
Dérangeant
Alors que va débuter la saison des résultats le 12 juillet, les commentateurs financiers et autres analystes font part de leur doute, ou de leurs craintes (pour les plus téméraires, qui risquent bien de finir sur le bucher pour avoir de telles pensées subversives). Les résultats devraient être comme le trimestre précédent en légère baisse, en ligne avec le ralentissement économique.
Quelques jours après le G20 et la trêve annoncée (qui était largement consensuelle et donc attendue mais qui n’empêche pas le marché de monter de près de 2% en 2 jours après des records variant de 6 à 7.5% sur le mois de juin), les analystes et les stratèges recommencent à s’interroger sur la concrétisation d’un accord avec la Chine. Ce qui permet donc, grâce à l’incertitude que cela fait planer au-dessus de la croissance mondiale, d’entretenir l’espoir d’une baisse des taux pour juillet (qui est acquise pour 100% du consensus) et septembre, voire décembre.
En toute logique, l’Iran annonce qu’il enrichira l’uranium au-delà du seuil fixé par l’accord de Vienne, puisque accord il n’y plus depuis le retrait des Etats-Unis il y a un an. Agissant ainsi l’Iran met face à ses responsabilités les pays européens, qui, gesticulations mis à part (Ils se sont dit « extrêmement inquiets »), n’ont rien fait pour tenter de le sauver.
Toujours au rang des bonnes nouvelles, l’administration Trump travaille sur des tarifs avec l’Europe.
Enfin les dernières données statistiques américaines confirment le ralentissement et les estimations de croissance varient désormais entre 1.5% et 2%. Loin de l’objectif des 3% de la maison blanche.
En temps normal tous ces éléments se traduiraient, a minima, par une certaine prudence. Mais depuis le biais ‘banques centrales’ ce sont autant d’arguments pour pousser encore et encore les indices vers l’avant. Le marché ne baissera plus jamais, ou presque. Tout comme les taux ne remonteront jamais ou presque. Il y a certes un peu de provocation dans le propos, mais aux vues des comportements de marchés depuis 3 ans, force est de constater que c’est tout à fait le cas.
Vendredi le taux de chômage aux Etats-Unis sera également idéal pour une nouvelle accélération haussière. S’il est bon ce sera le signe que le plus long cycle de l’histoire américaine peut se poursuivre (et sans inflation) et que les profits en baisse pour 2 trimestre consécutifs ne méritent pas d’adapter les valorisations (ce qui est parfaitement le cas avec un marché au plus haut historique) s’il est mauvais ce sera un argument massue pour justifier la baisse des taux de juillet.
D’ailleurs il ne faudrait pas attendre grand-chose de ce taux. Au niveau actuel, le taux de chômage est désormais un frein naturel à la croissance des entreprises. Ces dernières ne pouvant plus embaucher (faute de personnel qualifié consécutif à une situation de plein emploi) ou en consentant des hausses salariales substantielles (ce qu’elles sont de moins en moins enclines à faire dans le contexte de ralentissement), seule une amélioration de la productivité peut permettre encore d’améliorer les profits. Heureusement la cosmétique des rachats d’action permet d’afficher des bénéfices par actions en hausse, mais il y a des limites à l’exercice. Bref, un plancher en termes de création d’emploi a sans doute été atteint, et les surprises négatives devraient être plus fréquentes.
La recherche effrénée, désespérée, de rendement et la dérive des banques centrales ne peuvent qu’alimenter encore et encore la hausse du marché et la baisse des rendements. La situation est telle qu’une normalisation serait désastreuse pour les ménages, les entreprises et les États. De normalisation monétaire il ne sera donc jamais question, et les retours à la raison seront systématiquement effacés par l’action des banques centrales. C’est moralement et intellectuellement très dérangeant mais qui s’en plaindra?
Le point du mercredi fait sa pause estivale afin de s’adapter à l’intérêt que suscite cette période de l’année.
Bonne semaine et bel été.
Bonne semaine,
Olivier Armangau
Les thèmes de la semaine
Marchés européens
Forte progression des marchés lors de cette période, dû à la reprise des négociations commerciales sino-américaines à l'issue du G20 et de la nomination du successeur de Mario Draghi qui pourrait bien suivre ses pas en matière de politique économique, rassurant les marchés (qui n’en n’ont pourtant pas besoin !)
L'Eurostoxx prend 2.84% sur la période et la volatilité continue sa descente aux enfers perdant 16.77% pour atteindre 11.70 ce mercredi.

Reprise des négociations
La rencontre très attendue entre les dirigeants chinois et américains en marge du G20 ce week-end n'a pas abouti sur un accord mais a permis de débloquer la situation. Les deux pays ont ainsi convenu de relancer les négociations et déclarent la trêve.
Donald Trump a déclaré que les deux rivaux étaient « à nouveau sur la bonne voie ». De plus, il précise qu'il ne compte « pas ajouter » de tarifs douaniers sur les importations venant de Chine, ni en supprimer, « au moins pour le moment ».
Les prochaines échéances et rencontres restent toutefois encore incertaines.
Accord Europe Mercosur
La commission européenne a annoncé vendredi soir avoir signé un accord avec les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay, Venezuela) après 19 années de négociations.
Cet accord concerne de nombreux domaines d'activité telle que le secteur automobile, pharmaceutique et l'agriculture. Il touche plus de 770 millions de consommateurs et prête une attention particulière au développement durable et aux droits de l'Homme. Enfin, l'accord supprimera plus de 90% des droits de douanes entre les deux partis.
Le texte, qui suscite d'ores et déjà de vives critiques doit toutefois encore être approuvé par les États membres de l'UE et ensuite validé par le Parlement européen. Il reste donc encore du chemin avant que cet accord soit ratifié.
Les femmes sont mises à l’honneur
Après des discussions difficiles mettant en avant des divergences notables, les dirigeants européens ont finalement réussi à s'entendre ce mardi sur l'équipe qui dirigera l'Union Européenne.
Deux postes clés seront ainsi repris par des femmes. La ministre Allemande Ursula von der Leyen succédera à Jean Claude Juncker à la Commission européenne et la Française Christine Lagarde remplacera Mario Draghi à la Banque centrale européenne. Les parlementaires européens devront toutefois voter pour confirmer les nominations.
La future nouvelle présidente de la BCE est considérée comme ayant les mêmes visions économiques que Mario Draghi, assurant ainsi une certaine continuité dans la voie accommodante dans lequel se situe la banque centrale. Les marchés n’en attendaient pas moins.
Aymeric Graindorge
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Ce rapport est publié par La Financière Constance Inc. (LFC) le 3 juillet 2019 et s'adresse principalement aux investisseurs institutionnels. Il est fourni à titre de source générale d'information et ne doit pas être considéré comme un conseil en placement, une prévision ou une recherche, et ne constitue pas une recommandation, une offre ou une sollicitation d'achat ou de vente de titres dans un territoire quelconque ou d'adoption d'une stratégie de placement. L'information contenue dans ce rapport provient de sources jugées fiables ; cependant, l'exactitude et/ou l'exhaustivité de l'information n'est pas garantie par LFC, et LFC n'assume aucune responsabilité ou obligation de quelque nature que ce soit. Toutes les opinions exprimées sont sujettes à changement sans préavis. Les stratégies et véhicules d'investissement de LFC peuvent actuellement détenir des positions longues et/ou courtes sur les titres et dérivés mentionnés dans ce rapport. Le rendement passé n'est pas indicatif du rendement futur. Le présent rapport peut contenir des "informations prospectives" qui ne sont pas de nature purement historique. Les énoncés prospectifs ne garantissent pas le rendement futur et comportent des risques et des incertitudes inhérents aux facteurs économiques généraux. Rien ne garantit que les énoncés prospectifs se réaliseront. Nous vous mettons en garde de ne pas vous fier indûment à ces énoncés, car un certain nombre de facteurs importants pourraient faire en sorte que les événements ou les résultats réels diffèrent sensiblement de ceux qui sont exprimés ou sous-entendus dans tout énoncé prospectif formulé. Ce rapport ne peut être reproduit, distribué ou publié sans le consentement écrit de LFC.