
La confiance, toujours
A bien des égards, la situation au Moyen-Orient entre les Etats-Unis et l’Iran (par ordre alphabétique) rappelle ce que nous avons connu depuis 18 mois sur le front de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis (toujours par ordre alphabétique). Lutte d’influence et tension stratégique, escalade verbale puis concrète, et enfin des discussions/négociations pour aboutir à un soulagement. Puis sa recommence…
Sur les marchés cela s’est traduit par des accès de faiblesses, de moins en moins importants, mis à profit systématiquement par les intervenants pour l’acheter. Ce comportement aura été encouragé par l’attitude et les actions très accommodante des banques centrales.
Aujourd’hui, les belligérants commerciaux ont donc signé à la Maison Blanche le fameux accord commercial de phase 1. Le marché prendra connaissance de son contenu (ça devrait nous interpeller quand même un peu sur la capacité du marché à faire preuve de discernement dans ce dossier) mais surtout, pour le consensus c’est l’assurance que désormais l’accalmie entre les deux puissances va perdurer jusqu’aux élections américaines.
En même temps que le Trésor américain retirait la Chine de la liste des « manipulateurs de devises » Donald Trump tentait de convaincre les anglais, par l’entremise de de son conseiller adjoint à la sécurité nationale envoyé à Londres, de ne pas choisir Huawei pour le développement de la 5G en Grande Bretagne.
Grande Bretagne, qui pourrait d’ailleurs se rappeler à notre bon souvenir. Ainsi donc, à 15 jours de la sortie du Royaume-Uni de l’union européenne (le texte traduisant dans la loi l’accord de sorti a été adopté le 9 janvier par les députés), l’optimisme de Boris Johnson quant à sa capacité de conclure les accords avec l’UE (d’ici à la fin d’année) régissant les relations futures entre les 2 blocs économiques, semblent s’estomper. Ce dernier reconnaissant que la tenue du calendrier serait délicate.
Les négociations débuteront le 1er février, mais déjà la présidente de la commission européenne et le négociateur en chef de l’UE, mettent la pression. L’une annonçant que 11 mois ne serait pas suffisant et que les discussions seront « dures » l’autre avertissant des « conséquences concrètes » pour les citoyens, consécutivement à la fin de la libre circulation des personnes.
Par anticipation des écueils auxquels pourraient faire face l’économie anglaise, le gouverneur de la banque d’Angleterre (un canadien) qui s’était refusé jusqu’ici à considérer un assouplissement quantitatif durant les négociations, l’évoque désormais…
Le gouverneur de la Banque de France, quant à lui, a fait 2 sortie remarquée. Il estime que les taux d’intérêts négatifs de la BCE ont atteint leur point bas, indiquant que si la stabilisation économique se confirme « il devrait s’ensuivre une stabilisation de la politique monétaire ». Il a également fait mention d’un objectif d’inflation qui doit être « crédible ». Ces deux sujets, entre autres, s’inscrivent dans l’examen approfondi de la stratégie monétaire de la BCE, et de ses outils, initié par Christine Lagarde.
Ces quelques éléments ne sont visiblement que des distractions.
Les marchés américains qui ont touchés encore cette semaine des plus haut historiques, et des marchés européens toujours très bien orientés, renvoient donc encore un sentiment extrêmement positif et, de fait, une aversion au risque presque inexistante. En fait il semble que la peur de rater la prochaine hausse du marché est toujours plus importante que son risque intrinsèque !
La saison des résultats qui a débuté hier, illustre encore certains paradoxes qui continuent d’alimenter le marché. Alors que les inquiétudes récessives étaient présentes une bonne partie de l’année, il est assez cocasse de noter que les résultats de JPMorgan hier sont les meilleurs de son histoire grâce à…la vigueur de la croissance américaine ! La banque relève que, tant de la perspective des crédits que du sentiment, le consommateur américain est en grande forme. De même le sentiment des entreprises bien meilleurs qu’il y a 6 mois, laisse présager de bonnes perspectives pour la banque, selon sa directrice financière.
Il ne faut pas non plus négliger la dynamique habituelle lors des résultats. Dans un premier temps, quelques semaines avant leur publication, les entreprises s’emploient à véhiculer des messages mitigés voire pessimistes sur les résultats à venir. Ce qui entraine donc des révisions à la baisses des estimations par les analystes, permettant alors des…surprises positives lors de la publication des résultats.
En ce début d’année rien ne semble particulièrement intéresser le marché. Manifestement c’est une raison suffisante pour sa bonne tenue, dans la mesure ou cela signifie qu’aucun sujet n’est donc digne de préoccupations ou qu’en tout cas celles-ci sont annihiler par une confiance exacerbée.
Olivier Armangau
Les thèmes de la semaine
Marchés européens
Les marchés ont fini la période de manière dispersée. L’Allemagne s’apprécie sur de bons chiffres concernant la balance commerciale tandis que l’Espagne est une fois encore rattrapée par l’incertitude politique. L’Eurostoxx 50 consolide (-4 pdb) et la volatilité baisse fortement de 14.24%.

Tensions entre Iran et États-Unis apaisées
À la suite du discours de Donald Trump mercredi dernier, l’escalade des tensions entre les deux pays a cessé, pour le moment. Les États-Unis ont cependant mis à exécution leurs menaces de sanctions financières.
Le gouvernement américain a détaillé vendredi dernier ces sanctions qui visent des hauts responsables du régime afin de déstabiliser la république islamique, selon Washington. Elles visent 17 producteurs de métaux et sociétés minières iraniens. La durée de celles-ci est indéterminée et le Trésor américain précise qu’elles se poursuivront tant que le régime continuera de « financer le terrorisme mondial ».
Concernant l’écrasement d’avion du 7 janvier, les iraniens ont finalement assumé la responsabilité de celui-ci. L’avion a été abattu par deux missiles iraniens, lancés alors que l'aéronef était confondu avec une attaque de missile. Cette tragique erreur a suscité l’indignation internationale mais également celle du peuple iranien. Ainsi, des centaines de manifestant sont descendus manifester dans les rues de Téhéran pour exprimer leur colère contre les autorités. Ces manifestations, ont également été relayées dans les médias iraniens. Elles étaient cependant beaucoup moins importantes que celles organisées dans tout l'Iran pour les obsèques du général Soleimani après son assassinat.
Signature de l’accord de phase 1
L’accord de phase 1 est enfin signé. Ce mercredi, le président américain, Donald Trump, et le négociateur en chef chinois, Liu He, ont signé ce modeste accord commercial dans lequel l'administration américaine assouplira certaines sanctions contre la Chine et Pékin augmentera ses achats de produits agricoles et d'autres biens américains.
Les détails de ce dernier restaient tout de même flous au moment de la signature mais ils devraient être dévoilés d’ici peu.
La signature de cet accord représente une désescalade bienvenue, même si l'avancée semble minime. Elle permet de désamorcer un conflit responsable d’un certain ralentissement de la croissance mondiale, et pesant particulièrement sur l’économie chinoise et dans une moindre mesure américaine.
L’Inde en mauvaise posture
Depuis plusieurs années, l’Inde était vu comme l’économie à la croissance la plus rapide avec les meilleures perspectives mondiales à moyen terme. Cependant, en décembre 2019, la banque centrale d’Inde a réduit ses prévisions de croissance annuelle pour l’année en cours à 5%, soit sa plus faible depuis 2008 et marquant une 3ème année consécutive de baisse du rythme de croissance. De plus, des risques de stagflation pèsent désormais sur le pays après que l’inflation des prix de produits à la consommation se soit envolée à 7.35% en décembre.
Ces chiffres reflètent des problèmes profonds de l’économie dont la gravité a été mal estimée par les analystes. Au cœur des problèmes se trouve un effondrement de la consommation à la suite d'une combinaison de faux pas en matière de politique, de la décision sans précédent d'interdire les billets de 500 et 1,000 roupies à la fin de 2016, et à la mise en œuvre chaotique d'une taxe unifiée sur les produits et services l'année suivante. Cette décision a été suivie peu après par un resserrement du crédit, qui a déclenché, puis aggravé, une crise dans le système bancaire parallèle qui permet à des centaines de millions de consommateurs et d'entreprises d’obtenir des petits prêts.
Il semble y avoir peu de bonnes options pour faire face à cette situation. La diminution des recettes publiques et un budget déjà serré limitent les possibilités de soutien budgétaire, tandis que le choc de l'inflation de détail et la menace d'une hausse des prix du pétrole signifient que la porte se referme pour de nouvelles réductions des taux d'intérêt.
Considérant toutefois les perspectives d’avenir, le marché boursier semble optimiste de même que le FMI et la Banque mondiale qui s'attendent à ce que la croissance reprenne au cours de 2020. Si les perspectives de long terme ne sont donc pas remises en cause, la situation de court terme est un enjeu de taille pour le gouvernement.
Aymeric Graindorge
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Ce rapport est publié par La Financière Constance Inc. (LFC) le 15 janvier 2020 et s'adresse principalement aux investisseurs institutionnels. Il est fourni à titre de source générale d'information et ne doit pas être considéré comme un conseil en placement, une prévision ou une recherche, et ne constitue pas une recommandation, une offre ou une sollicitation d'achat ou de vente de titres dans un territoire quelconque ou d'adoption d'une stratégie de placement. L'information contenue dans ce rapport provient de sources jugées fiables ; cependant, l'exactitude et/ou l'exhaustivité de l'information n'est pas garantie par LFC, et LFC n'assume aucune responsabilité ou obligation de quelque nature que ce soit. Toutes les opinions exprimées sont sujettes à changement sans préavis. Les stratégies et véhicules d'investissement de LFC peuvent actuellement détenir des positions longues et/ou courtes sur les titres et dérivés mentionnés dans ce rapport. Le rendement passé n'est pas indicatif du rendement futur. Le présent rapport peut contenir des "informations prospectives" qui ne sont pas de nature purement historique. Les énoncés prospectifs ne garantissent pas le rendement futur et comportent des risques et des incertitudes inhérents aux facteurs économiques généraux. Rien ne garantit que les énoncés prospectifs se réaliseront. Nous vous mettons en garde de ne pas vous fier indûment à ces énoncés, car un certain nombre de facteurs importants pourraient faire en sorte que les événements ou les résultats réels diffèrent sensiblement de ceux qui sont exprimés ou sous-entendus dans tout énoncé prospectif formulé. Ce rapport ne peut être reproduit, distribué ou publié sans le consentement écrit de LFC.