
L’argentine et le FMI : Pas le meilleur des souvenirs
Trois mois que les statistiques économiques ne sont pas fameuses en Europe (et lundi nouvelle baisse surprise des commandes à l’industrie allemande de 0.9% alors que le marché s’attendait à une hausse de 0.5%), mais le marché conserve son optimisme, se rassurant avec la lecture de l’indice des directeurs d’achats pour le mois d’avril. En fait, nous sommes dans un environnement identique à celui du mois de janvier, du moins en Europe : Forte hausse des marchés et effondrement de la volatilité. Les ressorts habituels de la BCE fonctionnent toujours. Ainsi avec des statistiques d’inflation toujours aussi mauvaises (confirmant une fois encore que les injections de liquidité sont très certainement bonnes pour les marchés actions et les fonds obligataires, mais totalement inefficaces pour l’objectif d’inflation qu’elles sont censées poursuivre), la banque centrale continue toujours sa même rhétorique ‘colombe’, ne faisant rien pour apaiser les craintes de ralentissement (qui somme toute semblent passagères d’après le consensus ), permettant ainsi d’alimenter la confiance du marché. Certes, le Belge Jan Smets (membre de la BCE) a déclaré le 7 mai au WSJ que la réunion de politique monétaire du 26 juillet pourrait être choisie pour une annonce concernant l’interruption progressive du programme de rachat d’actifs. Mais il a aussi dit, pour vite rester dans la ligne officielle, que le marché a peut-être raison de repousser ses prévisions de date concernant une hausse des taux de la BCE… Le marché adore, évidemment. D’autant plus que désormais il trouve un autre soutien à la hausse des indices : La baisse de l’euro. Tout à coup, on se réveille sur les hausses des taux de la FED, et l’on ressort le thème du différentiel de taux pour justifier la hausse du USD notamment contre EUR. Différentiel de taux qui évidemment n’est pas nouveau… Bref Le USD monte, l’EUR s’effondre et le marché continue sur sa formidable lancée, la fameuse ligne droite vers le ciel. La lecture technique et graphique semble avoir le vent en poupe. Alors que tout le monde se concentrait sur les moyennes mobiles 200 jours ou 50 jours sur le SP500, désormais on ne parle plus que du dollar index et du franchissement à la hausse de sa moyenne mobile 200 jours. Dollar index et moyennes mobiles 200 jours Victimes collatérales de la hausse des taux d’intérêts aux États-Unis, les devises dites exotiques comme la livre turque, le peso argentin ou mexicain, la bath thaïlandaise, baissent très fortement depuis la mi-avril. Avec une rémunération sur le USD qui commence à offrir une alternative séduisante, et une tendance haussière sur les taux courts tout au moins, les investisseurs se délestent de ces devises-là pour placer sur le dollar américain. Dans le cas de l’Argentine, cette forte appréciation du dollar américain a précipité les choses : Avec des taux directeurs passés de 27% à 40% en quelques jours, la banque centrale argentine pensait enrayer la chute du péso. Mais le mal est fait : avec une inflation aux alentours de 25%, une croissance atone (dans le meilleur des cas) et un défaut (en 2001), la confiance dont pouvait jouir l’Argentine, qui était fragile mais nécessaire pour son financement, vient de s’effondrer. A la faveur du règlement du litige obligataire (consécutif au défaut de 2001), l’Argentine avait pu recommencer à émettre de la dette. Aidée par l’environnement de taux bas (consécutif aux programmes d’assouplissements quantitatifs), l’Argentine avait pu attirer certains investisseurs avec des rentabilités forcément plus attractives. Mais la semaine passée en imposant une taxe de 5% sur les gains de capitaux sur ses obligations souveraines, la banque centrale a poussé ces investisseurs à vendre leurs obligations et acheter du dollar, accentuant davantage la pression sur la devise et les taux. Désormais, la devise, la bourse et les obligations sont en très fortes baisses et parce que la confiance est un enjeu capital, Le Président Macri (qui tente désespérément de mener à bien son programme d’assainissement budgétaire) a demandé aujourd’hui une ligne de crédit de 30 milliards au FMI pour tenter de restaurer la confiance. Au-delà du cas argentin, c’est tout l’univers de la dette émergente / frontière qu’il conviendra de surveiller. Sans parler d’effet de contagion, (comme lors de la crise asiatique) il semble important, cependant, de considérer le mimétisme des opérateurs. Le nombre des nouvelles offres d’emploi a surpris à la hausse hier, atteignant un plus haut depuis la création de la statistique en 2000. Il est toujours très encourageant (surprenant ?) de voir que cette autre mesure de la vigueur du marché de l’emploi se fait avec des ajustements salariaux à la marge comme l’ont montré les statistiques sur le salaire horaire vendredi. Visiblement le pouvoir de négociation des employeurs est encore très important. C’est certainement aussi une réminiscence de la crise de 2008 qui limite les prétentions salariales.
Olivier Armangau
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Ce rapport est publié par La Financière Constance Inc. (LFC) le 9 mai 2018 et s'adresse principalement aux investisseurs institutionnels. Il est fourni à titre de source générale d'information et ne doit pas être considéré comme un conseil en placement, une prévision ou une recherche, et ne constitue pas une recommandation, une offre ou une sollicitation d'achat ou de vente de titres dans un territoire quelconque ou d'adoption d'une stratégie de placement. L'information contenue dans ce rapport provient de sources jugées fiables ; cependant, l'exactitude et/ou l'exhaustivité de l'information n'est pas garantie par LFC, et LFC n'assume aucune responsabilité ou obligation de quelque nature que ce soit. Toutes les opinions exprimées sont sujettes à changement sans préavis. Les stratégies et véhicules d'investissement de LFC peuvent actuellement détenir des positions longues et/ou courtes sur les titres et dérivés mentionnés dans ce rapport. Le rendement passé n'est pas indicatif du rendement futur. Le présent rapport peut contenir des "informations prospectives" qui ne sont pas de nature purement historique. Les énoncés prospectifs ne garantissent pas le rendement futur et comportent des risques et des incertitudes inhérents aux facteurs économiques généraux. Rien ne garantit que les énoncés prospectifs se réaliseront. Nous vous mettons en garde de ne pas vous fier indûment à ces énoncés, car un certain nombre de facteurs importants pourraient faire en sorte que les événements ou les résultats réels diffèrent sensiblement de ceux qui sont exprimés ou sous-entendus dans tout énoncé prospectif formulé. Ce rapport ne peut être reproduit, distribué ou publié sans le consentement écrit de LFC.