
La ‘teslatisation’ du marché
Les analystes commencent à publier leurs estimations de croissance pour la Chine (exercice bien présomptueux tant la situation est confuse et les observations rendues plutôt difficiles, mais qu’importe) en très forte baisse (en gros il divise par deux la croissance qui était déjà jugée comme problématique par le consensus), le FMI, comme à son habitude, lance un avertissement sur l’économie mondiale, les autorités chinoises prolongent les fêtes du nouvel an jusqu’au 9 février pour limiter les déplacements (nous sommes encore loin d’un arrêt de la propagation du virus), les quarantaines s’accroissent, les frontières physiques avec la Russie et Hong-Kong sont fermées, les autorité sanitaire internationales préviennent d’une propagation prochaine et autrement plus conséquence en Afrique et lance parallèlement un appel de fonds de USD 675 millions pour combattre l’épidémie…
Également les grandes sociétés préviennent des conséquences néfastes du virus sur leur résultats, ainsi que sur la rupture de leur chaine d’approvisionnement. Certaines entreprises étudient la recomposition de leur chaine de valeur, tout comme ce fut le cas durant la mascarade des négociations commerciale sino-américaines. A la différence du différent commercial, il n’aura fallu que quelques jours aux acteurs économiques pour anticiper les conséquences de cette crise du coronavirus sur leurs activités. C’est dire si l’impact réel est autrement plus important, global, que celui lié aux questions commerciales, qui était somme toute plus diffus.
En toute objectivité, (en toute logique pour les plus téméraires d’entre vous) de tels éléments devraient susciter à tout le moins des interrogations, des incertitudes sur les marchés. Bien au contraire ! Les marchés américains sont sur leurs plus hauts historiques ou presque, et les marchés européens ont également rattrapé l’accès de faiblesse de la semaine passée. La volatilité implicite s’effondre illustrant bien l’absence de risque perçu.
Comme à l’accoutumé, les banques centrales (en l’occurrence la chinoise) ont volé à la rescousse des opérateurs de marché. Des injections de liquidité durant 2 jours auront donc suffi pour annihiler le sentiment anxiogène qui prévalait il y a encore 3 jours. On nous avait même ressortie du placard la ‘fameuse’ inversion de la courbe et le retour des prédictions récessives.
Le consensus table sur un ralentissement du rythme de contamination pour la mi-février (c’est heureux vu qu’un vaccin ne semble pas pouvoir être disponible avant 1 an…) et finalement comme les dernières données économiques européennes et américaines sont encourageantes, le marché anticipe désormais la résilience de la croissance mondiale.
Finalement, vu qu’à chaque alerte sur les marchés on se projette sur le rebond futur rassuré que nous sommes par le soutien indéfectible des banquiers centraux, il ne devrait plus jamais y avoir de raison pour que le marché baisse ! Donc…il monte, vite et fort. Pour retrouver un tel niveau de confiance il faut revenir 20 ans en arrière. À une époque ou Ciena (un concurrent de Cisco) se traitait tranquillement avec un PE de 1 000 sur des anticipations de croissance exceptionnelle. Le titre valait 840 USD. Il traitait hier à 42 USD après avoir doublé en 2019…l’exemple est évidement volontairement provocateur, mais l’argumentation de l’époque ressemble beaucoup à celle qui prévaut aujourd’hui sur Tesla (au hasard)
Ce qui est étonnant, c’est que sur le marché du pétrole, les intervenants, les analystes, les stratèges, s’inquiètent des conséquences négatives sur l’économie (et donc sur la demande en pétrole) du coronavirus. Cela se traduit par une baisse de 20% en moins d’un mois. En sommes les mêmes arguments sont finalement un soutien pour les actions et un frein pour le pétrole !! Il faut dire aussi que la perception des actions des banques centrales semblent plus efficaces que les réunions de crise de l’OPEP.
Cet ‘épisode’ du coronavirus se terminera surement d’ici quelques jours (pour le marché uniquement, bien entendu), avant, bien sûr d’être de nouveau agité, lors de la prochaine réunion de la BCE, puis de la FED pour justifier une baisse des taux et/ou des commentaires accommodants, d’autant plus confortablement, que l’inflation n’est toujours pas au rendez-vous et que les dernières données sur la consommation américaine étaient sur les ‘bas’ niveaux de début 2019.
Accaparant toute l’attention, le coronavirus (qui attend toujours son nom officiel de l’OMS) éclipse le début des négociations entre les anglais et l’union européenne.
Le moins qu’on puisse dire c’est que l’intimidation, la menace, la pression, le chantage semble devenir la norme des négociations internationales. Ainsi, le 1er ministre britannique, par la voie d’un responsable gouvernemental a indiqué dans la presse anglaise : « Nous prévoyons d'imposer des contrôles complets sur toutes les importations de l'UE - déclaration en douane d'exportation, déclaration de sûreté, certificat sanitaire pour les animaux et passage de tous les biens vendus en supermarché par les services d'inspection aux frontières ». Avec cette menace (un cauchemar administratif et chronophage pour les exportateurs européens) les anglais, qui veulent évidement un accord de libre-échange avec l’Europe, se positionne d’entrée de jeu en opposition frontale.
Assurant lors d’un discours officiel que le Royaume- Uni ne ferait aucune concurrence déloyale (rien que de l’évoquer c’est déjà l’envisager) à l’union européenne, cette dernière, de nouveau en position de faiblesse, s’est dite encline à un accord commercial très ambitieux. Boris Johnson met également la pression en discutant avec les Etats-Unis et le Japon… Des menaces de taxes douanière vis-à-vis de l’union européenne ont également été brandies. Même le calendrier serré (pour ne pas dire impossible) va obliger les européens à des concessions. Les effets de manche de monsieur Barnier, n’auront certainement d’utilités que de ne pas perdre la face.
Un air de déjà vu, qui, peut-être animera les marchés
Olivier Armangau
Les thèmes de la semaine
Marchés européens
Les marchés européens finissent le mois de janvier en fortes baisses à causes des inquiétudes sur l’épidémie du coronavirus avant de repartir à la hausse face à des perspectives positives sur l’évolution de la situation. L’Eurostoxx 50 termine la période avec une hausse de 1.1% et une amplitude de 3.65%, et la volatilité baisse de seulement 5.65%.

Coronavirus
Le Coronavirus aura été au centre de l’attention des marchés financiers cette semaine. La déclaration de l’OMS jeudi dernier définissant le Coronavirus comme « urgence de santé publique de portée internationale » a intensifié les craintes, et alors que les marchés financiers chinois étaient encore en vacances pour le Nouvel An lunaire, les marchés financiers mondiaux ont subi la situation, -2.12 % pour le S&P 500 et -3.05 % pour l’Eurostoxx 600 sur la semaine précédente. Cependant, lundi, à la reprise des cotations chinoises, les indices du pays ont rattrapé leur retard, -7.9 % pour l’indice de Shanghai et -8.5 % pour l’indice de Shenzhen.
Le bilan de la situation continue de s’intensifier cette semaine, le virus a fait jusqu'à présent 493 victimes et près de 25,000 infectés. Et c’est plus d'une douzaine de provinces chinoises qui ont annoncé une prolongation d'une semaine supplémentaire les fêtes du Nouvel An lunaire pour contenir la propagation du virus, paralysant ainsi près de la moitié des activités du pays. Pour le moment, seule une semaine d'arrêt supplémentaire est prévue, mais plus le coronavirus continuera de réduire la production industrielle de la Chine, plus le risque de perturbation des usines ailleurs s'intensifie.

Malgré la situation, les marchés sautent sur chaque nouvel élément positif pour repartir de plus belle à la hausse.
Ainsi, lundi la Banque centrale de Chine (PBOC) qui a injecté 1.2 trillions de yuans (173,81 milliards de dollars) sur les marchés monétaires par le biais d’obligation reverse repos et a abaissé de manière inattendue les taux d'intérêt sur ces obligations de 2.50 % à 2.40 %, afin de réduire le coût des emprunts à court-terme.
De plus, la férocité du virus semble relative. Dans un communiqué officiel, la Commission nationale chinoise de la santé a déclaré mardi qu’environ 80 % des personnes décédées avaient plus de 60 ans et 75 % d'entre elles souffraient de problèmes de santé préexistants tels que des maladies cardiovasculaires et le diabète. Par ailleurs, la même commission déclare que le taux de fatalité en Chine n'est ‘que’ de 2.1 %. L’OMS rassure également sur l'effet de propagation en déclarant que 80 % des cas de coronavirus en Chine se trouvent dans la province centrale du Hubei, que toutes les provinces ne sont pas touchées, et que 99 % de tous les cas présents dans le monde se trouvent en Chine.
Enfin, les espoirs d’un traitement grandissent avec deux géants de la Biotech en course, Gilead Sciences et Regeneron Pharmaceuticals. La Chine a demandé un brevet pour l'utilisation d’un médicament de la société Gilead Sciences, connu sous le nom de remdesivir, pour traiter le coronavirus. Alors que le médicament expérimental de Gilead n'est ni autorisé ni approuvé dans le monde entier, il fait déjà l'objet d'essais accélérés sur des patients atteints de coronavirus en Chine, après avoir montré des signes précoces de grande efficacité. Les États-Unis quant à eux ont annoncé mardi leur collaboration avec Regeneron afin de développer un traitement contre le coronavirus à l'aide d’une catégorie de médicaments ayant servi contre l'Ebola.
Données économiques
· PMIs
L’activité des entreprises de la zone euro s’est accélérée le mois dernier selon l’indice PMI de IHS Markit. Ce dernier, considéré comme indicateur de la bonne santé économique, a atteint un plus haut niveau depuis 5 mois à 51.3, continuant son ascension en zone d’expansion et suggérant que le pire est peut-être passé pour l'économie du bloc. Le PMI de janvier a également battu une estimation préliminaire qui ne suggérait aucun changement par rapport au mois précédent, soit à 50.9.

Toutefois, les données ont été largement collectées avant que l'épidémie de coronavirus ne se propage au-delà des frontières de la Chine, ce qui a fait peser des risques sur la croissance mondiale.
· Balance commerciale : États-Unis
Le déficit commercial a diminué de 1.7 % l'an dernier, pour atteindre 616.8 milliards de dollars, et a ainsi diminué pour la première fois depuis 2013. La guerre commerciale de Washington avec Pékin a permis en grande partie de réduire ce dernier. Le déficit commercial avec la Chine a chuté de 17.6 % pour atteindre 345.6 milliards de dollars en 2019. Tandis que les déficits des balances commerciales avec le Mexique et avec l’Union européenne ont atteint des niveaux records de 101.8 et 177.9 milliards de dollars respectivement l'année dernière.
Par ailleurs, Donald Trump avait fait valoir qu'une réduction substantielle du déficit commercial permettrait de porter la croissance économique annuelle à 3 % sur une base durable. L'économie n'a cependant pas atteint ce niveau, avec une croissance de 2.3 % en 2019, en baisse par rapport à celle de 2019 à 2.9 % et la plus faible en trois ans.
· Balance commerciale : Brésil
Le Brésil a affiché un déficit commercial de 1.745 milliards de dollars en janvier, soit le premier déficit en cinq ans. De plus, le ministère de l'économie avait déclaré le mois dernier qu'il s'attendait à ce que l'augmentation des importations cette année conduise à un excédent commercial annuel encore plus faible que celui de l'année dernière, qui était lui-même le plus faible depuis 2015.
Le déficit de 1.745 milliards de dollars le mois dernier a été alimenté davantage par une forte baisse des exportations, qui ont chuté de 20 % à 14.43 milliards de dollars par rapport au même mois de l'année dernière, que par les importations qui n’ont baissé que de 1.3 % à 16.175 milliards de dollars.
Le ministère de l'économie publiera en avril son estimation officielle de la balance commerciale pour 2020. La banque centrale a déclaré en décembre qu'elle s'attendait à ce que l'excédent commercial se réduise encore cette année pour atteindre 32 milliards de dollars, contre 46.7 milliards l'année dernière.
Aymeric Graindorge
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Ce rapport est publié par La Financière Constance Inc. (LFC) le 5 février 2020 et s'adresse principalement aux investisseurs institutionnels. Il est fourni à titre de source générale d'information et ne doit pas être considéré comme un conseil en placement, une prévision ou une recherche, et ne constitue pas une recommandation, une offre ou une sollicitation d'achat ou de vente de titres dans un territoire quelconque ou d'adoption d'une stratégie de placement. L'information contenue dans ce rapport provient de sources jugées fiables ; cependant, l'exactitude et/ou l'exhaustivité de l'information n'est pas garantie par LFC, et LFC n'assume aucune responsabilité ou obligation de quelque nature que ce soit. Toutes les opinions exprimées sont sujettes à changement sans préavis. Les stratégies et véhicules d'investissement de LFC peuvent actuellement détenir des positions longues et/ou courtes sur les titres et dérivés mentionnés dans ce rapport. Le rendement passé n'est pas indicatif du rendement futur. Le présent rapport peut contenir des "informations prospectives" qui ne sont pas de nature purement historique. Les énoncés prospectifs ne garantissent pas le rendement futur et comportent des risques et des incertitudes inhérents aux facteurs économiques généraux. Rien ne garantit que les énoncés prospectifs se réaliseront. Nous vous mettons en garde de ne pas vous fier indûment à ces énoncés, car un certain nombre de facteurs importants pourraient faire en sorte que les événements ou les résultats réels diffèrent sensiblement de ceux qui sont exprimés ou sous-entendus dans tout énoncé prospectif formulé. Ce rapport ne peut être reproduit, distribué ou publié sans le consentement écrit de LFC.