
La deuxième vague … de hausse ?
Une fois encore les marchés ont été d’une clairvoyance extraordinaire. Après avoir considéré la Covid-19 comme une pandémie ‘utile’ pour institutionaliser l’aléa moral, ils ont ensuite considéré que finalement le virus avait disparu mais qu’il était quand même pertinent de se faire peur de temps à autre pour toujours tester le soutien des banquiers centraux (qui continuent de se précipiter à la moindre alerte) et des gouvernements.
Monsieur Powell lors de la conférence de presse du comité de politique monétaire de la FED a, sans surprise, mis en avant une forte incertitude sur les perspectives économiques (prévision de PIB en baisse de 6.5% pour l’année) mais dans le même temps il a assuré que la FED serait présente d’autant plus que, contrairement au marché (bien sûr) les banquiers centraux anticipent un marché de l’emploi délicat. Le clou du ‘spectacle’ fut sa réponse à une question concernant l’éventualité d’une bulle sur les marchés. Il a soutenu évidement que l’institution ne portait pas d’attention au niveau du prix des actifs.
Personne ne l’a cru évidemment.
Et d’ailleurs quelques jours plus tard, alors qu’une petite baisse de marché n’avait pas encore eu le temps de se transformer en ‘buy the dip’, la FED a, innocemment, indiqué qu’elle allait commencer à acheter directement des obligations d’entreprises. La nouvelle n’en n’était pourtant pas une, car l’annonce avait été faite 3 mois précédemment, mais cela a permis aux marché actions, naturellement, de rebondir fortement.
Heureusement que la FED ne s’intéresse pas au niveau du prix des actifs…
Certes Jerome Powell s’est acheté hier une caution morale, devant la commission bancaire du Sénat en indiquant que l’institution ajusterait son programme d’achat direct de titre particulièrement sur le marché du crédit, mais, il en faudra bien plus pour que le marché n’interprète pas ses propos de lundi comme la disparition du risque.
Comme la BCE, et parce qu’évidemment les actions des banques centrales n’ont qu’un impact participatif faible sur la ‘vraie vie’ des ‘vrais gens’, il a milité pour un nouveau plan de relance budgétaire.
La fameuse seconde vague qui inquiétait les mêmes opérateurs, qui quelques jours auparavant mettaient en avant une reprise en V et se gargarisaient des chiffres de l’emploi meilleurs que prévus (grâce à une erreur statistique pourtant relevée par le bureau du travail lors de la publication) n’est donc plus qu’un énième épisode de schizophrénie du marché.
La clownerie, chaque semaine ou presque, concernant les avancées au sujet d’un traitement et/ou d’un vaccin alimente également toutes ses gesticulations de marché. A chaque fois c’est l’occasion d’assister à la mutation de la communauté financière en un spécialiste reconnu et infaillible de la virologie, de l’épidémiologie.
Si même la prestigieuse revue britannique The Lancet est en train de succomber au court-termisme ou pire, au raccourci analytique (cf le fiasco entourant la publication d’une étude sur l’hydroxychloroquine) il ne faut plus attendre grand-chose du raisonnement.
Alors que Pékin a de nouveau fermé ses écoles et universités et appelé ses habitants à limiter les déplacements suite à un retour de la Covid-19, le président Trump sort de son chapeau, une nouvelle fois, son plan de relance en infrastructure.
Le 12 février 2018 c’était un plan de 1500 à 1700 milliards qui été présenté sur 10 ans.
C’était également une promesse électorale qui avait été agitée en même temps que la réforme fiscale de 2017.
Cette fois il s’agirait de 1 000 milliards, alloués pour des infrastructures routières ainsi qu’au déploiement de la 5G dans les zones rurales. Comme à chaque fois, l’effet sur le marché ne se dément pas…
Dans la même veine, partant de référentiels d’avril épouvantables, les dernières statistiques économiques (vente au détail) sont forcément sorties en fort rebond, permettant au marché de trouver, une nouvelle fois des relais pour justifier la poursuite de ce rallye impressionnant.
Si tous les stratèges de marchés, ou presque, semblent unanimes pour s’étonner du rythme de progression des indices, force est de constater que les appels à la raison, n’ont aucune prise sur les intervenants.
Valorisations, endettement, perspectives économiques et autre situation sanitaire semblent n’avoir qu’un poids relatif face à des plans de rachats d’actifs sans limite qui pourraient également englober prochainement le marché action (pour la FED et la BCE).
- Olivier Armangau
Les thèmes de la semaine
Marchés européens
En fin de semaine dernière, les marchés européens ont continué à reprendre leur souffle, commencé en début de semaine, après deux semaines de fortes hausses propulsant l’Eurostoxx 50 de plus de 16% sur la période du 25 mai au 5 juin.
Sur la période, l’Eurostoxx 50 perd 80 pdb et le Vstoxx augmente de 17.66%.

La Fed prévoit une reprise difficile …
Confrontée à une économie en récession et à un chômage élevé, la Réserve fédérale a indiqué mercredi dernier qu'elle prévoyait de maintenir son taux d'intérêt directeur à court terme proche de zéro jusqu'en 2022. Elle a également déclaré qu'elle continuera à acheter chaque mois environ 120 milliards de dollars de bons du Trésor et d'obligations hypothécaires pour maintenir des taux d'emprunt à long terme bas afin de stimuler les dépenses et la croissance.

Il est clair que la Fed n'anticipe pas une reprise économique en V et qu'elle est en mesure d'agir avec force pour soutenir l'économie, les projections suggèrent par ailleurs que la Fed ne voit pas l'économie se remettre complètement de la récession avant 2023. Les responsables de la Fed estiment que l'économie va se contracter de 6.5% cette année, conformément à d'autres prévisions, avant d'augmenter de 5% en 2021. Ils prévoient également que le taux de chômage devrait redescendre à 9.3%, d'ici la fin de l'année.
Bien que la déclaration de politique générale et les prévisions économiques fournissent quelques détails sur la politique de taux d'intérêt de la banque centrale, la Fed n'a toujours pas fait connaître explicitement ses plans à moyen terme en matière de politique monétaire.
De plus, la Réserve fédérale a déclaré ce lundi qu'elle commencerait à acheter des obligations d'entreprises privées dans le cadre de sa facilité de crédit aux entreprises du marché secondaire, son programme de prêt d'urgence qui, jusqu'à présent, n'a servi à acheter que des fonds négociés en bourse. Cette nouvelle a été particulièrement bien reçue, le S&P 500 a notamment effacé une baisse de 2.5% durant la journée afin de finir en hausse de 80 pdb.
… alors que la Maison Blanche estime une reprise en V
Compte tenu des récentes surprises à la hausse des données économiques sur la croissance et les mesures politiques, les espoirs de reprise en V sont de plus en plus prononcés aux États-Unis.
Larry Kudlow, le principal conseiller économique de Donald Trump, a offert des perspectives plus réjouissantes que le président de la Réserve fédérale la semaine dernière, en disant qu’« il y a de très bonnes chances qu’il y ait une reprise en forme de V ». Selon Kudlow, le taux de chômage devrait continuer de baisser et l’année 2021 sera « une autre année solide, très solide » pour les États-Unis.
Morgan Stanley a également déclaré lundi qu’une reprise en « V » était de plus en plus probable. Selon Morgan Stanley, trois raisons principales permettent d’estimer que le rebond sera rapide, tout d’abord, il s'agit d'un choc exogène au marché qui n’a pas été déclenché par d'énormes déséquilibres. Ensuite, les pressions de désendettement seront plus modérées en raison de l’endettement globale. Enfin, le soutien politique a été décisif et massif, et sera efficace pour stimuler la reprise.
Parmi ces surprises à la hausse des données économiques, cette semaine ce sont les ventes aux détails aux États-Unis qui sont ressortis en nette hausse et bien au-dessus des attentes. Alors que le consensus estimait une légère hausse de 8% en mai, après un mois d’avril à -14.7% (chiffre révisé), les ventes aux détails ont augmenté de 17.7%.
Deuxième vague de Covid-19 aux États-Unis ?
Les infections mondiales au Covid-19 ont dépassé la barre des 8 millions et on constate une résurgence des cas dans certains états américains qui ont entamé le processus de déconfinement.
Aux États-Unis, ce sont plus 119,000 personnes qui sont mortes du coronavirus, et plus de 2.2 millions de cas ont été signalés. Toutefois ce constant continue de s’aggraver, ce mardi neuf états - l'Alabama, l'Arizona, la Floride, le Nevada, la Caroline du Nord, l'Oklahoma, l'Oregon, la Caroline du Sud et le Texas - ont soit enregistré de nouveaux records en une seule journée, soit établi un record pour la moyenne de sept jours des nouveaux cas de coronavirus.
Toutefois, malgré cette récente augmentation dû au déconfinement – que l’on ne constate pas chez les autres pays ayant déconfiné en douceur – la situation a davantage l’apparence d’une première vague qui n’arrive pas à être contenu qu’une seconde vague à proprement parlé. En effet, le nombre de cas quotidien oscille aux alentours des 23,000 depuis plus d’un mois, le chiffre n’a pas drastiquement augmenté ces derniers jours ni diminuer comme certains pays dont les mesures étaient plus strictes. On notera cependant la baisse notable du nombre décès lié au virus.
Ainsi, les propos concernant une seconde vague sont très exagérés à ce stade et se basent sur une partie des États-Unis seulement qui voient leur nombre de cas augmenter tandis que d’autres arrivent à le diminuer.
Avancée majeure pour le traitement du Covid-19
La dexaméthasone, un médicament vieux de plus de 60 ans, est le premier à augmenter les chances de survie face au Covid-19, marquant une percée majeure dans le traitement du Covid-19.
Les résultats d'un essai clinique annoncés mardi ont montré que la dexaméthasone, qui est utilisée pour réduire l'inflammation dans d'autres maladies, a réduit le taux de mortalité d'environ un tiers chez les patients les plus gravement malades du COVID-19 admis à l'hôpital qui étaient sous respirateur et d'un cinquième celui des patients sous oxygène.
Ces résultats proviennent d'un vaste essai clinique britannique, conçu pour tester six thérapies potentielles, dont la dexaméthasone, contre les soins habituels. Les enquêteurs britanniques qui ont dirigé l'essai ont déclaré avoir choisi la voie non-conventionnelle consistant à énoncer les résultats avant de fournir des données supplémentaires en raison de l'importance de la santé publique.
Les résultats suggèrent que le médicament devrait immédiatement devenir un soin standard chez les patients atteints de cas graves de la maladie pandémique, ont déclaré les chercheurs qui ont dirigé les essais. Cette nouvelle concernant l’efficacité de ce médicament est d’autant plus positive du fait que ce soit un stéroïde bon marché et déjà largement utilisé par les médecins du monde entier.
Toutefois, les médecins étrangers ont tempéré leur optimisme à propos de la nouvelle en lançant des appels urgents pour que les détails des résultats des chercheurs soient publiés afin que les médecins puissent examiner les données et comprendre les avantages et les limites du médicament afin qu’ils puissent utiliser ce traitement s’il correspond à leurs attentes. D'ailleurs, dès mardi après-midi, les directives de traitement de l'Organisation mondiale de la santé recommandaient de ne pas utiliser de stéroïdes en raison du manque de preuves que les avantages des médicaments l'emportent sur les inconvénients potentiels.
Des nouvelles du Brexit
Après avoir été largement mis de côté ces derniers mois, les discussions du Brexit commencent à revenir sur le devant de la scène. Le Royaume-Uni et l'Union européenne prévoient d'accélérer le rythme des négociations pour tenter de sortir de l'impasse dans laquelle se trouvent leurs futures relations. D’autant que le temps presse, puisque le Royaume-Uni qui avait jusqu’au 1er juillet pour demander un allongement de la période de transition, a officiellement rejeté ce délai de transition post-Brexit en fin de semaine dernière.
Les dernières nouvelles sur les négociations ont été positives, Boris Johnson a d’ailleurs déclaré que les deux parties n'étaient « pas si éloignées l'une de l'autre », mais qu'il fallait « un peu de dynamisme » afin d’accélérer les choses. Toutefois, il reste des points épineux à résoudre et l'Allemagne exhorte l'UE à élaborer des plans d'urgence pour un « no deal Brexit 2.0 », avertissant que les États membres ne devraient pas adhérer « à tout prix » aux plans britanniques pour un accord rapide de commerce et de sécurité.
Par ailleurs, au début de cette année, Michael Gove avait annoncé que le Royaume-Uni avait l'intention de mettre en place une frontière complète en matière de douane, de TVA et de réglementation à la fin de la période de transition. Cependant, le gouvernement britannique a déclaré la semaine dernière que les entreprises ne pouvaient pas être confrontées simultanément à la situation du Covid-19 et à la perspective de perturbations à la frontière à la fin de la période de transition post-Brexit. Qu'il y ait accord ou non, le Royaume-Uni prévoit ainsi d'introduire un régime temporaire de « frontière souple » avec l'UE afin d'éviter d'alourdir les charges des entreprises. Morgan Stanley prévoit qu'un Brexit dur et une seconde vague d'infections de coronavirus pourraient faire passer les taux en territoire négatif.
- Aymeric Graindorge
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Ce rapport est publié par La Financière Constance Inc. (LFC) le 17 juin 2020 et s'adresse principalement aux investisseurs institutionnels. Il est fourni à titre de source générale d'information et ne doit pas être considéré comme un conseil en placement, une prévision ou une recherche, et ne constitue pas une recommandation, une offre ou une sollicitation d'achat ou de vente de titres dans un territoire quelconque ou d'adoption d'une stratégie de placement. L'information contenue dans ce rapport provient de sources jugées fiables ; cependant, l'exactitude et/ou l'exhaustivité de l'information n'est pas garantie par LFC, et LFC n'assume aucune responsabilité ou obligation de quelque nature que ce soit. Toutes les opinions exprimées sont sujettes à changement sans préavis. Les stratégies et véhicules d'investissement de LFC peuvent actuellement détenir des positions longues et/ou courtes sur les titres et dérivés mentionnés dans ce rapport. Le rendement passé n'est pas indicatif du rendement futur. Le présent rapport peut contenir des "informations prospectives" qui ne sont pas de nature purement historique. Les énoncés prospectifs ne garantissent pas le rendement futur et comportent des risques et des incertitudes inhérents aux facteurs économiques généraux. Rien ne garantit que les énoncés prospectifs se réaliseront. Nous vous mettons en garde de ne pas vous fier indûment à ces énoncés, car un certain nombre de facteurs importants pourraient faire en sorte que les événements ou les résultats réels diffèrent sensiblement de ceux qui sont exprimés ou sous-entendus dans tout énoncé prospectif formulé. Ce rapport ne peut être reproduit, distribué ou publié sans le consentement écrit de LFC.