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Balbutiement du déconfinement et Corée du Sud



Balbutiement du déconfinement et Corée du Sud


Les déclarations et développements quotidiens sur le déconfinement et les nouvelles annonces d’essais cliniques d’un vaccin (l’Allemagne teste sur les 200 humains volontaires depuis hier et l’Angleterre débute des tests sur 510 volontaires aujourd’hui) continuent, mais avec une moindre vigueur, de porter les espérances des opérateurs d’un retour (très) rapide à la normalité.

Le coût économiquement exceptionnel du confinement pousse les gouvernements à un déconfinement rapide (également pour des questions de santé mentale), mais évidemment si celui-ci est trop rapide et désorganisé (davantage du fait de la population qui est tout simplement à bout), le risque de la fameuse seconde vague se concrétiserait. Le juste équilibre ne pouvant que très difficilement se déterminer à l’avance, c’est le temps qui permettra de dire qu’elle aura été la meilleure stratégie. C’est pour cette raison que les annonces peuvent paraître brouillonnes et/ou contradictoires au fur et à mesure de leurs mises en avant. Mais également pour ça qu’il semble bien prématuré de faire des projections économiques sur la capacité et la vitesse de recouvrement.

Les statistiques économiques sont évidemment dramatiques avec environ 4 milliards de personnes qui vivent confinées depuis des semaines, dans plus de 100 pays, mais elles sont tellement anticipées par le marché, que leur effet est quasi nul sur les marchés. 4.42 millions de nouvelles demandes d’allocation chômage sur la semaine aux Etats-Unis constituent donc une ‘bonne nouvelle’ car la dynamique est moins négative…Soit !

La publication des résultats se poursuit et sans surprise ceux-ci ne sont pas bons mais pas encore catastrophiques (seules les 3 à 4 dernières semaines du 1er trimestre sont véritablement impactées par l’arrêt brutal des économies). Les projections, quand elles ont lieu, même si elles ont une pertinence toute relative dans le contexte, ne sont pas sujettes à des réactions exacerbées du marché.

Avec un SP500 qui se paie 20 fois les bénéfices estimés de 2020 et près de 16 fois ceux de 2021, clairement l’optimisme des intervenants de marché tranche avec un environnement économique inédit tant dans l’ampleur de son ralentissement que dans les conséquences positives des mesures de sorties de crise.

Alors que la communauté scientifique est très circonspecte sur le virus, ses mutations, la présupposée immunité de groupe (qui au vu des 2 dernières études n’est en fait pas du tout avérée), l’optimisme du marché continue d’être justifié par les ressorts habituels de la liquidité.

Le risque financier semble être circonscrit par les actions des banques centrales (particulièrement la FED et la nationalisation de la dette).

Les mesures budgétaires et fiscales permettent également pour quelques mois de maintenir un niveau de revenu disponible des ménages largement plus important que ce qu’il devrait être si nous étions dans une ‘vraie’ récession / dépression.

Enfin l’outil de production est également soutenu par les mesures de maintien d’emploi et autres prêts d’urgences.

Dans la pratique si effectivement le choc d’offre semble relativement bien contenu et ‘gérable’ c’est surtout le choc de demande qui aura des répercutions sur les agrégats économiques futurs.

Pour tenter, peut-être, d’y voir un peu plus clair, prenons l’exemple de la Corée du Sud :

Les données économiques publiées hier en Corée sont éloquentes. Assumons qu’elles sont une bonne indication de ce à quoi pourrait ressembler les perspectives économiques de nos économies occidentales une fois le déconfinement réalisé.

Alors que l’activité a perduré, que les écoles sont restées ouvertes, et que le confinement et la distanciation sociale n’était pas la norme (PS le port du masque est une tradition en Asie. C’est surtout pour une question de respect, une notion à laquelle nous sommes pitoyablement peu habitués, pour son prochain lorsqu’on est contagieux), la contraction de l’économie au premier trimestre n’a été ‘que’ de - 1.4%.

Cela reste nettement ‘moins pire’ que la contraction de 3.3% constatée au 4ème trimestre 2008, le pire de l’histoire économique d’après-guerre.

Malgré la situation sanitaire exemplaire (240 décès pour 10 000 cas pour une population de plus de 51 millions d’habitants et surtout une densité à Séoul de près de 17 000/km2 !!) la consommation privée a baissé de 6.4%. Là encore c’est une comparaison favorable par rapport à la baisse de 13.8% constatée au 1er trimestre 1998 lors de la crise asiatique.

Les exportations se sont contractées de 2% alors que les investissements sont en légère hausse.

Le chef économiste de la banque centrale sud-coréenne relève que le rythme de contraction du marché intérieur ralentit, mais modère son optimisme eu égard à la situation de l’emploi qui continue de se dégrader.

Cela n’empêche pas la banque centrale de rester confiante sur un taux de croissance positif pour 2020.

Le président coréen Moon a annoncé un nouveau plan de relance de près de USD 70 milliards avec un accent particulier sur l’emploi. Il a ainsi déclaré : « Comme la capacité du secteur privé à créer des emplois est limitée, le gouvernement va créer 500 000 emplois. Des emplois dans le secteur public et des emplois pour les jeunes seront créés afin d'atténuer les difficultés de la population »

Les bonnes nouvelles relatives sud-coréennes sont à double interprétations. Le côté positif est que cela peut nous permettre de projeter nos économies une fois le déconfinement engagé, et force est de constater que la situation est plutôt encourageante.

Le côté négatif c’est qu’il y a un décalage gigantesque entre nos situations sanitaires et économiques. Nous en sommes à peine à des aplatissements de courbe et à des prévisions de déconfinement. Nos plans ne sont pour le moment que des plans de soutien et pas encore des plans de relance.

Sous certains aspects l’ampleur du travail qu’il reste à accomplir pour entrapercevoir le commencement d’une normalisation est colossal, voire décourageant, mais l’exemple de la Corée doit surtout être une source d’inspiration.

Il sera également intéressant de suivre l’évolution en Suède qui ressemble un peu au modèle coréen mais sans le succès sanitaire.

Déconfinement rapide ou lent, à terme, la situation dans tous les pays européens sera comme celle qui prévaut en Suède à l’heure actuelle, à savoir un fonctionnement presque normal (avec des regroupements de plus de 50 personnes interdit), où l’on misera sur le bon sens et la discipline.

Et si la fameuse immunité de groupe est une des solutions (en attendant le traitement ou le vaccin) alors la Suède aura eu un avantage indéniable, et le coût sanitaire assumé d’une certaine partie de la population permettra au pays de se redresser largement plus vite que les autres pays. Ces derniers auront en place des programmes de soutien (qu’il faudra financer au moins partiellement) mais dont ‘l’utilité s’avéra marginale en comparaison de l’action beaucoup plus mesuré de la Suède.

Confinement et immunité de groupe n’étant pas par définition compatibles, plus les pays auront eu un confinement extrême moins l’immunité de groupe (si elle est avérée) se sera développée et plus la crise économique aura été profonde. Les plans de soutien et de relance devront donc de nouveau être apportés, avec un autre effet de second tour, une 2ème vague de stress mais cette fois sur l’endettement.

Ce qui permettra alors d’aboutir à la phase ultime de la collaboration entre politique monétaire et budgétaire : Le défaut organisé de souches gouvernementales précédemment acquises en primaire par les banques centrales.



- Olivier Armangau


 

Les thèmes de la semaine



Marchés européens


Les marchés européens ont fini de manière dispersée à la fin de cette période fortement volatile. Alors que les nouvelles concernant les ré-ouvertures des économies en Europe et aux États-Unis ont poussé les marchés à la hausse la semaine dernière, mais les inquiétudes concernant le ralentissement économique ont relativement effacé ces progressions en ce début de semaine.

En outre, l’Eurostoxx 50 termine la période à +0.95% et la volatilité continue de se normaliser malgré ces variations puisqu’elle baisse de 2.23%.



Krach historique sur le pétrole

Alors que le prix du brut américain s’effondre depuis le début de l’année, passant de plus de 60 dollars le baril en début janvier à 18 dollars vendredi dernier, ce lundi il est non seulement descendu à un plus bas historique mais il est également passé en territoire négatif.

Le contrat à terme sur le WTI de mai est tombé sous les -40 dollars le baril au cours de la séance de lundi. À la clôture ce même jour, le contrat de mai s’était établi à -37.63 dollars contre 20.43 dollars pour celui de juin, cet écart entre les deux contrats est de loin le plus important jamais enregistré.

Il convient toutefois de noter que le contrat de mai en question expirait ce mardi, la vente représentant ainsi des préoccupations à très court terme. Le contrat de mai a finalement clôturé à 10.01 dollars lors de son dernier jour de négociation et le contrat de juin pour sa part a continué sa descente en chutant de plus de 40% pour finir à 11.57 dollars ce même jour.


Cette situation met en évidence l'importance des inquiétudes concernant le manque de stockage et signale de l'extrême déconnexion entre l'offre et la demande avec d’un côté, les réservoirs de stockage sont pleins à craquer dû en partie par une guerre des prix entre l’Arabie saoudite et la Russie qui a créé une surabondance de l’offre, et de l’autre, le ralentissement économique provoqué par le coronavirus pousse la demande au point mort.

La faiblesse des prix du brut menace la stabilité économique et les budgets de dépenses de la plupart des pays producteurs de pétrole. Le seuil de rentabilité budgétaire du pétrole, soit le prix nécessaire pour équilibrer le budget d'un pays, est d'une importance capitale pour ces pays. Les pays particulièrement vulnérables comme l’Algérie, le Nigéria, l'Angola, l'Irak, l'Iran, la Libye ou encore le Vénézuela, dépendent énormément des recettes pétrolières. Et si les cours ne venaient pas à remonter rapidement, certains de ces pays devront certainement prendre de nouvelles mesures drastiques d'austérité, ce qui pourrait causer de nouvelles turbulences politiques ou de nouvelles pénuries de produits de première nécessité.

Croissance chinoise

L'économie chinoise s'est contractée de 6.8 % au premier trimestre 2020, la première contraction depuis le début des relevés trimestriels en 1992, tandis que la province de Hubei a fait état d'une contraction économique de 39.2 % au cours du premier trimestre de cette année.


Le gouvernement chinois n’a pas encore actualisé son objectif en matière de croissance du PIB pour 2020 depuis l’année dernière, qui était fixé à 6%, mais la Fonds Monétaire International a estimé que la Chine connaîtrait une croissance de 1.2%, soit l’une des rares économies quoi pourrait croître en 2020. La prévision de croissance du FMI pour le pays représente tout de même un net ralentissement par rapport aux performances économiques de la Chine des années précédentes. La gravité des dommages causés par le coronavirus en Europe et aux États-Unis sera notamment un facteur déterminant puisque la reprise économique de la Chine dépend en grande partie de la rapidité avec laquelle la pandémie peut être contrôlée à l'étranger.

La BCE prend des mesures pour atténuer l'impact d'éventuelles dégradations de notation

La Banque Centrale Européenne a annoncé mercredi qu’elle acceptera des actifs dégradés en catégorie « spéculative » en garantie des crédits accordés aux banques. Toutefois, la BCE acceptera ce type d’obligations à condition seulement qu'elles aient au moins le plus faible grade de la catégorie « investissement » en date du 7 avril.

La crise du coronavirus menace de nombreuses entreprises de baisses de notations et de ne plus figurer dans la catégorie « investissement » des agences de notation, en particulier dans les pays les plus touchés comme l'Italie. Cette mesure permet en ainsi d’ignorer ces baisses de notation et intervient notamment deux jours avant une éventuelle réduction pour l'Italie par S&P Global Ratings.

Cette nouvelle mesure a pour but de soutenir le système financier européen en pleine crise afin de supporter la capacité des banques à prêter pour « continuer de mettre à disposition des ressources financières pour l'économie de la zone euro », indique la BCE dans son communiqué.

Cette mesure représente en quelque sorte un premier pas de la BCE vers l'achat d'obligations notées en catégorie spéculative dans le cadre de son programme de rachat d’actifs de 1.1 trillions d'euros, à l'image de son homologue américain, la Fed, qui a pris cette décision le jeudi 9 avril. Qui plus est, dans son communiqué la banque centrale se disait prête à « de nouvelles mesures, si nécessaire, pour continuer à assurer la bonne transmission de sa politique monétaire » au sein de la zone euro.

Emploi américain

Le ministère du travail américain a déclaré jeudi que 4.4 millions de personnes supplémentaires ont demandé des allocations de chômage pour la première fois la semaine dernière, contre 5.2 millions la semaine précédente (chiffre révisé).

Au cours des cinq dernières semaines, un nombre record de 26 millions d'américains ont demandé des allocations de chômage, ce qui confirme que les 22 millions d’emplois créés durant le boom de l'emploi le plus long de l’histoire des États-Unis, qui a commencé en septembre 2010, ont été anéantis en un peu plus d’un mois. À titre de comparaison, ce nombre cumulé de demandeur d’allocations représente environ 16 % de la population active.

Cette situation crée inévitablement de l’anxiété chez les travailleurs et augmente leur peur de perdre à leur tour leur emploi, d’autant que la situation sanitaire s’améliore difficilement. Ainsi, un quart des travailleurs américains estiment de « très probable » à « assez probable » qu'ils perdront leur emploi ou seront licenciés au cours des 12 prochains mois, selon un sondage Gallup publié mercredi et réalisé du 1er au 14 avril. Par ailleurs, ce nombre record de 25% intervient un an après avoir atteint 8%, ce qui correspondait au plus bas enregistré.



- Aymeric Graindorge



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Ce rapport est publié par La Financière Constance Inc. (LFC) le 22 avril 2020 et s'adresse principalement aux investisseurs institutionnels. Il est fourni à titre de source générale d'information et ne doit pas être considéré comme un conseil en placement, une prévision ou une recherche, et ne constitue pas une recommandation, une offre ou une sollicitation d'achat ou de vente de titres dans un territoire quelconque ou d'adoption d'une stratégie de placement. L'information contenue dans ce rapport provient de sources jugées fiables ; cependant, l'exactitude et/ou l'exhaustivité de l'information n'est pas garantie par LFC, et LFC n'assume aucune responsabilité ou obligation de quelque nature que ce soit. Toutes les opinions exprimées sont sujettes à changement sans préavis. Les stratégies et véhicules d'investissement de LFC peuvent actuellement détenir des positions longues et/ou courtes sur les titres et dérivés mentionnés dans ce rapport. Le rendement passé n'est pas indicatif du rendement futur. Le présent rapport peut contenir des "informations prospectives" qui ne sont pas de nature purement historique. Les énoncés prospectifs ne garantissent pas le rendement futur et comportent des risques et des incertitudes inhérents aux facteurs économiques généraux. Rien ne garantit que les énoncés prospectifs se réaliseront. Nous vous mettons en garde de ne pas vous fier indûment à ces énoncés, car un certain nombre de facteurs importants pourraient faire en sorte que les événements ou les résultats réels diffèrent sensiblement de ceux qui sont exprimés ou sous-entendus dans tout énoncé prospectif formulé. Ce rapport ne peut être reproduit, distribué ou publié sans le consentement écrit de LFC.

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