
En attendant de trouver un nouveau thème de marché.
S’il est indéniable que l’accord de phase 1 apportera de la sérénité à court terme, c’est bien évidement, comme n’importe quel contrat ou accord, l’application de ce dernier qui permettra de juger de la pertinence de celui-ci, et plus largement de la volonté réelle des acteurs de régler ce différend.
La saga commerciale, opportunément entretenue par les deux parties, loin d’avoir pesé négativement sur le marché (mais ayant été la cause sans cesse mise en avant pour justifier des actions et un ton accommodant des banquiers centraux) va maintenant entrer dans sa phase 2. Il est tout à fait envisageable (regrettable?), qu’une fois encore le marché basculera entre euphorie et désespoir sur ce thème. De même la campagne électorale américaine conférera à la thématique plus ou moins d’importance.
Afin de défendre l’approche populiste et manifestement efficace du America first et l’unilatéralisme qui en découle dans tous les domaines, mais aussi, surtout, en fonction des sondages, une posture et des propos plus agressifs à l’endroit de la Chine seront certainement de retour. D’autant plus quand viendra le moment de séduction des électeurs du secteur manufacturier.
Si les banques centrales ne peuvent plus ‘utiliser’ pour le moment ce risque commercial, le risque économique chinois se dissipe aussi avec des statistiques publiées cette semaine relativement satisfaisant. De même, les derniers indicateurs allemands semblent confirmer l’inflexion positive anticipée dès la fin du 3ème trimestre. Le risque politique espagnol est oublié, les luttes intestines italiennes (élections régionales fin janvier et référendum constitutionnel) n’ont quasiment pas d’impact sur les taux. Le succès des nouvelles émissions cette semaine (largement sursouscrites, particulièrement sur le 10 ans espagnols) témoigne d’ailleurs de la confiance des marchés pour les marchés périphériques.
Aux États-Unis, la prolongation du cycle semble se poursuivre, toujours porté par la consommation des ménages et l’immobilier (hausse impressionnante des mises en chantier de 16.9%). L’inflation reste ‘sage’ et le miracle d’une croissance sans inflation se poursuit.
Sur l’autre thème favori du Brexit, là encore, les incertitudes semblent s’être envolées en dépit des négociations délicates et d’une échéance qui semble difficilement conciliable avec les enjeux.
Finalement, mêmes si les investisseurs sont de plus en plus songeurs sur la portée des actions des banques centrales, et surtout leur capacité d’interventions futures, les conditions monétaires qu’elles ont contribuées à établir, continuent de favoriser la prise de risque.
Si la banque centrale de Suède (plus veille banque centrale du monde) a réussi à sortir des taux négatifs en décembre, sans encombre (sa devise n'a pas bougée face à l’euro) ce n’est bien évidemment pas d’actualité pour la BCE.
En pleine revue stratégique de sa politique et des outils, la normalisation de la politique monétaire de la BCE semble davantage reposer sur l’étude des effets collatéraux négatifs de sa politique monétaire et des mesures pour les atténuer, que du retour à des taux à zéro.
D’ailleurs l’essentiel des communications émanant des membres du conseil des gouverneurs de l’institution concerne les potentiels effets négatifs de la politique de taux d’intérêts négatif.
Ce sont peut-être les interrogations des banquiers centraux qui pourraient apporter un peu de volatilité sur le marché. À ce sujet il est intéressant de noter les réflexions de Kaplan de la FED de Dallas qui disait récemment « Je pense que la croissance du bilan a un certain impact sur les marchés financiers et sur l'évaluation des actifs à risque ».
Du côté de la BCE, les chiffres économiques de meilleures factures, (indicateurs avancés et PMI) mais toujours faibles et l’inflation moins mauvaise (1.3%) mais toujours insignifiante s’accommodent d’un statu quo sur les taux, et laissent donc le champ libre à la fameuse revue stratégique.
Pour rappel, Madame Lagarde a indiqué que l’objectif de cette dernière est de « réexaminer l'efficacité et la pertinence de chacun des instruments que nous avons utilisés dans le passé pour évaluer cette situation. Puis de redéfinir pour nous-mêmes ce que sera exactement cet objectif à moyen terme qui nous permettra de remplir le mandat que nous avons »
Ainsi, selon le consensus, la 1ère réunion de la BCE demain et la conférence de presse qui suivra, sera l’occasion pour Madame Lagarde d’aborder certainement l’un des éléments clé de cette revue stratégique : L’objectif d’inflation.
C’est dire si les crispations des mois précédents se sont volatilisées !
Olivier Armangau
Les thèmes de la semaine
Marchés européens
Les marchés ont encore un fois terminé la période de manière dispersée. Les données rassurantes sur le PIB chinois et sa vigueur industrielle, combiné aux indicateurs de sentiment allemands ont profité au Dax qui continue sa croissance avec 62 pdb sur la période. Tandis que le FTSE 100, a été impacté par une forte progression de la livre sterling et perd ainsi 93 pdb sur la période.
À nouveau à mi-chemin, l’Eurostoxx 50 fini la période proche de l’équilibre, à +2 pdb. La volatilité augmente de seulement 1.65% sur l’intervalle après avoir atteint son deuxième plus bas niveau historique en atteignant 10.69 le 17 janvier. L’année 2020 commence dans le sillage de l’année 2019, dénuée de risque.

Prévisions en baisse pour 2020
La croissance mondiale est supposée se relancer en 2020 après une année 2019 morose mais dès ce début d’année le Fond Monétaire International est déjà moins optimiste qu’il ne l’était il y a quelques mois. En effet, l’institution a baissé ses prévisions de croissance sur 2020 et 2021 à 3.3% et 3.4% respectivement contre 3.4% et 3.5% précédemment estimé en octobre.
Ces prévisions représentent tout de même une nette augmentation de la croissance comparée à 2019 qui devrait se situer à 2.9%. Le FMI met en évidence le fait que certains risques aient diminués et que le climat mondial s’est amélioré. Ceci s’explique notamment par la relance monétaire, les nouvelles favorables intermittentes sur les négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine et la réduction de l'anxiété liée à un « hard-Brexit ». De plus, l’institution déclare dans son rapport que le sentiment du marché a bondi sur des « signes provisoires » indiquant que l'industrie manufacturière et le commerce mondial vont s'améliorer à partir de maintenant.
Pourtant, cette confiance pourrait être quelque peu prématurée selon le fonds. L'une des préoccupations immédiates est que les économies en développement ne seront pas aussi résistantes que prévues. Le FMI estime désormais la croissance de l'Inde à 5.8 % en 2020, contre 4.8 % l'année dernière, mais 1.2% de moins que prévu en octobre. Quant aux perspectives de croissance de l'économie américaine, elles restent stables. La croissance du pays devrait passer de 2.3 % en 2019 à 2% en 2020, soit 0.1% de moins que ce que le FMI avait prévu en octobre.
Trêve entre Macron et Trump
Le président Emmanuel Macron a déclaré ce lundi avoir eu une très bonne discussion avec Donald Trump au sujet de de la taxe numérique - également connue sous le nom de taxe Gafa pour Google, Amazon, Facebook et Apple.
Les deux dirigeants se sont mis d'accord sur une trêve après que Paris ait offert de suspendre les acomptes pour la taxe numérique de cette année et que Washington ait promis de continuer à négocier en vue d'une solution et ainsi ne pas mettre en place ses menaces de droits de douane pouvant aller jusqu'à 100% sur environ 2.17 milliards d'euros de produits français.
En d’autres termes, Macron et Trump ont convenu de retarder une éventuelle guerre commerciale jusqu'à la fin de 2020, et de faire avancer des négociations plus larges à l'Organisation de Coopération et de Développement Économique pour réécrire les règles de la fiscalité internationale. Les deux pays se laissent jusqu’à la fin d’année pour trouver une solution, période durant laquelle aucune augmentation des droits de douane ne devrait être mise en place.
Cette alternative à la taxe Gafa avait par ailleurs été considérée par les autorités françaises qui ont déclaré, à plusieurs reprises, que tout accord international sur la fiscalité numérique conclu au sein de l'OCDE remplacerait immédiatement la taxe française.
Le ministre des finances Bruno Le Maire et le secrétaire au Trésor américain Steven Mnuchin se rencontrent ce mercredi et jeudi à Davos pour négocier des détails sur la manière de faire avancer une réécriture mondiale de règles fiscales transfrontalières.
Ainsi, près de 140 pays se réuniront à l'OCDE à la fin du mois pour donner leur soutien à la plus grande réécriture des règles fiscales internationales depuis les années 1920, afin de les mettre à jour pour l'ère numérique.
Destitution de Donald Trump ?
Le procès pour la destitution du président américain Donald Trump a débuté ce mardi 21 janvier. Les sénateurs ont passé le premier jour à délibérer sur les procédures et les règles de base du procès.
En vertu des règles approuvées par la majorité républicaine après une première journée de procédure qui s'est terminée près de 2 heures du matin à Washington, chaque partie aura jusqu'à 24 heures pour présenter son cas dans les plaidoiries d'ouverture, sur trois jours.
Les démocrates veulent entendre les principaux collaborateurs de la Maison Blanche qui ont travaillé en étroite collaboration avec M. Trump, notamment le chef de cabinet par intérim Mick Mulvaney et M. Bolton. Mais les républicains ont jusqu'à présent bloqué leurs tentatives.
Ainsi cette première journée a pu mettre en évidence un procès probablement gagné d’avance pour Trump. En effet, le Sénat a rejeté une série de propositions des Démocrates pour obtenir des documents et des preuves par des votes en ligne avec la répartition républicain/démocrate de 53/47. Le jugement en faveur de la destitution nécessite plus deux tiers des votes et avec un tel début des pourparlers cela est difficile à imaginer, et l’issue de ce procès semble déjà scellée.
Coronavirus
Apparu fin décembre 2019 à Wuhan, ville du centre de la Chine, un mystérieux virus baptisé « 2019-nCov » d'origine inconnue avait causé une pneumonie chez 200 personnes et fait 4 morts. Les autorités sanitaires chinoises ont attribué aujourd’hui 17 morts au nouveau coronavirus alors que le précédent bilan annoncé ce matin faisait état de 9 morts. Qui plus est, 444 patients en sont atteints dans la province du Hubei, épicentre de l'épidémie.
Le nouveau virus, qui se transmet par les voies respiratoires, pourrait muter et se propager plus facilement, a averti lors d'une conférence de presse le vice-ministre de la Commission nationale de la santé, Li Bin. Les personnes infectées se trouvent dans plusieurs villes du pays, notamment dans des mégapoles comme Shanghai et Pékin. De plus, l’apparition de ce nouveau virus survient pendant la période des congés du Nouvel An chinois, qui commence vendredi, où des centaines de millions de personnes voyagent dans tout le pays. Cette situation fait craindre aux autorités une propagation rapide du virus.
Une réunion d'urgence se tient aujourd’hui au siège de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour déterminer si l'épidémie constitue une « urgence de santé publique de portée internationale ». L’organisation n'a jusqu'ici utilisé ce terme que pour de rares cas d'épidémies nécessitant une réaction internationale vigoureuse, dont la grippe porcine H1N1 en 2009, le virus Zika en 2016 et la fièvre Ébola en 2014.
Bien qu’il soit trop tôt pour déclarer une situation d’urgence mondiale, si l’épidémie se tournait en pandémie, il y aurait très probablement un impact sur la croissance mondiale. Selon un rapport de la Banque mondiale de 2008, une pandémie d'amplitude « modérée » pourrait coûter près de 2% au PIB mondial, tandis qu'une amplitude « grave » amputerait le PIB mondial de près de 5%.

Aymeric Graindorge
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Ce rapport est publié par La Financière Constance Inc. (LFC) le 22 janvier 2020 et s'adresse principalement aux investisseurs institutionnels. Il est fourni à titre de source générale d'information et ne doit pas être considéré comme un conseil en placement, une prévision ou une recherche, et ne constitue pas une recommandation, une offre ou une sollicitation d'achat ou de vente de titres dans un territoire quelconque ou d'adoption d'une stratégie de placement. L'information contenue dans ce rapport provient de sources jugées fiables ; cependant, l'exactitude et/ou l'exhaustivité de l'information n'est pas garantie par LFC, et LFC n'assume aucune responsabilité ou obligation de quelque nature que ce soit. Toutes les opinions exprimées sont sujettes à changement sans préavis. Les stratégies et véhicules d'investissement de LFC peuvent actuellement détenir des positions longues et/ou courtes sur les titres et dérivés mentionnés dans ce rapport. Le rendement passé n'est pas indicatif du rendement futur. Le présent rapport peut contenir des "informations prospectives" qui ne sont pas de nature purement historique. Les énoncés prospectifs ne garantissent pas le rendement futur et comportent des risques et des incertitudes inhérents aux facteurs économiques généraux. Rien ne garantit que les énoncés prospectifs se réaliseront. Nous vous mettons en garde de ne pas vous fier indûment à ces énoncés, car un certain nombre de facteurs importants pourraient faire en sorte que les événements ou les résultats réels diffèrent sensiblement de ceux qui sont exprimés ou sous-entendus dans tout énoncé prospectif formulé. Ce rapport ne peut être reproduit, distribué ou publié sans le consentement écrit de LFC.