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A situation exceptionnelle mesures exceptionnelles?



A situation exceptionnelle mesures exceptionnelles?


Alors que le chaos économique et financier n’est désormais plus tabou, et que les références à la crise de 29 se multiplient, des mesures de relances tout aussi inédites se mettent en place. Avant la prochaine étape de défaut organisé sur certaines souches obligataires gouvernementales (rachetées au préalable par les banques centrales pour ne pas impacter les retraites) et alors que l’hélicoptère money est désormais une réalité aussi aux Etats-Unis, les banques centrales s’emploient à fournir en liquidité le marché interbancaire (pour éviter une crise de confiance comme en 2008), augmentent très sensiblement les rachats d’actifs (en élargissant les actifs admissibles). On peut même évoquer une nationalisation d’une grande partie du marché de la dette aux États-Unis, (ou la FED peut également acheter en primaire de la dette d’entreprise). Pour finir les gouvernements annoncent des plans de relances (les 2000 milliards du plan américain marquent les esprits). De relances il ne sera question qu’une fois que les économies renaîtront de leurs cendres. Il serait peut-être plus approprié de parler de plan de survie.


Début mars, les économistes étaient unanimes pour parler d’un choc d’offre sérieux mais transitoire. D’une reprise tout aussi rapide que le ralentissement modéré qui était alors projeté. La BCE, le 12 mars, appelait comme toujours à une relance budgétaire, et le marché certes déçu des annonces n’était pas encore en détresse absolue.


Puis tout s’est précipité, des baisses de taux aux États-Unis avant et après la réunion du 18, des rachats d’actifs, des annonces à tout va. Les banques centrales ont fait ‘tapis’ (surtout la FED, achats illimités de titres hypothécaires et des bons du Trésor) pour reprendre des titres d’articles. D’un choc d’offre, le consensus est passé à un choc de demande au fur et à mesure que les mesures draconiennes étaient prises par les 2/3 de la planète. Totalement impensable, inimaginable, imprévisible.


Fin février, le FMI a estimé que la croissance économique mondiale ralentirait d'un dixième de point de pourcentage, puis sa directrice générale déclarait il y a quelques jours : "Les perspectives de croissance mondiale pour 2020 sont négatives, une récession au moins aussi grave que pendant la crise financière mondiale ou pire"


D’une légère crainte sur la santé publique, les marchés sont passés à une récession mondiale. Avec une inconnue de taille : combien de temps va durer la pandémie ? Et quelles seront le capacités gouvernementales?

Les premiers chiffres sortis depuis que le Covid-19 est une réalité tangible, mesure l’impact psychologique incroyable de cette pandémie auprès des directeurs d’achat : En attendant des données ‘froides’, l’indice composite des directeurs d’achat pour la zone euro de la société Markit est ressorti à 31.4 contre 51.6 en février. C’est le plus bas niveau depuis que l’enquête existe (22 ans). Le chef économiste de Markit indiquait que cette baisse était supérieure à celle enregistrée au plus fort de la crise 2008/2009.


C’est également largement en-dessous de ce que prévoyait les économistes.


Les actions des banques centrales ont pour but d’empêcher une crise financière et ainsi donner des éléments de soutien aux agents économiques pour un rebond. Mais tant que la demande ne pourra pas se matérialiser (parce que les gens sont confinés chez eux) il est bien prématuré d’envisager ne serait-ce qu’un début de normalisation. A Wuhan, en Chine, il faudra attendre le 8 avril, soit 2 mois après les premières mesures de confinement, pour que les restrictions commencent à être levées.


La plus touchée pour le moment, l’Europe a, à ce jour, raté un rendez-vous important. D’union européenne il n’est guère question, ou si peu. Ainsi, alors que doit se tenir un sommet européen demain, et qu’il semble approprié de mettre en place des mesures exceptionnelles, l’Allemagne et les Pays-Bas (principalement) s’opposent déjà à la fameuse émission de ‘coronabonds’ (implorée par Christine Lagarde) qui consacrerait ainsi une union économique (au moins sur un sujet). Comme lors de la crise de la dette en 2011, ce sont les pays du sud et la France qui militent pour davantage de solidarité alors que les pays du nord affichent des réserves.


Si chacun a des arguments à faire valoir, il semble cependant que l’enjeu de la situation et les drames humains et économiques qui découleront de cette pandémie devraient, à minima, permettre une réponse coordonnée.


C’est ce que tente de faire également le G20 aujourd’hui réunit en urgence qui inectera 5000 milliards dans l’économie…


S’il est évidement bien trop tôt pour mesurer les conséquences humaines, sociales, et économiques de cette pandémie, quelques répercutions semblent probables :


Tout d’abord une réorganisation de la chaîne de production mondiale. La crise a montré à quel point la dépendance à l’égard de la Chine est grande et capitale. De nombreux groupes ont déjà annoncé un rapatriement de leurs outils de production. Les conséquences positives seraient l’emploi et l’inflation.


Les plans de ‘relance’ annoncés auront un impact considérable sur les finances publiques. Se posera alors la question de son financement. Des hausses d’impôts seront-elles envisageables ? où, si ces dettes sont achetées par les banques centrales seront-elles purement et simplement annulée?


Cette pandémie montre aussi à quel point la gestion de la crise par l’administration Trump s’est faite dans un déni criminel au début, puis avec une complaisance ahurissante pour finir par opposer coût économique et coût sanitaire. Le temps des populistes est-il compté? Le plan d’aide des 2000 milliards est certes une réponse colossale, mais c’est aussi une réponse au 4ème élément : le leadership chinois


La Chine sort grandie de cette crise. Elle a pu, comme en 2011, venir au secours (au sens propre) du système de santé saturé en Italie, en Espagne en France, notamment. En fournissant des masques, des respirateurs, du matériel de protection, du personnel.


Le Covid19 accélère l’inéluctable : La Chine étend sa sphère d’influence, bien au-delà de la route de la soie, et sa gestion de crise présentée en modèle (même relatif eu égard à la situation politique particulière) contribue grandement à son rayonnement. Le coup de grâce viendra certainement avec la publication de son taux de croissance. A l’heure actuelle, les projections concernant la croissance chinoise sont de +3% en 2020 contre -0.5 à -1% pour les Etats-Unis.


Fort adroitement la Chine aura su exploiter ce drame sanitaire pour affirmer non seulement sa puissance stratégique, sa puissance idéologique, mais aussi sa puissance technologique et sa puissance économique.


La plan Marshall à la fin de la seconde guerre mondiale a institué l’hégémonie américaine, le covid19 consacrera la Chine.



- Olivier Armangau


 


Les thèmes de la semaine



Marchés européens


Après trois semaines de baisses quasi-journalières, les marchés reprennent de la couleur depuis mercredi dernier. Les mesures monétaires et fiscales ont su, à terme, apaiser les craintes et la panique des investisseurs.


Ainsi, sur la période, l’Eurostoxx gagne 17.37%, permettant de réduire sa baisse depuis le début de l’année à -25%. Toutefois, l’incertitude demeure toujours omniprésente puisque la volatilité qui frôlait ses plus historiques encore mercredi dernier, n’est descendu que de 32% au cours de la période.



Point sur le Covid-19


Évolution des cas

Au niveau mondial, le nombre de cas confirmés de Covid-19 dépasse les 410,000 et le nombre de décès est de 18,440 selon l’OMS en date du 25 mars, soit un taux de mortalité de 4.45%. Le nombre de cas confirmés en dehors de Chine est désormais de 332,331 (80.2% du total) alors qu’un mois auparavant, le nombre s’élevait à un peu de plus de 2,000 (2.6% du total).

La gestion et l’impact de la crise sanitaire ne sont pas les mêmes selon les pays et certains sont plus à risque que d’autres. D’un côté, l’Italie et l’Espagne sont extrêmement touchés par ce virus avec un taux de mortalité nettement supérieur à la moyenne, de 9.5% et 6.6% respectivement. Tandis que l’Allemagne à le taux de mortalité le plus faible à 0.43%.

Les économies à l’arrêt

Alors que la Chine a annoncé l’arrêt de sa quarantaine à Wuhan qui aura duré plus de deux mois, cela commence dans le reste du monde.


Les pays suivants ont déclaré un confinement général (excepté les entreprises essentielles) :

- Afrique du Sud, 21 jours de confinement annoncé le 26 mars

- Nouvelle-Zélande, 1 mois de confinement à partir du 25 mars

- Inde, 21 jours de confinement à partir du 24 mars

- Royaume-Uni, 21 jours de confinement à partir du 23 mars (potentiellement prolongé)

- Belgique, 3 semaines de confinement à partir du 17 mars (potentiellement prolongé)

- France, 15 jours de confinement à partir du 16 mars (potentiellement prolongé)

- Espagne, 1 mois de confinement à partir du 14 mars (initialement deux semaines)

- Koweït, 2 semaines de confinement à partir du 13 mars

- Norvège, 1 mois de confinement à partir du 12 mars (initialement deux semaines)

- Danemark, 1 mois de confinement à partir du 11 mars (initialement deux semaines)

- Italie, 3 semaines de confinement à partir du 10 mars (potentiellement prolongé)


Outre ces mesures extrêmes de confinement, de nombreux autres pays ont mis en place de nombreuses autres mesures importantes : écoles et universités fermées, entreprises jugées non-essentielles à l’arrêt, vols internationaux et les frontières fermées, événements sportifs annulés ou reportés ou simplement villes/régions en confinements. Ces mesures, qui mettent les économies en arrêt partiel ou quasi-général, vont évidemment avoir des conséquences désastreuses sur l’économie mondiale et alimentent l’incertitude puisque celles-ci n’ont pas précisément de durée déterminée.


Cependant, la Chine donne une lueur d’espoir. Après avoir atteint une journée ou le nombre de cas était de 0, Pékin a annoncé la fin de la quarantaine à Hubei, mise en place depuis le 23 janvier, de façon progressive jusqu’au 8 avril. Les habitants du reste de la province du Hubei pourront sortir des frontières provinciales dès le 25 mars. Mais seuls les habitants sains (porteurs d'un badge spécifique) pourront dans un premier temps se déplacer librement.

Les mesures fiscales et monétaires

Les mesures fiscales et monétaires prises pour restaurer la confiance, la croissance économique et protéger l'emploi face aux ravages économiques de la pandémie de Covid-19 sont sans précédent ou alors ont des allures de crise financière internationale.


Du côté fiscal, le Royaume-Uni avait annoncé un premier stimulus de 12 milliards de pounds le 11 mars suivi d’un second plus large de 350 milliards de pound, l’Allemagne prévoit un plan d’aide économique de 822 milliards d’euros, la France a annoncé le 17 mars un programme d’aide de 345 milliards d’euros, et les États-Unis ont approuvé aujourd'hui un plan de soutien de 2,000 milliards de dollars.


Du côté monétaire, aux États-Unis la réserve Fédérale (Fed), après une première baisse de 50 pdb le 3 mars qui n’avait pas satisfait les investisseurs, a annoncé une baisse additionnelle de 1% le 15 mars, amenant le taux directeur à 0.25%. La Fed a également déclaré lundi qu'elle achètera autant de dette publique qu'elle le jugera nécessaire, soit un programme de rachat d'actif 'illimité'. Dans son annonce, la banque centrale a précisé qu'elle allait mettre en place trois nouvelles facilités de prêt qui fourniront jusqu'à 300 milliards de dollars alors que la semaine dernière, elle avait déjà déclaré qu'elle achèterait pour 500 milliards de dollars de bons du Trésor et 200 milliards de dollars de créances hypothécaire titrisée. En Europe, la Banque centrale européenne (BCE) avait initialement déçu lors de la conférence du 12 mars avec une prestation ratée de Christine Lagarde ou cette dernière avait annoncé un rachat d’actifs de 120 milliards d’euros. Mais la semaine passée, la BCE s’est rattrapée annonçant des rachats de titres pour 750 milliards d’euros, soit un niveau inédit. Les taux directeurs ont également été baissés de 1% par la Banque du Canada et de 50 pdb par la Banque d’Angleterre entres autres.

Toutes ces mesures ont évidemment pour but de soutenir les économies face à la pandémie de coronavirus qui menace de créer une récession plus importante que 2008. Mais ces mesures qui permettent de soutenir les entreprises en situation de difficultés pourront difficilement subvenir à un arrêt prolongé des économies dû aux mesures de confinement extrêmes.



Statistiques économiques


Telles que les premières statistiques Chinoise le laissaient entendre, les impacts du Covid-19 sur les économies touchées sont extrêmement négatifs à court terme, dû notamment aux mesures extrêmes mises en place.


Ainsi, les PMI flash des services en Europe et aux États-Unis sont ressorti à des plus bas historiques, l’indicateur allemand IFO des prévisions économiques est tombé à un plus bas depuis décembre 2008 et les demandes d'allocations chômage hebdomadaires aux États-Unis ont connu un pic sans précédent et plus de trois fois supérieur aux estimations du consensus.



- Aymeric Graindorge




IMPORTANT DISCLAIMER

Ce rapport est publié par La Financière Constance Inc. (LFC) le 26 mars 2020 et s'adresse principalement aux investisseurs institutionnels. Il est fourni à titre de source générale d'information et ne doit pas être considéré comme un conseil en placement, une prévision ou une recherche, et ne constitue pas une recommandation, une offre ou une sollicitation d'achat ou de vente de titres dans un territoire quelconque ou d'adoption d'une stratégie de placement. L'information contenue dans ce rapport provient de sources jugées fiables ; cependant, l'exactitude et/ou l'exhaustivité de l'information n'est pas garantie par LFC, et LFC n'assume aucune responsabilité ou obligation de quelque nature que ce soit. Toutes les opinions exprimées sont sujettes à changement sans préavis. Les stratégies et véhicules d'investissement de LFC peuvent actuellement détenir des positions longues et/ou courtes sur les titres et dérivés mentionnés dans ce rapport. Le rendement passé n'est pas indicatif du rendement futur. Le présent rapport peut contenir des "informations prospectives" qui ne sont pas de nature purement historique. Les énoncés prospectifs ne garantissent pas le rendement futur et comportent des risques et des incertitudes inhérents aux facteurs économiques généraux. Rien ne garantit que les énoncés prospectifs se réaliseront. Nous vous mettons en garde de ne pas vous fier indûment à ces énoncés, car un certain nombre de facteurs importants pourraient faire en sorte que les événements ou les résultats réels diffèrent sensiblement de ceux qui sont exprimés ou sous-entendus dans tout énoncé prospectif formulé. Ce rapport ne peut être reproduit, distribué ou publié sans le consentement écrit de LFC.

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