque ou d'adoption d'une stratégie de placement. L'information contenue dans ce rapport provient de sources jugées fiables ; cependant, l'exactitude et/ou l'exhaustivité de l'information n'est pas garantie par LFC, et LFC n'assume aucune responsabilité ou obligation de quelque nature que ce soit. Toutes les opinions exprimées sont sujettes à changement sans préavis. Les stratégies et véhicules d'investissement de LFC peuvent actuellement détenir des positions longues et/ou courtes sur les titres et dérivés mentionnés dans ce rapport. Le rendement passé n'est pas indicatif du rendement futur. Le présent rapport peut contenir des "informations prospectives" qui ne sont pas de nature purement historique. Les énoncés prospectifs ne garantissent pas le rendement futur et comportent des risques et des incertitudes inhérents aux facteurs économiques généraux. Rien ne garantit que les énoncés prospectifs se réaliseront. Nous vous mettons en garde de ne pas vous fier indûment à ces énoncés, car un certain nombre de facteurs importants pourraient faire en sorte que les événements ou les résultats réels diffèrent sensiblement de ceux qui sont exprimés ou sous-entendus dans tout énoncé prospectif formulé. Ce rapport ne peut être reproduit, distribué ou publié sans le consentement écrit de LFC.