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Combiner relance budgétaire et déficit sous les 3%




Une astuce pour combiner relance budgétaire et déficit sous les 3%


Mario Draghi n’a eu de cesse depuis la mise en place du QE de répéter que les baisses de taux ne devaient pas exonérer les gouvernements de mener des réformes structurelles pour assainir leur situation budgétaire, ce de manière pérenne. Évidement les États ont préféré s’endetter (ainsi que les entreprises) pour rembourser des dettes et accessoirement pour investir plutôt que prendre des mesures impopulaires mais salutaires pour le pays. Alors que les taux remontent, très légèrement (et les banquiers centraux ne ratent pas une occasion pour dire au marché qu’il ne faut surtout pas s’inquiéter des risques inflationnistes et/ou des risques sur la croissance liés aux tarifs douaniers) et que certains pays comme l’Espagne ou l’Italie s’apprêtent à des discussions budgétaires houleuses, la commission européenne pourrait considérer que les dépenses d’infrastructures ou celles liées à l’accueil des migrants pourraient être exclues du calcul des déficits !!! Les allemands vont adorer ! Si tel devrait être le cas, on peut sans mal imaginer la France et l’Angleterre demander que leurs dépenses militaires, dont profite l’Union Européenne (lutte contre le terrorisme en Afrique et au Moyen-Orient) soient également exclues des calculs budgétaires puisque les autres États membres n’engagent pas un seul centime en opérations extérieures. Après avoir bénéficié des liquidités abondantes liées aux assouplissements quantitatifs et alors que l’on commence à peine à les réduire, les instances européennes pourraient donc sortir du chapeau (sur pression démagogique macabre de Monsieur Salvini suite à l’effondrement du pont à Gênes, mais aussi pour lutter contre le nationalisme et le sentiment anti européen) des mesures qui permettraient, une fois encore, d’annuler presque totalement le risque. Dans un point précédent, nous parlions de l’étape ultime qui consisterait à annuler tout simplement des gisements entiers d’obligations d’État (après avoir été rachetées en totalité par la banque centrale pour ne pas ‘spolier’ les détenteurs privés et autres caisses de pension et fonds). Ainsi ‘assaini’ les États pourraient de nouveau s’en donner à coeur joie et faire de la relance budgétaire. Ce qui peut paraître totalement impensable aujourd’hui pourrait très bien devenir une réalité. Rappelons-nous des taux qui ne pouvaient, évidemment, jamais devenir négatifs… Après une saison des résultats exceptionnelles aux États-Unis, la meilleure depuis 2010, durant laquelle 79.6% des entreprises du S&P 500 ont battu le consensus, les estimations de ce même consensus indiquent une croissance des bénéfices par action de plus de 20% pour le 3ème trimestre. Assurément les mesures fiscales de l’administration Trump sont efficaces. Dans le même temps et malgré le plein emploi, les pressions salariales sont très faibles. Enfin, les barrières douanières qui font trembler les économistes, ne sont même pas un sujet pour les investisseurs. En Europe les résultats du second trimestre (croissance nulle par rapport au trimestre précédent) ont confirmé les mauvaises statistiques économiques. De même l’Euro fort a semble-t-il était pénalisant pour les entreprises. L’indice des surprises économiques s’inversant (depuis mi-juin comme illustré ci-dessous) et l’euro ayant souffert des questions douanières (plus le stress montait sur le sujet et plus l’USD montait notamment contre l’euro) on peut imaginer que les résultats prochains seront de meilleures factures ou moins mauvais. Indices des surprises économiques européennes et Eurostoxx50 Si la relation entre l’indice européen des surprises économiques et l’indice action Eurostoxx50 semble être cohérente, la lecture des mêmes indices pour les États-Unis est représentative du sentiment : Quoiqu’il arrive, peu importe les nouvelles, le marché américain monte inexorablement. Pour certains c’est devenu le marché refuge, avec notamment des valeurs de croissances technologiques considérées comme acycliques. Le meilleur des 2 mondes ! Et désormais avec un dollar qui s’affaiblit sur fonds d’apaisement de la ‘guerre commerciale’, le marché trouve une motivation supplémentaire pour alimenter la hausse.


Olivier Armangau


 


Les thèmes de la semaine


Le marché est tourné vers les États-Unis cette semaine. Le S&P 500 a dépassé vendredi dernier la plus longue période de bull market de l'histoire moderne, Jerome Powell a affirmé son intention de continuer les augmentations des taux de la Fed face au rythme de l’expansion américaine, la confiance des consommateurs est à son plus haut depuis octobre 2000, et enfin, l'administration Trump a trouvé un accord avec le Mexique, mettant ainsi la pression sur le Canada. Avec les élections de mi-mandat qui arrivent en novembre prochain, Trump a tout intérêt à passer des accords pour montrer la réussite de sa politique. C'est pourquoi l'accord avec le Mexique s'est débloqué rapidement et pourquoi également des accords avec le Canada et/ou la Chine pourraient voir le jour rapidement. Concernant les tensions commerciales avec la Chine, les discussions en vue d'un accord ont repris jeudi dernier et ce sont achevées sans accord. Le marché laisse de côté ce thème jusqu’en novembre pour la prochaine rencontre. Cela n’empêche pas les deux pays de continuer à imposer de nouvelles sanctions telles que les droits de douanes sur 16 milliards de dollars de produits imposés mutuellement en fin de semaine dernière. Malgré ces nouvelles, il est intéressant de relever que le 2y-10y spread américain continue de baisser, atteignant 18 points de base hier, soit un plus bas depuis 2007. Cet écart de taux long/court terme était ‘avant’ interprété comme un signe avant-coureur d’une récession aux États-Unis. A la lueur des résultats et du consensus pour le prochain trimestre on peut raisonnablement s’interroger sur la pertinence de cette lecture. Du côté de l’Europe, c’est l’Italie qui va sûrement occuper le devant de la scène avec la présentation du budget d’ici le 20 octobre. Même si l’Italie prévoit de respecter la limite de déficit européen, le vice-premier ministre, Luigi Di Maio, a annoncé qu’il pourrait enfreindre cette limite si c’était ce qu’il fallait pour réveiller l’économie. Le déficit public passerait ainsi au-dessus de la limite des 3% (sauf si, comme évoqué plus haut, Bruxelles considère que certaines dépenses ‘disparaissent’ des comptes sociaux). La courbe des taux actuellement assez stable, pourrait s’animer au rythme des annonces sur le budget prévisionnel. Cela augmenterait nettement l’inquiétude des investisseurs face à cette situation d’endettement trop importante et de croissance trop faible. La question à se poser est alors de quels moyens de pression dispose l’Europe face à l’Italie dans ce type de situation et quel sera la réponse de la BCE. Il semblerait que la Turquie ne suscite plus aucun intérêt de la part des investisseurs au cours de ces dernières semaines. La livre Turque a perdu plus de 5% face au dollar américain depuis le début de la semaine, et près de 13% depuis le 16 août. Visiblement, ce qui inquiétait début août, ne concerne plus personne. L’Allemagne, dont on parle un peu moins également, a connu un bon début de semaine avec l’annonce de l’indice IFO Business Climate du mois d’août qui a augmenté bien audelà des estimations, atteignant 103.8 contre 101.7 en juillet et des estimations de 101.9. La variation positive de cet indice - qui indique le sentiment général des affaires en Allemagne - fait suite aux résultats du PMI Composite Index allemand annoncé jeudi dernier. IHS Markit a déclaré que l’indice avait atteint un sommet de 55,7 en août, en raison d'une reprise des services – sachant qu’une lecture supérieure à 50,0 signale une expansion. Enfin, le ministre des finances, M. Scholz, a annoncé mardi que le niveau de dette de l’Allemagne pourrait tomber sous la barre des 60% de la production économique – taux minimum fixé par l’UE – avant 2019 tel que prévu. De quoi énerver ceux qui ‘réclament’ une politique de relance budgétaire allemande



Aymeric Graindorge




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Ce rapport est publié par La Financière Constance Inc. (LFC) le 29 août 2018 et s'adresse principalement aux investisseurs institutionnels. Il est fourni à titre de source générale d'information et ne doit pas être considéré comme un conseil en placement, une prévision ou une recherche, et ne constitue pas une recommandation, une offre ou une sollicitation d'achat ou de vente de titres dans un territoire quelconque ou d'adoption d'une stratégie de placement. L'information contenue dans ce rapport provient de sources jugées fiables ; cependant, l'exactitude et/ou l'exhaustivité de l'information n'est pas garantie par LFC, et LFC n'assume aucune responsabilité ou obligation de quelque nature que ce soit. Toutes les opinions exprimées sont sujettes à changement sans préavis. Les stratégies et véhicules d'investissement de LFC peuvent actuellement détenir des positions longues et/ou courtes sur les titres et dérivés mentionnés dans ce rapport. Le rendement passé n'est pas indicatif du rendement futur. Le présent rapport peut contenir des "informations prospectives" qui ne sont pas de nature purement historique. Les énoncés prospectifs ne garantissent pas le rendement futur et comportent des risques et des incertitudes inhérents aux facteurs économiques généraux. Rien ne garantit que les énoncés prospectifs se réaliseront. Nous vous mettons en garde de ne pas vous fier indûment à ces énoncés, car un certain nombre de facteurs importants pourraient faire en sorte que les événements ou les résultats réels diffèrent sensiblement de ceux qui sont exprimés ou sous-entendus dans tout énoncé prospectif formulé. Ce rapport ne peut être reproduit, distribué ou publié sans le consentement écrit de LFC.

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