
Ambiguïté créative
Le marché aime se fixer des échéances et considérer qu’une fois passées, tout sera réglé.
Considérer que si accord commercial il y a entre Chine et Etats-Unis en marge du G20 ce weekend va régler d’un coup toutes les questions de transferts technologiques, de lutte d’influence, de déficit commercial, et plus largement mettre un terme à la rivalité idéologique et technologique (particulièrement dans le domaine crucial de l’intelligence artificielle, ou la Chine est d’ailleurs très largement en avance) c’est aller vraiment très vite en besogne.
Évidement qu’il y aura un accord entre les deux pays dans 2 jours ou dans 6 mois (en direct ou par l’entremise de l’OMC appelé en ‘médiateur’ afin de préserver les apparences vis-à-vis des opinions publiques respectives) mais ce dernier ne pourra pas régler l’inéluctable : La réduction du poids économique des Etats-Unis dans le monde et les conséquences qui en découlent d’un point de vue économique et géopolitique.
Mais pour le marché avoir une vision de long terme c’est devenu aussi désuet que porter un chapeau et se découvrir au passage d’une dame.
Quand, à l’issue de la rencontre entre les deux présidents, le président américain nous affublera d’adjectifs dithyrambiques pour la qualifier (comme à chacune de ses interventions), le marché prendra encore quelques pourcents de plus, pour amorcer le mois de juillet sur la même lancée que le mois de juin (le meilleur depuis 1955 et permettant d’afficher des nouveaux records historiques).
Bien sûr se posera alors la question de la baisse des taux.
Car pour les banques centrales la question commerciale et le prétexte principal (avec celui de l’inflation) pour amorcer un nouveau cycle de baisse des taux. Or maintenant que le marché table sur 3 à 4 baisses de taux aux États-Unis (!!) et une à deux en Europe d’ici 1 an, il pourrait être perturbant qu’en juillet, finalement Jerome Powell se ravise. Encore davantage avec des indices américains sur des niveaux historiques.
Pour rappel le président de la FED n’a jamais dit qu’il baisserait les taux en juillet, mais les interprétations de ses propos par le consensus ne laissent visiblement aucun doute. En tout cas jusqu’à hier où le même consensus à émis quelques réserves (le marché américain se retournant) suite à une énième intervention du président de la FED apportant un peu de retenue suite à l’euphorie de la semaine passée.
Évidement si le marché, juge que la rencontre n’est pas satisfaisante, la volatilité qui pourrait en suivre ne durera guère, car les banquiers centraux voleront à la rescousse.
D’ailleurs les niveaux de volatilité ne montrent pas du tout une situation de stress.
Cette navigation à vue de la FED, et le fait qu’elle cède désormais systématiquement aux sollicitations du marché (dès que la moindre incertitude pointe à l’horizon), n’a rien d’encourageant mais comme elle délivre exactement ce que veux le marché (un put perpétuel ET gratuit) celui-ci ne se questionne guère sur sa crédibilité et sur l’interprétation de son mandat.
Dans la même lignée, le président de la FED de St Louis, Jim Bullard, annonçait hier qu’il avait été contacté par la maison blanche pour pourvoir l’un des 2 postes de gouverneur vacant. Considéré comme très accommodant, ce serait un allié supplémentaire pour exercer la pression du président Trump sur une baisse des taux. Rappelons que Monsieur Bullard fut le seul à s’opposer au statu quo de la FED la semaine dernière. Il a même publié sur le site de ‘sa’ FED une lettre explicative, justifiant une baisse des taux à titre ‘d’assurance’. https://www.stlouisfed.org/on-the-economy/2019/june/bullard-explains-recent-fomc-dissent
Il met en avant une inflation faible, mais aussi des anticipations d’inflation faible. Ce qui est formidable c’est que maintenant que le marché à la ‘clé’ (Tant la BCE que le FED ont fait des anticipations d’inflations un élément important dans la conduite de leur politique monétaire) il a tout intérêt à pousser les anticipations d’inflation (via les swaps d’inflation) à la baisse pour que les banquiers centraux interviennent. Quelle part le ralentissement de la croissance comporte t’il dans la baisse des anticipations d’inflation? Et quelle part est ‘détournée’ pour faire pression sur les banques centrales?
De simplement poser les questions est dérangeant car cela sous-entend que le pilotage de la politique monétaire est sous influence du marché.
Dans un combat d’arrière-garde qui la caractérise de plus en plus, l’Europe a encore livré une belle démonstration de sa lourdeur administrative, de ces luttes pitoyables d’influences et de pouvoir, et de son gout suranné pour les gesticulations et autres effets de manches. La préoccupation du moment (à part le détournement d’attention pathétique que constitue la canicule) se sont bien sur les nominations des responsables aux postes clés. Président du Conseil, Président de la Commission, haut représentant pour les affaires étrangères et bien sûr, Président de la BCE.
Incapables de s’entendre sur les noms, les chefs d’États (particulièrement la chancelière allemande et le président français) défendent des visions européennes qui manifestement sont peu compatible avec la vision populaire du socle européen que constitue le fameux couple franco-allemand.
Cette Europe éclatée et donc affaiblie, Boris Johnson le favori face à Jeremy Hunt pour succéder à Theresa May (le résultat du vote des 160 000 membres du Parti Conservateur sera divulgué le 23 juillet) à bien l’intention de s’en jouer.
Non seulement il semble afficher une certaine confiance (suffisance pour certains) dans sa capacité d’obtenir des concessions européennes (menaçant en contrepartie d’une sortie sans accord), mais surtout il n’hésite pas à provoquer l’UE concernant la ‘facture’ que le Royaume Uni devra acquitter à sa sortie de l’UE, en la qualifiant d’‘’une ambiguïté créative‘’.
Les rebondissements, les inepties et autres extravagances ne sont pas près de se tarir d’ici au supposé Brexit du 31 octobre.
Bonne semaine,
Olivier Armangau
Les thèmes de la semaine
Marchés européens
Léger repli sur la période après une forte hausse la semaine passée. Cette baisse aura été alimentée par les tensions croissantes entre Washington et Téhéran, ainsi que par des propos un moins accommodant qu'attendu de la part du président de la Fed.

Baisse des taux de la Fed. C’est pour quand ?
Jerome Powell a, pour le moment, résisté à la pression de Donald Trump mercredi dernier en conservant les taux de la Fed à leur niveau. L'économie américaine continue de bien se porter considère la banque centrale, mais les incertitudes grandissantes entourant les conflits commerciaux et leur impact sur l'économie l'amène à envisager des baisses des taux d'intérêts lors des prochaines réunions.
Mercredi dernier, un seul des dix membres votant du FOMC s'est prononcé pour une baisse immédiate du taux directeur de la Fed. Cependant, huit sur les dix-sept experts qui ont participé aux discussions prévoient qu'une baisse de 50 points de base serait appropriée d'ici à la fin de l'année.
Par ailleurs, le président de la Fed, Jerome Powell s'est exprimé hier et s'est montré moins accommodant qu'attendu. Il n'a pas exclu la possibilité d'une baisse des taux dû aux facteurs externes, mais les commentaires sur la situation économique étaient plus optimistes qu'à la réunion de la Fed mercredi dernier. De plus, James Bullard, le seul membre votant qui était en faveur d'une baisse de taux mercredi dernier a déclaré qu'une baisse de taux de 50 points de base serait excessive à ce stade.
Malgré un comité tourné vers une/des baisses de taux la patience se fait encore ressentir et l'évolution des relations sino-américaines jouera un rôle déterminant dans ces futures décisions. Pour autant, le consensus mise toujours à 100% sur une baisse des taux dès la prochaine réunion en fin juillet, et même sur deux baisses de taux dès septembre…
19 juin 2019 :

26 juin 2019 :

https://www.cmegroup.com/trading/interest-rates/countdown-to-fomc.html
G20
Le G20 aura lieu ce week-end à Osaka (Japon), regroupant 19 états et l'Union Européenne. Le sommet s'articulera autour de huit thèmes principaux, mais les sujets qui devraient dominer le sommet seront les préoccupations concernant le commerce international, les conflits et le pétrole.
Toutefois, l'évènement phare de ce G20 pour les marchés sera la rencontre entre Donald Trump et Xi Jinping en marge du sommet. Lors de cette rencontre de nombreux sujets seront abordés tel que Huawei, la liste noire chinoise, le vol de propriété intellectuelle, la hausse des droits de douanes.
Pour rappel, lors du dernier somment en décembre à Buenos Aires, les deux dirigeants s'étaient rencontrés également et avaient abouti à une trêve commerciale de 90 jours – qui ultimement s'est conclu avec l'imposition des droits de douanes retardés
.
Les marchés sont ainsi animés par l'espoir que les deux dirigeants trouvent encore un terrain d'entente. Bien qu'un accord ne soit pas attendu à l'issue de cette rencontre, de nombreux espoirs reposent sur l’amélioration de la situation entre les deux pays et d'une reprise des négociations. Faute de quoi, la situation ne pourrait que s'empirer et pour conséquence immédiate Donald Trump mettrait ses menaces de nouveaux tarifs à exécution. (qui s'appliquent à la quasi-totalité des importations chinoises qui ne sont pas encore taxées).
La tension continue de monter entre Washington et Téhéran
La semaine dernière les deux nations ont évité de peu le conflit armé après que l'Iran ait abattu un drone américain. Donald Trump préparait des représailles militaires auxquelles il aurait renoncé au dernier moment.
Le président américain a tout de même décidé d'imposer de nouvelles sanctions contre l'Iran ce lundi. Ces sanctions ont pour principe de bloquer « des ressources financières essentielles » et pourraient durer « des années », a indiqué la Maison Blanche. Celles-ci ont été accusées par l'Iran d'avoir « fermé de façon permanente la voie de la diplomatie ». De plus, Donald Trump parlait encore d'attaquer l'Iran hier et qu'il menaçait de que quelconques attaques iraniennes contre des intérêts américains feraient l'objet de représailles « écrasantes ».
D'autre part, la situation risque de s'empirer avec l'ultimatum de l'Iran aux signataires de l'accord de Vienne (Allemagne, Chine, France, Grande-Bretagne et Russie) qui arrivera à son terme le 7 juillet. Ce dernier consistait à laisser 60 jours aux protagonistes pour qu'ils s'acquittent de leurs « promesses [...] visant à garantir les intérêts économiques de l'Iran » - concernant particulièrement l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne.
Cependant, Téhéran a indiqué qu'il n'y avait plus rien à attendre des européens et qu'elle mettra « résolument » ses menaces à exécution. L'Iran cessera ainsi d'appliquer les restrictions consenties « sur le degré d'enrichissement de l'uranium » et reprendra son projet de construction d'un réacteur à eau lourde. Ce qui risque de déplaire à la Maison Blanche…
Aymeric Graindorge
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Ce rapport est publié par La Financière Constance Inc. (LFC) le 26 juin 2019 et s'adresse principalement aux investisseurs institutionnels. Il est fourni à titre de source générale d'information et ne doit pas être considéré comme un conseil en placement, une prévision ou une recherche, et ne constitue pas une recommandation, une offre ou une sollicitation d'achat ou de vente de titres dans un territoire quelconque ou d'adoption d'une stratégie de placement. L'information contenue dans ce rapport provient de sources jugées fiables ; cependant, l'exactitude et/ou l'exhaustivité de l'information n'est pas garantie par LFC, et LFC n'assume aucune responsabilité ou obligation de quelque nature que ce soit. Toutes les opinions exprimées sont sujettes à changement sans préavis. Les stratégies et véhicules d'investissement de LFC peuvent actuellement détenir des positions longues et/ou courtes sur les titres et dérivés mentionnés dans ce rapport. Le rendement passé n'est pas indicatif du rendement futur. Le présent rapport peut contenir des "informations prospectives" qui ne sont pas de nature purement historique. Les énoncés prospectifs ne garantissent pas le rendement futur et comportent des risques et des incertitudes inhérents aux facteurs économiques généraux. Rien ne garantit que les énoncés prospectifs se réaliseront. Nous vous mettons en garde de ne pas vous fier indûment à ces énoncés, car un certain nombre de facteurs importants pourraient faire en sorte que les événements ou les résultats réels diffèrent sensiblement de ceux qui sont exprimés ou sous-entendus dans tout énoncé prospectif formulé. Ce rapport ne peut être reproduit, distribué ou publié sans le consentement écrit de LFC.